Coronavirus

Deux nouveaux cas confirmés en France, le monde "pas prêt à faire face" à l'épidémie

  • Publié le 26 février 2020 à 05:53
  • Actualisé le 26 février 2020 à 06:45

Deux nouvelles contaminations au coronavirus ont été confirmées mardi en France, une jeune femme chinoise qui revenait de Chine et un Français qui avait séjourné en Lombardie (Italie), au moment où les questions s'intensifient sur la stratégie du gouvernement pour contenir l'épidémie. Le nouveau coronavirus a poursuivi mardi ses ravages à travers le monde qui, selon un expert de l'OMS, "n'est tout simplement pas prêt à y faire face". L'épidémie apparue en décembre dans le centre de la Chine a déjà atteint un pic dans ce pays, où elle a contaminé quelque 77.000 personnes dont 2.600 sont mortes, selon l'OMS.

"Nous avons ce soir deux nouveaux cas" en France, a annoncé lors d'une conférence de presse le directeur général de la Santé, le Pr Jérôme Salomon. Ils portent à 14 le nombre total de cas enregistrés en France depuis le début de la crise du nouveau coronavirus : ces deux nouveaux cas s'ajoutent en effet à 11 patients qui ont été déclarés guéris et ne sont plus hospitalisés, ainsi qu'à un Chinois âgé de 80 ans qui est décédé mi-février à Paris.

Le 13e cas est "une jeune femme chinoise revenue de Chine le 7 février, qui est hospitalisée à Paris" pour simple "surveillance" et qui "va très bien", a précisé le numéro deux du ministère de la Santé. Cette jeune femme a été testée négative au nouveau coronavirus mais était porteuse de "traces de guérison", a-t-il précisé.

Quant au 14e cas, il s'agit d'"un homme Français qui rentre d'un séjour en Lombardie et qui est actuellement hospitalisé en Auvergne-Rhône Alpes", une région frontalière de l'Italie, a ajouté le responsable.

Ces deux cas ont été annoncés sur fond de multiplication des contaminations dans plusieurs pays extérieurs à la Chine (Corée du Sud, Iran, Italie...), un contexte préoccupant qui nourrit les débats en France sur les mesures à adopter pour contenir le virus.

- Pas de fermeture des frontières -

"En France nous avons toujours la même stratégie, freiner l'introduction du virus et empêcher sa diffusion", a rappelé Jérôme Salomon. De son côté, le ministre de la Santé Olivier Véran, qui avait affirmé dans la matinée sur RTL que le coronavirus "est à nos portes", a confirmé à l'issue d'une réunion dans l'après-midi à Rome avec plusieurs de ses collègues européens que la France, tout comme les autres pays voisins de l'Italie, n'entendait pas fermer les frontières car ce serait une mesure disproportionnée.

De même, les autorités ont écarté jusqu'ici l'annulation du match de Ligue des Champions prévu mercredi à Lyon entre l'OL et la Juventus Turin. Notamment parce que la région des bianconeri, le Piémont, n'est pas touchée pour l'heure par le virus. "Le risque d'épidémie impose une coordination parfaite et une information transparente: c'est ce que nous faisons", a défendu de son côté le Premier ministre Édouard Philippe, interpellé par les oppositions sur les mesures mises en oeuvre par le gouvernement.

Le député LR des Alpes-Maritimes Eric Ciotti a critiqué "un retard à l'allumage de la part des autorités sanitaires", tandis que Marine Le Pen a de nouveau réclamé mardi des contrôles aux frontières. "Ce qui nous intéresse, c'est la sécurité des Français, ce ne sont pas les ragots de Mme Le Pen", a répliqué Olivier Véran, affirmant que "les polémiques sont vaines, j'ai même tendance à penser qu'elles ne sont pas dignes à l'heure où les professionnels de santé (...) sont extrêmement mobilisés pour éviter la contamination et éviter que des gens tombent malades".

La question s'est même invitée dans la bataille des municipales à Paris, en donnant lieu à une passe d'armes entre la maire sortante Anne Hidalgo (PS) et l'ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn, devenue sa rivale.

La nouvelle candidate de LREM dans la capitale avait dit lundi que son ancien ministère n'avait "pas eu de contact avec la mairie de Paris" pour anticiper une éventuelle épidémie, une affirmation vivement démentie par Anne Hidalgo, échanges de courriers à l'appui.

Le secrétaire d'État aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, a par ailleurs affirmé que les Français étaient "invités" à reporter dans la mesure du possible leurs voyages vers les régions d'Italie les plus touchées par le nouveau coronavirus, avant que son entourage ne précise qu'il faisait référence aux communes italiennes soumises à un confinement, et qui sont donc déjà sujettes à des restrictions de circulation.

- Le monde n'est "tout simplement pas prêt" -

Le coronavirus touche de plus en plus de pays, y compris en Europe: la maladie Covid-19 concerne désormais, Chine mise à part, plus d'une trentaine d'Etats où elle a fait plus de 40 morts et 2.500 contaminations. Le monde n'est "tout simplement pas prêt" à y faire face, a averti mardi Bruce Aylward, l'expert qui dirige la mission conjointe OMS/Chine, de retour de Pékin. "Vous devez être prêt à gérer cela à une plus grande échelle, et cela doit être fait rapidement", a-t-il ajouté, saluant en revanche le travail d'endiguement de la maladie réalisé par Pékin.

