Irlande

Percée historique du Sinn Fein aux législatives en Irlande

  • Publié le 10 février 2020 à 13:20
  • Actualisé le 10 février 2020 à 13:51

Le Parti républicain Sinn Fein, longtemps considéré comme la branche politique de l'IRA, a réalisé une percée historique lors des élections législatives en Irlande, bousculant les deux partis centristes qui se partagent habituellement le pouvoir.

Ces élections sont un revers pour le parti du Premier ministre Leo Varadkar, le Fine Gael, qui arrive en troisième position. A l'issue du premier tour du décompte entamé dimanche, au lendemain des élections, le Sinn Fein a été placé en tête de liste par 24,5% des électeurs, devant les deux grands partis de centre-droit, le Fianna Fail avec 22,2% et le Fine Gael du Premier ministre sortant avec 20,9%.

"C'est officiel @sinnfeinireland a gagné l'élection", s'est félicitée sur Twitter Mary Lou McDonald, la cheffe de ce parti de gauche qui milite pour la réunification de la province britannique d'Irlande du Nord avec la République d'Irlande.

Reste désormais à voir comment l'arithmétique électorale répartira les 160 sièges de députés que compte le Dail, la chambre basse du Parlement irlandais.

En raison du complexe mode de scrutin, sa composition ne sera connue qu'après le décompte total, qui peut prendre plusieurs jours. Les électeurs ne votent pas pour une liste constituée, mais élaborent leur propre liste en classant les candidats par ordre de préférence.

Le Fianna Fail reste le parti le mieux placé pour emporter le plus de sièges à la chambre basse du Parlement irlandais car le Sinn Fein n'a présenté que 42 candidats, environ deux fois moins que les deux grands partis centristes.

Le grand perdant des trois est le Fine Gael du Premier ministre, qui devrait perdre plusieurs sièges. Jeune (41 ans), métis, homosexuel, incarnant une Irlande autrefois très catholique qui se modernise, Leo Varadkar a toutefois vu après presque trois ans au pouvoir sa popularité s'émousser.

Une semaine après la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, il a axé sa campagne sur le sujet du Brexit, l'Irlande et ses 4,9 millions d'habitants se trouvant en première ligne. Leo Varadkar a mis en avant son rôle dans la mise au point d'une solution évitant le retour à une frontière physique entre les deux Irlande. Mais sa stratégie n'a pas payé, les électeurs s'intéressant davantage au logement ou la santé.

- Quelles alliances ? -

Le Sinn Fein cherche désormais à faire des alliances dans l'espoir de pouvoir former un gouvernement de coalition. "Je veux que nous ayons un gouvernement pour le peuple", a déclaré dimanche la cheffe du Sinn Fein Mary Lou McDonald. "Idéalement", ce gouvernement ne compterait aucun des deux partis centristes, a ajouté Mme McDonald, qui a pris contact avec des petits partis comme les Verts ou les Sociaux démocrates.

La position des dirigeants des grands partis centristes de "ne pas parler avec nous" n'est "pas durable", a-t-elle aussi déclaré dimanche à la presse dans le principal centre de comptage de Dublin, en périphérie de la capitale. Le Fianna Fail comme le Fine Gael avaient jusqu'ici exclu de former une coalition avec le Sinn Fein, en raison de ses liens avec l'IRA, organisation paramilitaire opposée à la présence britannique en Irlande du Nord, dont le parti était la vitrine politique.

Leo Varadkar a réaffirmé sa position, mais le chef du Fianna Fail, Micheal Martin, a semblé assouplir la sienne. Tout en soulignant qu'il y avait une "incompatibilité" politique sur certains sujets avec le Sinn Fein, il a refusé devant la presse de répéter son opposition à une alliance.

Tous deux ont été réélus dimanche, mais pas au premier tour de décompte, contrairement à Mary Lou McDonald.
Pour elle, les Irlandais ont voté "pour le changement". "Ce qui est extraordinaire, c'est qu'il semble que l'establishment politique, et j'entends par là Fianna Fail et Fine Gael, sont dans un état de déni", a-t-elle déclaré.

Les négociations pour former un gouvernement de coalition pourraient prendre des semaines voire des mois. Après les dernières élections, en 2016, il avait fallu plus de deux mois pour qu'un gouvernement soit formé.
AFP

guest
0 Commentaires