Israël

Compte à rebours pour former un gouvernement Netanyahu-Gantz

  • Publié le 15 avril 2020 à 13:07
  • Actualisé le 15 avril 2020 à 14:41

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son ex-rival Benny Gantz doivent reprendre mercredi les négociations pour former avant minuit un gouvernement d'union et mettre fin à la plus longue crise politique d'Israël en pleine pandémie de nouveau coronavirus.

Après 16 mois de gouvernement de transition, trois élections législatives et des rebondissements les plus improbables et parfois les plus désespérants pour certains Israéliens, MM. Netanyahu, 70 ans, et Gantz, 60 ans, se sont rencontrés mardi après avoir obtenu un délai supplémentaire du président Reuven Rivlin pour former une coalition gouvernementale.

Avec l'assentiment d'une majorité de parlementaires après les législatives du 2 mars, M. Rivlin avait mandaté Benny Gantz pour former le prochain gouvernement. Mais ce mandat courrait jusqu'à lundi soir et il a expiré sans résultat. MM. Gantz et Netanyahu ont alors déclaré tenter de former un gouvernement "d'union nationale et d'urgence" afin d'affronter la pandémie de nouveau coronavirus qui a officiellement contaminé dans le pays plus de 12.000 personnes, dont 126 sont décédées. Le président leur a octroyé in extremis une prolongation de 48 heures, jusqu'à mercredi minuit (21H00 GMT).

Mardi, les équipes de négociateurs du Likoud, le parti de droite de Benjamin Netanyahu et de "Bleu-Blanc", le parti centriste de M. Gantz, ont conclu une énième rencontre sans parvenir à un accord. Dans un communiqué conjoint, les deux partis ont déclaré qu'ils se rencontreraient à nouveau mercredi après la fin de Pessah, la Pâque juive, "dans le but de former un gouvernement d'urgence nationale".

Pessah se termine mercredi en début de soirée, ce qui ne laissera en théorie que quelques heures pour sceller un pacte. Si aucun accord n'intervient, le président devrait demander aux députés de lui recommander un élu.

- Points de désaccords -

Les dernières semaines ont montré des tensions entre les camps Netanyahu et Gantz sur le choix du futur ministre de la Justice, qui sera aux commandes pendant le procès de M. Netanyahu, poursuivi pour corruption, malversation et abus de confiance dans trois affaires. Son procès prévu en mai a été reporté en raison de la pandémie.

Premier ministre le plus pérenne de l'histoire d'Israël, Benjamin Netanyahu, qui clame son innocence et se dit victime d'une "chasse aux sorcières", est également le premier chef de gouvernement de l'histoire du pays à être mis en examen en cours de mandat. Des désaccords semblent aussi persister sur la nomination d'un ministre de la Défense -M. Gantz et son acolyte Gaby Ashkenazi étant d'ex-chefs d'état-major-, ainsi que sur le projet d'annexion de la Vallée du Jourdain en Cisjordanie occupée.

- Position de force -

Après avoir été initialement désigné pour former le gouvernement, Benny Gantz, qui il y a encore quelque temps refusait de participer à un gouvernement dirigé par M. Netanyahu en raison de son inculpation pour corruption, a mis de l'eau dans son vin en renonçant, à court terme du moins, à son projet de devenir Premier ministre en consentant à participer à un gouvernement dirigé par Benjamin Netanyahu.

"Netanyahu, nous sommes arrivés à l'heure de vérité. Les Israéliens attendent de nous que nous mettions de côté nos différences et que nous travaillions ensemble pour eux. L'Histoire ne nous pardonnera pas si nous n'y arrivons pas", a déclaré lundi soir M. Gantz, faisant voler en éclat l'union des partis centristes Kahol Lavan (Bleu-Blanc, les couleurs du drapeau israélien), dont des ténors sont restés abasourdis par sa décision de rendre, selon eux, les armes pour pactiser avec leur ennemi politique.

Mais pour nombre d'éditorialistes, une question s'impose: Benjamin Netanyahu veut-il vraiment partager le pouvoir avec Benny Gantz?
Le Premier ministre pourrait jouer l'attentisme afin de provoquer une quatrième élection et diriger entre temps le pays à sa guise, surfant de surcroît sur des sondages d'opinion très favorables qui plébiscitent sa gestion de la pandémie.

AFP

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