Coronavirus

Philippe examine le plan de déconfinement avec préfets et élus locaux

  • Publié le 29 avril 2020 à 13:25
  • Actualisé le 29 avril 2020 à 13:37

Pour tenter de mettre en musique le déconfinement par région et par département, Edouard Philippe réunit mercredi préfets et élus locaux, pariant sur une reprise a minima de l'activité éducative, économique et sociale à compter du 11 mai.

"Nous allons devoir vivre avec le virus", a prévenu le Premier ministre en présentant mardi le plan de déconfinement du gouvernement à l'Assemblée nationale, qui l'a adopté par 368 voix pour et 100 contre. Sa mise en oeuvre va faire l'objet d'un "travail de concertation et d'adaptation aux réalités de terrain" mercredi et jeudi, a-t-il ajouté.

L'enjeu est de taille: relancer l'économie qui risque "l'écroulement" sans déclencher une deuxième flambée de l'épidémie. En 24 heures, le coronavirus a causé 367 nouveaux décès, portant le total à 23.660 morts depuis le 1er mars. Et "si les indicateurs ne sont pas au rendez-vous, nous ne déconfinerons pas le 11 mai" ou alors "plus strictement", a prévenu Edouard Philippe.

Mais pour l'instant, la décrue se poursuit dans les services de réanimation. Seulement 153 nouveaux cas graves y ont été admis, selon le bilan officiel de mardi.

"Il faut qu'un maximum de Français reprennent le travail", a plaidé le ministre de l'Economie Bruno Lemaire, rappelant que le gouvernement prévoit pour cette année une chute du PIB de 8%.

Le Premier ministre a malgré tout "demandé avec insistance" aux entreprises de maintenir le télétravail autant que possible et de veiller à équiper les salariés en masques dans le cas contraire.

Masques qui seront par ailleurs rendus obligatoires dans les transports et jugés désormais "préférables" dans de nombreux cas, après avoir été déconseillés au début de la crise.

Pour permettre un retour très progressif à la vie normale, à partir du 11 mai les attestations de déplacement seront supprimées, jusqu'à 100 km du domicile. Et les commerces pourront rouvrir.

Mais ni bar ni restaurant, ni cinéma, pas de festival ni de grande manifestation sportive au-delà de 5.000 personnes, et surtout pas de weekend à la plage. Pas de mariage non plus, de préférence.

- Départements en "vert" ou "rouge" -

La situation sanitaire sera de plus étudiée localement, département par département, différenciés en "vert" ou "rouge". Ainsi, 32 départements présentaient encore un excès de mortalité la semaine dernière dont deux, Seine-Saint-Denis et Val-d'Oise, affichaient un "niveau exceptionnel" de mortalité.

Cette différenciation entre les départements "rouges", où les hôpitaux ont été saturés, par exemple dans le Grand Est et en Ile-de-France, et les "verts" où le virus a peu circulé, doit être au coeur des discussions mercredi entre le Premier ministre et les associations d'élus.

"La feuille de route est mise à la concertation des élus locaux, des préfets, des partenaires sociaux" et "la différenciation sera le fait aussi de décisions locales", a expliqué mercredi sur Franceinfo le ministre de la Santé Olivier Véran.

Dans les zones rouges, "il y aura la possibilité d'aller fermer si nécessaire des écoles, d'aller fermer si nécessaire un certain nombre de commerces, de lieux extérieurs", a-t-il précisé.

"C'est bien la mise en oeuvre tactique sur le terrain qui commandera le succès de la manoeuvre", a commenté sur RTL Philippe Juvin, chef des urgences à l'hôpital Georges Pompidou, également président de la fédération LR des Hauts-de-Seine.

- Deuxième vague -

De manière générale, pour le premier train de mesures, les parents pourront, s'ils le souhaitent, renvoyer les plus petits en crèches (par groupes de dix maximum) et les enfants en maternelle et à l'école primaire dès le 11 mai.

Mais ce n'est qu'à partir du 18 mai, dans les départements peu infectés, que la réouverture des collèges sera envisagée, en commençant par les 6e et 5e. La suite ne pourra être considérée que fin mai notamment pour les lycées.

Un protocole sanitaire national précis sera présenté vendredi, a annoncé le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer, c'est-à-dire les "règles" pour définir la façon dont les classes rentreront "progressivement", et "aussi un cadre pédagogique pour savoir ce qui se passe pour chaque niveau, de la maternelle à la terminale".

La concertation est clé pour mettre en place la stratégie du déconfinement basée sur les tests massifs des personnes présentant des symptômes ainsi que leurs contacts, le traçage de tous ces contacts par des "brigades" dédiées et le placement en isolement des contaminés, à domicile ou dans des hôtels réquisitionnés.

Il faut que les divers territoires "s'organisent pour faire face au nombre de nouveaux malades qui apparaitraient, pour être capable de tester, tracer et isoler tous les malades et les cas contacts", a ainsi souligné Olivier Véran.

Dans tous les cas, alors qu'une très faible partie de la population a été contaminée, de nombreux experts craignent une deuxième vague de l'épidémie, dont il est difficile à ce stade de prévoir l'ampleur.

"Je prie pour avoir tort, qu'il se passe quelque chose qu'on ne comprenne pas et qu'on ait moins de cas, mais à l'heure où je vous parle, sans vaccin, sans médicament, sans effet de saisonnalité prouvé sur le virus, je ne vois pas ce qui pourrait nous permettre d'échapper à une nouvelle vague", a insisté le Dr Juvin, la prévoyant pour fin mai-début juin.

Et il pourrait y avoir en plus "la vague des gens qui n'ont pas le Covid mais qui ont vu leur état de santé se dégrader durant ces dernières semaines", sans consulter, a-t-il mis en garde.

AFP

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