Municipales

Un premier tour emporté par la peur de l'épidémie

  • Publié le 16 mars 2020 à 11:23
  • Actualisé le 16 mars 2020 à 12:07

Au lendemain d'un premier tour des municipales ignoré par une majorité d'électeurs inquiets du coronavirus, la tenue ou pas du second tour est la question la plus brûlante posée lundi à l'exécutif, alors que les Français s'attendent au choc d'un confinement.

Parmi les quelque 47,7 millions d'électeurs appelés à élire leur maire dimanche, moins de la moitié aura effectivement glissé un bulletin dans l'urne, après que le gouvernement a décrété samedi soir la fermeture de tous les "lieux recevant du public non indispensables à la vie du pays". Un chiffre historique pour un scrutin généralement mobilisateur chez les Français.

Dimanche, les écologistes d'EELV ont effectué une belle percée. Ils peuvent nourrir des espoirs sérieux à Strasbourg, Bordeaux, Lyon, Besançon et Grenoble notamment. Le RN de Marine Le Pen a confirmé, par plusieurs victoires dès le premier tour, ses positions acquises en 2014 à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), Fréjus (Var), Hayange (Moselle) ou Beaucaire (Gard). Il s'est aussi placé en situation de conquérir Perpignan.
Le ballottage favorable au Havre du Premier ministre Edouard Philippe et la victoire à Tourcoing du ministre des Comptes publics Gérald Darmanin n'ont pas occulté le fait que l'implantation locale de LREM n'était pas en marche. Le PS a brillé à Paris grâce à la maire sortante Anne Hidalgo, autour de 30% et qui semble avoir écarté la double menace de Rachida Dati (LR) et d'Agnès Buzyn (LREM). Enfin LR, qui avait triomphé aux municipales de 2014 avant de s'effondrer à partir de 2017, s'est à peu près maintenu.

Dans les grandes villes, le LR Christian Estrosi a frôlé la réélection à Nice avec 47,6% des voix. A Marseille, la succession de Jean-Claude Gaudin était bien plus incertaine pour la candidate LR Martine Vassal, confrontée à une dissidence, et donnée au coude-à-coude avec la liste de gauche de Michèle Rubirola, devant Stéphane Ravier (RN). A Bordeaux, le match s'annonce extrêmement serré entre le maire sortant Nicolas Florian (LR), allié au MoDem, et son opposant Pierre Hurmic (EELV). A Lille, la sortante PS Martine Aubry frôle les 30%. Et à Toulouse, le sortant Jean-Luc Moudenc, soutenu par LR et LREM, est bien placé (35,3%).

- Voter ou pas dimanche prochain -

Ce tableau nuancé a été largement éclipsé par celui de la propagation inexorable en France de l'épidémie de coronavirus. Elle a fait dimanche 37 nouveaux morts, portant le bilan à 127 décès et plus de 5.400 cas confirmés. Tout indique que sa progression s'accélère.
De quoi conduire les responsables politiques eux-mêmes à s'interroger en priorité sur l'opportunité de tenir le second tour des municipales dimanche 22 mars.

Plusieurs d'entre eux, de Yannick Jadot (Europe Ecologie-Les Verts) à Marine Le Pen (Rassemblement national) en passant par Damien Abad (LR) et François Ruffin (LFI) l'ont ouvertement demandé.

En réponse, le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé qu'il réunirait "à nouveau en début de semaine" les experts scientifiques et "les représentants des forces politiques" afin de prendre une décision.

"Si le premier tour s'est selon lui parfaitement déroulé (...), le taux d'abstention élevé que nous enregistrons témoigne cependant de l'inquiétude grandissante de nos concitoyens face à l'épidémie qui nous frappe", a-t-il dit.

M. Philippe est soumis à une intense pression après avoir choisi de maintenir ce premier tour malgré le contexte sanitaire qui n'épargne pas la classe politique, à l'image du président des Républicains Christian Jacob, testé positif au coronavirus dimanche.

C'est finalement au président Emmanuel Macron que reviendra de décider du sort du second tour. Plus que le résultat des urnes, c'est sa décision de maintenir le premier tour, après avoir cédé jeudi à la pression notamment des ténors de la droite, qui est devenu ce week-end l'enjeu autant politique que sanitaire.

Au-delà de ce débat, Emmanuel Macron doit trancher sur l'éventualité d'un confinement obligatoire de toute la population pour une longue durée, comme l'ont déjà décidé l'Italie ou l'Espagne. Ce qui règlerait évidemment la question du second tour.

AFP

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