Covid-19

En France le système de santé "tiendra" mais le confinement probablement prolongé

  • Publié le 3 avril 2020 à 04:52
  • Actualisé le 3 avril 2020 à 06:47

Le système de santé va "tenir" face au coronavirus qui a tué plus de 4.500 personnes en France et menace de saturer les hôpitaux, a affirmé le Premier ministre Edouard Philippe, qui a averti que le confinement en vigueur depuis le 17 mars sera probablement prolongé au delà du 15 avril.

"L'essentiel est que le système tienne" et il "va tenir mais il faut rester concentrés, mobilisés et vigilants", a affirmé le Premier ministre jeudi soir lors d'une émission spéciale sur TF1 et LCI.

Depuis le 1er mars, Covid-19 a tué 4.503 personnes dans les hôpitaux, dont 471 entre mercredi et jeudi. Au moins 884 personnes âgées sont aussi décédées dans les maisons de retraite depuis le début de l'épidémie, selon un premier bilan officiel, quoique partiel, annoncé jeudi.

La collecte des chiffres dans les maisons de retraite est toujours en cours, a prévenu le directeur général de la santé Jérôme Salomon, en faisant état de "grandes inégalités dans le recueil entre régions", lors de l'annonce de ce premier bilan attendu depuis plusieurs jours.

L'Agence régionale de santé du Grand Est, une des régions les plus touchées, a par exemple indiqué avoir enregistré 570 décès en Ehpad (établissements d'hébergement pour les personnes âgées dépendantes).

Par ailleurs, près de 6.400 personnes nécessitent des soins lourds en réanimation, soit 382 de plus en un jour.

Face au danger de la saturation des hôpitaux, notamment dans le Grand Est et en Ile-de-France, les évacuations se poursuivent vers les hôpitaux de régions moins touchées.

Au total, selon la direction générale de la santé, 439 patients dans un état critique ont ainsi été évacués depuis le 18 mars et d'autres opérations vont suivre dans les jours qui viennent.

Pour faire face à la vague, Edouard Philipe a annoncé l'ouverture "d'un plateau ultra moderne" à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne) "courant avril", permettant d'accueillir "86 patients supplémentaires".

Autre secteur saturé, les pompes funèbres. La préfecture de police de Paris a annoncé qu'un bâtiment du marché de gros de Rungis allait être transformé en funérarium "de grande capacité" pour accueillir les cercueils de victimes.

- "Pas pour demain matin" -

Les autorités commencent aussi à réfléchir aux stratégies de sortie du confinement qui "n'est pas pour demain matin", a de nouveau averti Edouard Philippe.

Il a souligné que "la logique du confinement doit prévaloir, au moins jusqu'au 15 avril" et "probablement plus longtemps" si les conditions sanitaires l'exigent.
"Ce déconfinement ne pourra intervenir que de façon progressive", a-t-il répété, en précisant que "nous sommes en train de réfléchir à plusieurs scenarii" avec "des experts de la santé, des logisticiens" sous la houlette du délégué interministériel aux Jeux Olympiques, Jean Castex.

Cette stratégie va fortement dépendre de la disponibilité de tests, alors que le gouvernement est déjà critiqué sur sa gestion, notamment des masques. La compétition pour se procurer médicaments et équipements de protection est aussi mondiale que l'épidémie: la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse (ex-LR) a assuré avoir vu un chargement de masques lui échapper en Chine au profit d'Américains qui avaient "surenchéri" pour l'obtenir. "Il faut maintenant obtenir les livraisons, c'est un exercice qui n'est pas toujours facile", a affirmé M. Philippe, en évoquant "la demande considérable qui vient vers la Chine des États-Unis, de l'ensemble de l'Europe, du monde entier".

Le président Emmanuel Macron, de son côté, s'est entretenu avec les membres du Conseil scientifique sur le Covid-19, qui ont déjà estimé que le confinement pourrait durer jusqu'à six semaines au moins.

En complément du dispositif papier déjà en place pour justifier les sorties en temps de confinement, une attestation de déplacement numérique sera disponible à partir de lundi.

- Contrôles renforcés-

Les vacances de Pâques commencent vendredi pour la Zone C (Ile-de-France et Occitanie). Mais "il ne doit pas y avoir de départs en vacances dans les jours qui viennent. Tous ceux qui seront en contravention se verront sanctionner", a affirmé le chef du gouvernement.

Pour s'assurer que les Français concernés ne partent pas, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a renforcé les contrôles sur les grands axes routiers, mais aussi dans les aéroports et les gares où "l'offre ferroviaire est réduite à 6% de sa capacité". "Tout abus sera sanctionné", a prévenu le ministre.

Il a également demandé aux préfets concernés de vérifier le niveau des locations saisonnières dans les zones touristiques.

Le préfet de police de Paris a annoncé vouloir faire respecter le confinement "avec la plus grande fermeté" avec la mise en place de contrôles renforcés, dès vendredi.
Pour autant il faut "un temps de pause" recommande le ministre de l'éducation Jean-Michel Blanquer, pour qui il s?agit de "respecter le temps de repos que représentent les vacances". Au delà, "le bac 2020 ne se déroulera pas dans les conditions normales", a averti le Premier ministre qui semble privilégier "la piste du contrôle continu".

AFP

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