Politique

Après 500 jours de crise, Israël reporte encore l'investiture du gouvernement

  • Publié le 14 mai 2020 à 20:23
  • Actualisé le 14 mai 2020 à 21:09

Après 500 jours de rebondissements et trois élections, la prestation du gouvernement d'union de Benjamin Netanyahu et de son ex-rival Benny Gantz a été repoussée à dimanche en Israël sur fond de tractations sur l'attribution des postes ministériels.

Les parlementaires devaient jouer jeudi le dernier épisode de "Crise politique israélienne" et entamer simultanément la nouvelle saison de "Gouvernement d'union". Mais quelques heures avant leur entrée en scène, les acteurs politiques ont reporté leur pièce à dimanche en raison de tractations en coulisses sur la distribution des portefeuilles dans le camp de la droite de Benjamin Netanyahu, le Premier ministre sortant.

"M. Netanyahu a demandé à M. Gantz de reporter la prestation de serment afin de lui permettre de terminer la répartition des portefeuilles au sein du Likoud. Gantz a accepté", ont indiqué les deux camps dans un communiqué.

Les deux chefs de parti, engagés pendant plus d'un an dans un bras de fer pour la direction d'Israël et chacun incapable de rallier une majorité après trois élections, ont enterré la hache de guerre au profit d'un "gouvernement d'union et d'urgence" qui devra remettre le pays sur le rails après la tempête "corona".

Leur accord prévoit le maintien de Benjamin Netanyahu, dont le procès pour corruption doit s'ouvrir le 24 mai, au poste de Premier ministre pendant les 18 premiers mois, puis de Benny Gantz pour une période équivalente, ainsi que le partage équitable des portefeuilles ministériels entre les deux camps.

- Menaces de députés -

Chaque camp est libre de redistribuer ces postes parmi ses alliés, ce que Benny Gantz a fait en conviant une partie de la gauche au gouvernement et Benjamin Netanyahu des formations ultra-orthodoxes. Mais jeudi soir, des postes n'étaient toujours pas attribués et des députés de droite ont menacé de ne pas voter la confiance au gouvernement s'ils n'en faisaient pas partie.

"Tout tourne autour de l'attribution des sièges. Ce gouvernement ne semble pas avoir d'idéologie", notait d'ailleurs le quotidien Yediot Aharonot, soulignant que les tractations avaient fait en sorte qu'il "n'y a eu aucun débat de fond" sur les orientations du gouvernement, le plus large de l'histoire d'Israël avec à terme 36 ministres.

L'accord Netanyahu/Gantz prévoit la présentation, à partir du 1er juillet, d'un plan pour mettre en musique le projet américain de résolution du conflit israélo-palestinien, mais des "lignes directrices" du futur gouvernement à ce propos sont floues.

Le plan du président Donald Trump prévoit l'annexion par Israël des plus de 130 colonies juives en Cisjordanie occupée et de la vallée du Jourdain, langue de terre s'étirant entre le lac de Tibériade et la mer Morte, et qui deviendrait la nouvelle frontière orientale d'Israël avec la Jordanie.

- Attaque palestinienne -

Le projet a été rejeté en bloc par les Palestiniens et différents acteurs internationaux ont mis en garde contre ce plan, qui pourrait pousser "la région vers plus de conflits" selon les termes de la diplomatie jordanienne.

Le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, a effectué une visite-éclair mercredi à Jérusalem pour discuter de ce dossier avec MM. Netanyahu, Gantz et le futur chef de la diplomatie israélienne Gabi Ashkenazi.

Si peu d'éléments ont filtré de ces discussions, les "lignes directrices" du gouvernement d'union ne mentionnent pas explicitement "l'annexion" mais font plutôt référence au besoin de "renforcer la sécurité nationale" et d'oeuvrer à la "paix".

Piqûre de rappel du conflit, un soldat israélien et un adolescent palestinien ont été tués mardi et mercredi en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël. Et jeudi un Palestinien a foncé avec sa voiture sur un groupe de soldats israéliens, blessant un, avant d'être abattu.

Le futur gouvernement dit vouloir travailler pour "renforcer l'économie" et "accroître la concurrence" dans un contexte de déconfinement avec la réouverture annoncée jeudi de nouvelles écoles.

Pays d'environ neuf millions d'habitants, Israël a dénombré officiellement plus de 16.500 cas de personnes contaminées au nouveau coronavirus, dont 264 décès. A cause de la pandémie, le chômage est passé de 3,4%, avant la crise, à environ 27%.

AFP

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