En Europe, l'Italie est le pays européen le plus touché par le nouveau coronavirus avec 7 morts et près de 300 personnes contaminées. Trois nouvelles régions italiennes, la Toscane (centre), la Sicile (sud) et la Ligurie (nord-ouest) ont recensé des contaminations, a annoncé mardi la Protection civile.
Tous les pays voisins de l'Italie "se sont engagés à garder ouvertes leurs frontières car les fermer serait une erreur et disproportionnée", lors d'une réunion ministérielle à Rome entre Italie, France, Suisse, Autriche, Croatie, à laquelle étaient également présentes l'Allemagne et l'Union européenne.

Ils ont aussi décidé d'"évaluer au cas par cas" l'éventuelle annulation d'événements majeurs, selon un communiqué commun.

- Hôtel en quarantaine -

L'Autriche a annoncé deux premiers cas de coronavirus dans la région du Tyrol, frontalière de l'Italie. Un hôtel de la ville touristique d'Innsbruck, capitale de cette région du coeur des Alpes, a été mis en quarantaine. Une réceptionniste italienne contaminée par le virus y travaillait. La Suisse a également annoncé un premier cas dans une région proche de l'Italie, tandis qu'en Croatie, un jeune homme revenu récemment d'Italie a été contaminé, premier cas connu dans les Balkans.

Aux Canaries, plusieurs centaines de touristes sont confinés dans un hôtel de l'île espagnole de Tenerife où a séjourné un Italien qui pourrait être porteur du coronavirus.

Le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, avait averti lundi que le monde restait menacé de "pandémie", à savoir une épidémie d'ampleur internationale. L'agence de l'ONU s'inquiète particulièrement des risques pour les pays pauvres, mal équipés pour dépister et combattre le nouveau virus.

La Chine, berceau du virus, est prête à offrir assistance et matériel médical aux pays africains face à l'épidémie de coronavirus, a déclaré le président Xi Jinping.

- Pompeo exige "la vérité"-

En Iran, la mission d'une une équipe d'experts de l'OMS a été retardée, mais reste prévue. Téhéran a annoncé mardi trois nouveaux décès, portant son bilan à 15 morts, le plus lourd en dehors de la Chine.

Dans un contexte de vives tensions entre Washington et Téhéran, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a exigé de l'Iran qu'il dise "la vérité" "Les Etats-Unis sont profondément préoccupés par les informations indiquant que le régime iranien aurait caché des détails vitaux sur l'épidémie dans ce pays", a-t-il dit.
Les Emirats arabes unis ont suspendu mardi tous les vols en provenance et à destination de l'Iran, une décision qui concerne au premier chef l'aéroport de Dubaï, le plus grand du monde pour les passagers étrangers.

Plusieurs pays de la région ont annoncé des cas de contamination chez des personnes de retour d'Iran.

En Corée du Sud, la situation est "très grave", s'est alarmé le président Moon Jae-in, alors que le nombre de contaminations a encore bondi pour atteindre près d'un millier de cas. Le pays, qui compte désormais 10 morts, est ainsi le premier foyer mondial de contamination après son voisin chinois.
Séoul avait initialement annoncé mardi une baisse du nombre quotidien de nouvelles contaminations, avant de relever ce chiffre de 60 à 144. La plupart du millier de cas confirmés sont liés à une secte d'inspiration chrétienne, dont une fidèle aurait contaminé des centaines d'autres croyants.

Washington, qui a appelé à "éviter tout voyage non essentiel" en Corée du Sud, envisage de "réduire" un exercice militaire prévu au printemps avec l'armée sud-coréenne. Quelque 37.000 soldats américains sont stationnés dans ce pays.

Non loin de là, le Japon a annoncé le décès d'un quatrième passager issu du paquebot Diamond Princess où près de 700 personnes ont été contaminées.

En Chine, où le nouveau coronavirus est apparu en décembre à Wuhan (centre), le bilan humain de mardi s'avérait moins dramatique. Le pays a enregistré 71 nouveaux décès en 24 heures, le chiffre le plus bas depuis près de trois semaines.

D'après l'OMS, l'épidémie a connu un "pic" puis un "plateau" entre le 23 janvier et le 2 février, soit juste après la mise en quarantaine de Wuhan (11 millions d'habitants). En dehors de cette région, toujours en quarantaine, la vie semblait reprendre un cours un peu plus normal, notamment à Pékin où la circulation automobile s'intensifiait légèrement.

Apple a rouvert plusieurs de ses magasins fermés depuis près d'un mois. Mais les universités ne rouvriront pas tant que l'épidémie n'aura pas été maîtrisée, a averti le ministère de l'Education.

Le coronavirus change la donne de la mondialisation, a estimé le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, soulignant "la nécessité impérative de relocaliser un certain nombre d'activités et d'être plus indépendant sur un certain nombre de chaînes de production".

Aux Etats-Unis, l'administration Trump prévoit de consacrer 2,5 milliards de dollars (2,3 milliards d'euros) à la lutte contre la maladie.


AFP

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