Pandémie

Coronavirus: bien trop tôt pour relâcher la garde malgré quelques lueurs d'espoir

  • Publié le 6 avril 2020 à 12:43
  • Actualisé le 6 avril 2020 à 12:51

Le rythme des décès et des hospitalisations en réanimation semble certes ralentir en France, mais il est bien trop tôt pour crier victoire face à l'épidémie responsable de plus de 8.000 morts dans le pays qui va entrer mardi dans sa quatrième semaine de confinement.

"Le #COVID19 ne prend pas de vacances". Le message du ministère de la Santé sur Twitter est clair en ce début de congés scolaires pour la zone C (Ile-de-France et Occitanie): il faut continuer à respecter le confinement malgré des chiffres qui peuvent sembler encourageants. Ainsi, les hôpitaux ont enregistré le nombre le plus faible de décès dans les hôpitaux (357) sur une seule journée depuis le 29 mars, portant le total à 8.078 y compris les morts en Ehpad et autres établissements médico-sociaux.

Près de 7.000 patients se trouvent encore en réanimation. Là aussi, les autorités ont constaté un mieux avec un ralentissement des admissions dans ces services.
Mais "il ne faut se faire d'illusions, il ne faut pas crier victoire", a insisté lundi sur BFMTV Philippe Juvin, chef des urgences à l'hôpital Georges Pompidou, également président de la fédération LR des Hauts-de-Seine.

"Nous étions dans une situation quasi hors de contrôle il y a quelques jours et aujourd?hui on est dans une situation qui ne semble pas être hors de contrôle mais qui est extrêmement tendue", a-t-il poursuivi, soulignant que son établissement continuait d'ouvrir des lits de réanimation. "La notion de pic vous pouvez d'emblée l'enlever de votre vocabulaire. Un pic ça monte vite et ça descend vite. Là, ça monte vite et ça descendra (...) lentement", a insisté de son côté sur France Inter le directeur général de l'AP-HP Martin Hirsch. "Le terme de plateau est probablement meilleur", a-t-il noté. Et "un plateau, en montagne, ça peut-être un plateau entre deux montagnes, et l'objectif, c'est qu'il n'y ait pas la deuxième montagne qui arrive ou qui arrive trop vite".

- Attestation numérique -

Alors malgré de "petits signaux de ralentissement" et "quels que soient le résultat dans quelques jours, il faut maintenir l'effort collectif de confinement, des gestes barrière", a plaidé sur BFMTV le patron de l'Inserm Gilles Bloch.

Malgré le week-end de beau temps qui laissait craindre plus de sorties des Français confinés, le ministre de l'Intérieur les a félicités lundi.
"Les Français font partie dans le monde entier, de ceux qui respectent le mieux le confinement", a assuré Christophe Castaner sur Franceinfo.

Plus de 160.000 policiers et gendarmes avaient été mobilisés. Et près de 1,4 million de contrôles ont été effectués sur les trois derniers jours. Au total, depuis le début, il y a eu "près 480.000 contraventions dressées, sur 8,2 millions de contrôles", a précisé le ministre.

La période de confinement, prolongée déjà une fois, est prévue pour s'achever le 15 avril. Mais une extension semble probable.
Depuis ce lundi, une attestation de déplacement numérique est disponible pour justifier les sorties autorisées, offrant une alternative à la version papier en vigueur depuis le début du confinement.

Si les Français ont globalement bien respecté les règles du confinement ce week-end, le temps radieux de dimanche a néanmoins poussé quelques audacieux à s'aventurer hors de leurs foyers.

"Le déconfinement n'est pas à l'ordre du jour", a martelé dimanche Laurent Nunez, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur. "Je rappelle la règle (...) on sort lorsque c'est strictement nécessaire".

- Submergés de malades -

"Je ne comprends même pas qu'on parle du déconfinement, ça continue d'arriver constamment", déplore Nathalie (prénom modifié), infirmière au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), racontant des services submergés de malades.

Une quarantaine de patients atteints du Covid-19 ont été transférés dimanche vers des régions "moins en tension", la Bretagne notamment, via des trains médicalisés.
Au total, selon la DGS, plus de 610 patients dans un état critique ont été évacués depuis le 18 mars, du Grand Est et d'Ile-de-France.

Une pétition baptisée "#NePerdonsPlusDeTemps", lancée par l'ex-ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy et demandant d'assouplir les possibilités de prescription de la chloroquine --traitement dont l'usage contre le coronavirus provoque de vifs débats-- a dépassé les 200.000 signatures.

Dans le Figaro, lundi, trois anciens responsables de l'Institut national du cancer, de la Haute autorité de santé et de l'Agence du médicament plaident aussi pour une "proposition de soins élargie" avec de la prescription, sous surveillance, de l'hydroxychloroquine y compris chez des malades "non inclus dans un essai clinique".
Dans le monde entier des scientifiques et des industriels s'activent pour tenter de trouver un remède contre la maladie qui a fait plus de 68.000 morts dans le monde (bilan dimanche soir effectué par l'AFP).

Un essai clinique doit notamment commencer mardi en France. Il s'agit de transfuser du plasma sanguin de personnes guéries du Covid-19 --contenant des anticorps contre le virus-- vers des malades en phase aiguë.
Beaucoup est également attendu de l'essai européen "Discovery" qui teste quatre traitements, dont l'hydroxycholoroquine. "On va le plus vite possible", a souligné lundi le patron de l'Inserm, estimant que dans un scénario idéal où un traitement serait "extrêmement efficace", on pourrait "le voir à l'horizon de quelques petites semaines".

AFP

guest
0 Commentaires