Le nombre de cas a doublé en Métropole, aucun cas à La Réunion

Coronavirus : "on a devant nous une crise, une épidémie qui arrive" affirme Macron

  • Publié le 28 février 2020 à 06:51
  • Actualisé le 28 février 2020 à 07:35

Le bilan du coronavirus s'accélère en France, avec un total de 38 cas confirmés annoncé jeudi soir contre 18 la veille. Ce chiffre pourrait "évoluer" dans les prochaines heures, avertit le ministère de la Santé, tandis qu'Emmanuel Macron invite à "affronter au mieux" l'"épidémie qui arrive". La crainte face au coronavirus "est légitime", mais "le gouvernement prend toutes les mesures pour empêcher sa propagation au plan national comme dans les Outre-mer", assuré pour sa part la ministre des Outre-mer, Annick Girardin. Le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, précise qu'aucun cas n'est à cette heure répertorié ni à La Réunion ni ailleurs en Outre-mer

Douze nouveaux cas liés entre eux dans l'Oise, un regroupement de quatre cas en Haute-Savoie... La France se rapproche d'une situation "à l'italienne" avec des chaînes de transmission du nouveau virus sur son territoire, même si "très peu de cas restent sans explication", ont insisté les autorités sanitaires.

"On a devant nous une crise, une épidémie qui arrive... On va devoir l'affronter au mieux, avec la vie qui continue. On sait que nous ne sommes qu'au début", avait averti jeudi matin Emmanuel Macron, en visite à l'hôpital parisien de La-Pitié-Salpêtrière, où un patient est décédé du coronavirus mercredi, avant de s'envoler pour un sommet franco-italien à Naples.

Il "va y avoir une situation un peu à l'italienne" avec "des chaînes de transmission autochtones", a expliqué à M. Macron lors de cette visite le professeur Eric Caumes, chef de service des Maladies Infectieuses et Tropicales. Le voisin transalpin est le pays le plus touché d'Europe par le virus apparu en décembre en Chine, avec 650 cas positifs et 17 décès recensés.

La France, qui n'avait connu aucun nouveau cas depuis le 15 février, en a enregistré cinq entre mardi et mercredi. Parmi eux, deux habitants de l'Oise sans antécédent de voyage dans une zone à risque, dont l'un est décédé, faisaient craindre l'apparition de chaînes de transmission inexpliquées, signe d'un nouveau stade dans la progression du coronavirus en France. Les investigations menées en urgence pour retracer leur parcours ont permis de mettre en évidence 12 nouveaux cas parmi leurs contacts professionnels ou familiaux, "qui semblent liés entre eux par une chaîne de contamination", a annoncé jeudi le ministre de la Santé Olivier Véran.

Par ailleurs, en Haute-Savoie, après la détection d'un Français de 64 ans de retour de Lombardie puis de sa femme, leur fille et un ami ont à leur tour été testés positifs et hospitalisés.

Deux personnes hospitalisées dans un état grave "faisaient partie d'un groupe de 20 personnes qui s'est rendu en Egypte dans le cadre d'un voyage organisé", a ajouté le ministre. Trois autres nouveaux cas ont été détectés grâce à la nouvelle consigne consistant à réaliser un test de dépistage sur les personnes hospitalisées avec des signes d'infection respiratoire grave non expliqués, même si elles n'ont pas voyagé dans une zone à risque ou eu de contact étroit avec un cas confirmé.

"Plusieurs investigations sont toujours en cours susceptibles de faire évoluer ce bilan d'ici demain soir", a prévenu Olivier Véran. A ce stade, "très peu de cas restent sans explication", a toutefois souligné le directeur général de la Santé Jérôme Salomon.

Aucun cas ni à La Réunion ni ailleurs en Outre-mer

Jérôme Salomon, le directeur général de la Santé, a confirmé lors du point-presse quotidien organisé jeudi soir qu'aucun cas n'est à cette heure confirmé dans les Outre-mer.

"La crainte est légitime, parce que ce coronavirus on en entend beaucoup parler, et quand on vit sur une île - c'est la grande partie des territoires d'Outre-mer en dehors de la Guyane - on sait bien ce que ça peut vouloir dire dans un milieu aussi fermé",  a ensuite déclaré à l'AFP Annick Girardin, ministre des OUtre-mer.

A La Réunion comme dans d'autres territoires un vent de panique souffle, avec des manifestations contre la venue de touristes et des rumeurs alarmistes sur les réseaux sociaux.  "Il n'y a pas" actuellement de cas d'infection au coronavirus en Outre-mer, a rappelé Annick Girardin. "On sait soigner ce type de maladie sur le sol français, dans les territoires d'Outre-mer comme dans l'hexagone", a-t-elle insisté. Elle a aussi appelé "à la vigilance et au calme" et invité la population à "aller sur le site internet du gouvernement pour avoir toutes les informations".

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La ministre a précisé qu'une "déclinaison" du numéro vert d'information déployé en métropole, "va se mettre en place dans les Outre-mer, pour qu'on n'ait pas de difficultés de décalage horaire".

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- "Calme" et "raison" -

"L'épidémie est probable" mais "il n'y a lieu ni d'avoir peur ni d'être négligent", soulignait en début d'après-midi Edouard Philippe après avoir reçu les chefs de partis représentés au Parlement, les présidents de groupes parlementaires et les présidents d'assemblées.

Olivier Véran réunira vendredi, avec la ministre du Travail Muriel Pénicaud, les organisations syndicales et patronales "pour faire le point" sur le coronavirus et les "mesures à prendre dans les entreprises".

L'opposition réunie par Edouard Philippe s'est montrée "solidaire" du gouvernement qui "fait le job", hormis Marine Le Pen qui a de nouveau pointé des "incohérences" dans la gestion de la crise et demandé que la France mette en place des "restrictions" aux frontières.

Alors que le coronavirus se propage désormais bien au-delà de la Chine et entraîne des mesures drastiques dans de nombreux pays comme au Japon qui fermé ses écoles, la Bourse de Paris a creusé ses pertes jeudi en début d'après-midi (-3,12%), anxieuse avant l'ouverture de Wall Street.

- Impact économique -

La SNCF a pour sa part renforcé son dispositif face à la propagation du coronavirus, fournissant des masques à ses personnels de bord sur les liaisons vers l'Italie du Nord ou en correspondance, et suspendant les voyages professionnels vers un certain nombre de pays et régions à risque.

Les craintes liées au coronavirus rejaillissent sur plusieurs secteurs, dont le tourisme: les réservations des vacanciers français pour plusieurs pays d'Asie, principalement le Vietnam, la Thaïlande et le Cambodge en plus de la Chine, se sont effondrées. Les touristes commencent à s'interroger sur l'Italie, selon les voyagistes.

A Beauvais, la maire, Caroline Cayeux, a souhaité qu'une brigade sanitaire soit mise en place pour les vols en provenance d'Italie à l'aéroport local.

Selon un décompte réalisé par l'AFP, l'impact de l'épidémie liée au coronavirus sur les grandes entreprises françaises avoisine déjà le milliard d'euros de pertes.

"Nous n'envisageons pas" un report des élections municipales des 15 et 22 mars, a assuré la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, interrogée sur Europe 1 sur une telle éventualité.

www.ipreunion.com avec l'AFP

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