Elections

Israël: pour triompher de Netanyahu inculpé, Gantz doit vaincre l'abstention

  • Publié le 1 mars 2020 à 19:52
  • Actualisé le 2 mars 2020 à 05:02

"Allez, tout le monde sur Facebook live" pour que tous puissent suivre le discours en direct, lance à la foule Benny Gantz. En Israël, l'opposition tente de vaincre l'abstention pour déloger le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui tient bon malgré son inculpation.

Pour la première fois de l'histoire de l'Etat hébreu, un chef de gouvernement mène une campagne électorale en dépit d'une inculpation, de surcroît pour corruption, malversation et abus de confiance, avec à la clé un procès qui doit s'ouvrir deux semaines après les élections de lundi.

Annoncée en novembre, l'inculpation de Benjamin Netanyahu devait mettre K.-O. le Premier ministre dont une partie de la presse locale pronostiquait la fin du règne, le plus long de l'histoire du pays.

Et pourtant, malgré ses ennuis judiciaires, celui qui est surnommé "Bibi" par ses partisans tient toujours debout au dernier round d'un duel avec Benny Gantz, chef de la formation centriste "Bleu-Blanc", avec qui il est arrivé au coude-à-coude aux élections d'avril et septembre 2019.

"Un tiers des électeurs qui se disent de droite ne sont vraiment pas à l'aise (avec cette inculpation) ou pensent qu'il est impossible pour une personne inculpée de rester Premier ministre", note Yohanan Plesner, président de l'Institut démocratique d'Israël, un centre d'analyse à Jérusalem. "Mais en même temps cela ne se traduit pas dans les intentions de vote, car l'affiliation (au Likoud de M. Netanyahu) reste forte", ajoute M. Plesner.

Les derniers sondages placent MM. Netanyahu et Gantz sur un pied d'égalité, ce qui est déjà une réussite pour le Premier ministre, selon Gideon Rahat, professeur de sciences politiques à l'Université hébraïque de Jérusalem, car M. Netanyahu "n'attire pas plus d'électeurs, mais il n'en perd pas non plus".

- "Survie politique" -

Chez plusieurs partisans de M. Gantz, ce n'est pas l'inculpation en tant que telle qui dérange, mais un possible "conflit d'intérêt" du Premier ministre qui se battrait pour sa survie politique au détriment de l'intérêt national.

"'Bibi' a été un Premier ministre formidable. Il y a plusieurs années, je votais pour lui. Mais aujourd'hui, il ne prend plus ses décisions uniquement pour le peuple israélien", estime Avi Regev, désormais militant de "Bleu-Blanc".

"Il est désespéré, il se bat pour sa survie politique. Par le passé il se battait ainsi, mais pour Israël", dit M. Regev, rencontré samedi à Tel-Aviv lors d'un dernier rassemblement des troupes de M. Gantz.

DJ, musique techno, effets pyrotechniques, lasers, spots de campagne diffusés sur grand écran où Benny Gantz apparaît aux côtés des présidents américain et français Donald Trump et Emmanuel Macron: les troupes de "Bleu-Blanc" souhaitaient galvaniser leurs partisans, afin qu'ils convainquent à leur tour des électeurs d'aller voter.

M. Gantz a demandé aux quelque 500 participants de tourner leur téléphone vers lui et de se mettre en mode "live" sur Facebook afin que leurs "amis" puissent suivre son discours en direct.

- Jérusalem vs. Tel-Aviv -

Si les appuis de MM. Netanyahu et Gantz restent stables, et le nombre d'indécis limité, la grande inconnue demeure le taux de participation, d'où l'importance pour les partis d'amener les électeurs jusqu'au bureau de vote.

Les partis ultra-orthodoxes alliés à M. Netanyahu ont montré leur capacité à se rendre en masse aux urnes, terminant notamment en première place en septembre dans la conservatrice Jérusalem.

Un défi de taille pour M. Gantz et ses alliés de gauche, dont les électeurs concentrés dans la libérale Tel-Aviv sont jugés plus imprévisibles. Défiant les pronostics, la participation avait progressé d'avril à septembre dernier (+1,5 point) pour s'établir à environ 70% dans le pays.

Cette fois, les partis devront convaincre les électeurs de se déplacer malgré des craintes liées au nouveau coronavirus dont sept cas ont été confirmés en Israël.

"Je crois que certaines personnes n'iront pas voter à cause de cela", estime Kal Oppenheimer, partisan de Benny Gantz qui dit craindre la propagation de "fausses nouvelles" par SMS ou sur internet décourageant les électeurs de se rendre aux urnes.

Mais l'abstention n'est pas une option pour la métropole Tel-Aviv, fief de Gantz, affirme dimanche l'influent commentateur politique Ben Caspit dans les pages du quotidien Maariv.

"C'est le moment de vérité, nous n'aurons pas d'autre occasion, c'est maintenant ou jamais: soit on vote, soit on perd le pays", écrit ce critique du Premier ministre.

AFP

guest
0 Commentaires