Polémique à Rome

L'exposition en hommage au génial Raphaël fait débat

  • Publié le 4 mars 2020 à 10:39
  • Actualisé le 4 mars 2020 à 12:58

Après l'année dédiée à Léonard de Vinci, c'est un autre génie de la Renaissance, Raphaël, mort il y a 500 ans, qui fait l'objet d'un hommage à travers une grande exposition à Rome, marquée par une polémique dont les Italiens ont le secret.

Au centre de cette querelle d'experts, un splendide portrait du pape Léon X conservé au musée des Offices de Florence, qui a prêté un quart des oeuvres exposées dans le cadre prestigieux des Ecuries du Palais du Quirinal, le siège de la présidence de la République. Le comité scientifique du musée florentin a estimé que ce "Portrait de Léon X avec deux cardinaux" peint entre 1518 et 1519, était trop fragile pour voyager. Et il a démissionné en bloc la semaine dernière pour protester contre la décision de la directrice des Offices, l'Allemande Eike Schmidt, de passer outre pour l'envoyer à Rome.

Dans une tribune publiée dans le quotidien La Repubblica, les quatre membres du comité rappellent que ce tableau, qui fit sensation au temps de Raphaël, fait partie de la liste des 24 oeuvres non transportables établie le 9 décembre par les Offices. L'exposition ouvre jeudi au public. Elle est le fruit de trois années de travail ayant permis de réunir une centaine d'oeuvres du "beau Raphaël", prodige célèbre dès sa jeunesse, qui mourut à seulement 37 ans, en 1520 à Rome.

Célèbre pour la perfection et la grâce de ses peintures, Raphaël forme avec Michel-Ange et Léonard de Vinci une sorte de trinité des grands artistes de la Renaissance. Outre les Offices, ont aussi prêté des tableaux le Louvre de Paris, les National Gallery de Londres et Washington ainsi que le musée de Prado de Madrid. Parmi les oeuvres les plus célèbres du peintre exposées à Rome figurent la "Vierge à la Rose" et les portraits du pape "Jules II" et de l'écrivain et diplomate "Baldassare Castiglione".

Rose rouge 

Entouré d'honneurs, Raphaël eut droit à sa mort à de grandioses funérailles au Vatican et fut enterré au Panthéon de Rome, où encore aujourd'hui on peut se recueillir sur sa tombe. Une rose rouge orne sa dernière demeure. Au-delà de Rome, Urbino, sa ville de naissance dans les Marches (centre-est), et Milan lui rendront aussi hommage à travers des expositions.

En dépit de sa mort prématurée, Raphaël a laissé une oeuvre importante, dont une grande partie se trouve au Vatican, avec par exemple les fameuses fresques des "Chambres de Raphaël", une suite de salles de réception dans la partie publique des appartements papaux. C'est là que se trouve la célèbre école d'Athènes, qui représente les grands philosophes grecs, parfois sous les traits de peintres contemporains de Raphaël : Michel-Ange prête ainsi son visage à Héraclite.

En janvier, le pape François avait d'ailleurs mis à profit un discours au corps diplomatique après du Saint-Siège pour saluer le peintre: "Nous devons à Raphaël un immense patrimoine d'une beauté inestimable". La grande exposition consacrée à Raphaël, emblème de l'esprit d'ouverture à l'avenir qui caractérisa la Renaissance, comme l'a décrit le pape argentin, durera jusqu'au 2 juin.

Le record de réservations est déjà battu : 70.000 visiteurs ont déjà acheté leur billet, en dépit des craintes liées à l'épidémie de coronavirus. L'Italie est le pays le plus touché d'Europe, même si l'essentiel des cas se concentrent dans le nord du pays.
("Raphaël 1483-1520" - Du 5 mars au 5 juin 2020 - www.scuderiequirinale.it)

AFP

guest
0 Commentaires