Football

La reprise de l'entraînement se précise, des interrogations persistent

  • Publié le 24 avril 2020 à 16:13
  • Actualisé le 24 avril 2020 à 16:18

Avec un déconfinement progressif à partir du 11 mai en France, la perspective d'un retour à l'entraînement pour les clubs de football professionnels se précise mais de nombreuses interrogations persistent: état physique des joueurs, modalités de la préparation ou risque de blessures...

- Comment redémarrer après deux mois d'arrêt ? -

Si un retour à l'entraînement est possible mi-mai, il interviendra après une période d'inactivité de deux mois, une durée inédite dans une carrière professionnelle pour la plupart des joueurs (hors blessure). Habituellement, ils ne disposent en effet que de cinq à six semaines maximum de congés à l'intersaison, voire moins pour les internationaux.

"Je pense que l'état général sera très hétérogène, notamment en fonction du professionnalisme de chacun. Certains clubs ont les moyens de +fliquer+ leurs joueurs avec un gros suivi et dans d'autres, les joueurs sont plus ou moins livrés à eux-mêmes. Il y aura forcément un manque de rythme flagrant dû au manque de contact, de jeu, donc ça va être compliqué au début", explique à l'AFP Xavier Frezza, préparateur physique qui travaille avec plusieurs joueurs de L1.

Toutefois, la plupart des clubs ont mis en place des programmes pour maintenir leurs joueurs en forme à distance, ce qui devrait leur permettre de se remettre plus rapidement au niveau.

"Comment va-t-on les retrouver ? C'est l'inconnue. Les joueurs sont dans l'activité mais il est difficile de travailler tout seul. La grosse difficulté est l'absence d'intensité. Au bout d'une semaine d'entraînement on arrivera à retrouver de l'intensité, ce que l'on ne peut pas faire après un mois de vacances", estime auprès de l'AFP Philippe Hinschberger, entraîneur de Grenoble (L2).

- Quelle durée et quelles modalités de préparation ? -

Les modalités de la préparation sont encore très floues hormis sa durée, qui devrait être de cinq semaines maximum si l'on s'en tient au scenario optimiste de la Ligue qui prévoit un retour à la compétition à partir de la mi-juin. "Nous préconisons quatre à six semaines d?entraînement avant la reprise de la compétition. C'est la durée que l'on retrouve dans les publications scientifiques", détaille à l'AFP Emmanuel Orhant, directeur médical de la Fédération française de football.

Cet avis n'est pourtant pas partagé par tous les acteurs du football. "Avec les autres coaches, on pense que trois semaines d'entraînement suffiront largement car les joueurs s'entraînent chez eux tous les jours. Ils sont prêts. Si la préparation est trop longue, on réduit la fenêtre de temps de la compétition", a affirmé l'entraîneur lyonnais Rudi Garcia sur le site internet du club. "Organiser au moins un match amical serait judicieux", ajoute Philippe Hinschberger.

Et jouer avec des masques ? "Je n'arrive pas à le concevoir", déclare Xavier Frezza, qui considère qu'il faudrait fréquemment tester les joueurs et les staffs techniques pour juguler des éventuelles contaminations.

L'autre problème est d'appliquer les mesures de distanciation sociale pour limiter les risques de contamination, ce qui s'avère compliqué dans un sport de contacts. "Dès que l'on organisera des jeux avec des duels, de la conservation de balle etc, il n'y a plus de distanciation sociale. C'est impossible", juge le technicien grenoblois.

- Comment éviter l'avalanche de blessures ? -

Si les joueurs ont sans doute hâte de reprendre la compétition, ils font face à des risques de blessures accrus, liés notamment à une préparation tronquée. "Cela fera deux mois d'arrêt le 11 mai et même si les sportifs ont eu une +prépa+ physique sérieuse, cela ne suffit pas à reprendre le sport sans risque traumatologique. Le risque de blessure sera énorme", a expliqué à l'AFP Régis Boxelé, médecin du sport à Paris.

Et le rythme attendu pour ce sprint final, avec des rencontres tous les trois ou quatre jours, inquiète. "Forcément, le risque de blessure sera très élevé. Ils vont reprendre et vite être dans le dur car la préparation sera courte et le rythme des matches sera d'entrée très élevé. Ceux qui auront le moins travaillé durant le confinement seront les plus exposés", estime Xavier Frezza.

"Je comprends que les joueurs soient inquiets. Certes, ce sont des privilégiés, mais ce n'est pas une raison pour mettre en danger leur santé", conclut le préparateur physique.

AFP

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