Allemagne

En pleine crise, la droite d'Angela Merkel sanctionnée à Hambourg

  • Publié le 23 février 2020 à 21:59
  • Actualisé le 24 février 2020 à 13:48

En pleine crise, le parti conservateur d'Angela Merkel a subi dimanche un revers électoral à Hambourg, où les sociaux-démocrates conservent leur fief malgré la spectaculaire poussée des Verts.

La CDU, qui cherche à la fois un leader et une ligne cohérente depuis que la dauphine désignée de la chancelière a jeté l'éponge mi-février, rétrograde en troisième place au parlement régional, avec environ 11,5% des suffrages, contre 15,9% lors du dernier scrutin de 2015, selon les estimations communiquées par la chaîne publique ARD. "C'est une débâcle", a commenté ARD, évoquant "le deuxième plus mauvais score de l'histoire" des conservateurs allemands depuis un cinglant 9% essuyé en 1951 dans la cité-Etat de Brême.

Les sociaux-démocrates, bien qu'en nette perte de vitesse au plan national, conservent la tête avec 37% des voix, mais voient leurs alliés Verts bondir de 12,3% à plus de 25% des voix, reflet de la vague écologiste qui déferle sur la pays depuis les élections européennes de mai 2019, sur fond de préoccupation croissante pour le climat.

- L'AfD éjectée -

Vendredi encore, quelque 10.000 jeunes manifestaient à l'appel du mouvement Fridays for Future en présence de la Suédoise Greta Thunberg, l'initiatrice de cette mobilisation hebdomadaire de la jeunesse.

Autre enseignement de ce scrutin rassemblant 1,3 million d'électeurs: après s'être installée depuis 2014 dans les seize parlements régionaux du pays, le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) glisserait de justesse sous le seuil des 5% requis pour être représenté, d'après ARD. L'AfD, qui séduisait déjà peu dans cette cité portuaire et cosmopolite qui lui avait accordé 6,1% des suffrages en 2015, est vivement mise en cause depuis l'attentat raciste qui a fait neuf morts jeudi soir dans une double fusillade à Hanau (centre).

Enfin les libéraux du FDP pourraient eux aussi sortir de l'assemblée régionale, flirtant selon ARD avec la barre des 5%. Ce parti a été l'un des protagonistes de la récente polémique politique dans l'Etat de Thuringe, dans l'est du pays, où un libéral avait pris la présidence régionale à la faveur d'une alliance entre droite et extrême droite inédite depuis la Seconde guerre mondiale.

- Inventer l'après-Merkel -

L'imbroglio en Thuringe a été le déclencheur de la crise à la CDU, en poussant Annegret Kramp-Karrenbauer, dauphine désignée d'Angela Merkel, à annoncer le 10 février qu'elle abandonnait la présidence du parti.

Les conservateurs doivent dévoiler lundi en milieu de journée qui ils comptent porter à leur tête et comment, afin de préparer la succession d'Angela Merkel à l'horizon 2021, mais devront pour cela clarifier leur positionnement face aux extrêmes.

Jusqu'ici la CDU campe sur une ligne du "ni-ni", excluant toute alliance avec l'AfD comme avec le parti d'extrême gauche Die Linke, mais le morcellement du paysage politique allemand rend cette règle de plus en plus difficile à tenir.

Face aux remous qui agitent le mouvement, le choix crucial du futur candidat à la chancellerie devrait être reporté à la fin de l'année, selon les médias allemands. Dans l'intervalle, un président de parti devrait être désigné lors d'un congrès extraordinaire en mai ou juin. A moins que la CDU n'opte en faveur d'une présidence intérimaire collégiale rassemblant les différents courants.

AFP

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