Le plan sera présenté mardi

Déconfinement: l'heure des choix pour le gouvernement

  • Publié le 26 avril 2020 à 13:41
  • Actualisé le 26 avril 2020 à 13:52

A deux jours de présenter son très attendu plan de déconfinement, le gouvernement a encore des choix cruciaux à finaliser pour sécuriser le redémarrage progressif du pays à partir du 11 mai, avec un défi de taille: l'organisation de la rentrée scolaire dans les écoles, qui suscite de nombreuses inquiétudes.

L'objectif est de "co-construire" ce plan avec élus, syndicats et patronat, a assuré Edouard Philippe dimanche sur Twitter. Après des consultations ce week-end, le Premier ministre a rendez-vous mardi à 15H00 avec les députés pour présenter "la stratégie nationale du plan de déconfinement", avant un débat et un vote.

"Nous présenterons ensuite cette stratégie (...) aux associations d'élus locaux et aux partenaires sociaux, pour que s'engage une période de co-construction du plan national et de ses déclinaisons territoriales", affirme le chef du gouvernement, chargé de mettre en musique le déconfinement annoncé à la mi-avril par Emmanuel Macron.

Sa déclaration à l'assemblée sera groupée avec celle, déjà prévue, sur la question du traçage et de l'application "Stop Covid". La mise au point d'ici le 11 mai de cette application, qui doit permettre de retrouver les contacts des personnes porteuses du coronavirus, constitue "un défi", souligne dimanche Cedric O, secrétaire d'Etat au Numérique, dans un entretien au Journal du Dimanche (JDD).

D'autant que la CNIL a demandé dimanche "certaines garanties supplémentaires" de protection de la vie privée et veut "pouvoir se prononcer à nouveau après la tenue du débat au Parlement".

C'est un véritable exercice d'équilibriste auquel le gouvernement doit se livrer: relancer l'économie sans relancer l'épidémie. Et ceci dans un contexte de doutes des Français qui ne sont que 39% à lui faire confiance pour faire face efficacement au coronavirus, soit sept points de moins en une semaine, selon un sondage Ifop pour le JDD.

Dans un entretien à cet hebdomadaire, le président du Sénat Gérard Larcher (LR) estime que "la pénurie, le manque de masques et de tests" ont été "gérés par l'approximation" et reproche à l'exécutif "des prises de paroles incessantes et contradictoires".

- "Porte-à-faux" -

Cela fait maintenant presque six semaines que le pays est confiné pour freiner la propagation du nouveau coronavirus qui, selon le dernier bilan samedi, a fait depuis le 1er mars 22.614 morts dans le pays. Dont 369 nouveaux décès en 24 heures.

La situation dans les hôpitaux poursuit son amélioration avec seulement 198 décès en 24 h (bilan quotidien le plus faible depuis plus d'un mois) et une baisse continue depuis 17 jours du nombre de patients en réanimation (4.725 personnes).

Mais avec la levée progressive du confinement à partir du 11 mai, les questions fusent: où rendre les masques obligatoires? Quels tests et pour qui? Réouverture des commerces partout ou par régions? Quid des entreprises? Et les vacances d'été?

Le conseil scientifique chargé d'éclairer le gouvernement a livré samedi soir ses recommandations pour une "levée progressive et contrôlée du confinement".
Divergence notable avec les choix gouvernementaux, il y préconise pour sa part que crèches et établissements scolaires restent fermés jusqu'en septembre, mais a pris "acte de la décision politique" de les rouvrir progressivement dès mai, en "prenant en compte les enjeux sanitaires mais aussi sociétaux et économiques".

"Ce n'est pas choquant" que le gouvernement et le conseil scientifique soient "en porte-à-faux" sur certains points, a jugé l'épidémiologiste Arnaud Fontanet, membre de cette instance dont les positions "sont strictement limitées au champ sanitaire".

Pour la rentrée scolaire, qui doit être progressive, le conseil présidé par le professeur Jean-François Delfraissy préconise notamment le port obligatoire d'un masque anti-projections dans les collèges et lycées, pour le personnel comme pour les élèves.

- Masques "grand public" en pharmacie -

Les experts suggèrent aussi le déjeuner en classe, la prise de température à la maison chaque matin avant l'école et des stratégies dans les établissements pour éviter les brassages d'élèves. Tout en écartant la faisabilité et l'intérêt d'un dépistage massif.

"Avec cette note du Conseil scientifique, nous avons la base pour l'élaboration du protocole sanitaire annoncé pour donner un cadre sûr au déconfinement scolaire", juge Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education nationale.

Au-delà des questions scolaires, le Conseil scientifique préconise d'autoriser les déplacements d'une région à l'autre par transports en commun si les mesures de précaution sont respectées.

Mais il déconseille "fortement" les déplacements internationaux pendant encore quelques mois, les voyageurs s'exposant à des risques de mise en quarantaine.

Samedi le ministre de la Santé Olivier Véran a réaffirmé l'objectif de pouvoir "réaliser au moins 500.000 à 700.000 tests par semaine" à partir du 11 mai, contre plus de 50.000 par jour actuellement.

Toutes les personnes présentant des symptômes devront pouvoir être testées, ainsi que celles ayant eu un contact rapproché avec des cas confirmés. En revanche, tester tous les Français serait "impossible" et "n'a pas de sens au niveau médical", a-t-il répété, opposant une fin de non-recevoir aux entreprises souhaitant tester leurs salariés.

Concernant les masques "grand public", qui seront distribués à partir du 4 mai, un arrêté paru dimanche autorise désormais leur vente dans les pharmacies, s'ils sont aux normes de l'Afnor.

En ces temps de confinement, des services d'archives ont par ailleurs lancé des collectes pour "conserver la mémoire" de cette "drôle de période", "inédite" voire "historique".

 AFP

guest
0 Commentaires