Coronavirus

Avant les vacances, Strasbourg s'essaie aux tests rapides

  • Publié le 17 juillet 2020 à 15:33
  • Actualisé le 17 juillet 2020 à 16:34

"J'ai hâte de savoir si ce que j'ai ressenti, c'était vraiment le Covid" : dans cette pharmacie de Strasbourg, Agnès attend avec impatience le résultat de son test sérologique que les pharmaciens peuvent pratiquer depuis quelques jours.

Masque sur le visage et gants en latex, Pierre Fritz applique la lancette sur le doigt de la patiente : une piqûre rapide, la goutte de sang apparaît, vite aspirée par une pipette, puis délicatement déposée par le pharmacien sur une plaquette équipée d'un réactif. Plus que quelques minutes à attendre, un quart d'heure tout au plus et Agnès Penot, une Strasbourgeoise de 55 ans, saura si elle a été, comme elle le soupçonne, contaminée en mars par le nouveau coronavirus.

"C'est un test immunologique qui permet de détecter la réaction du corps à l'infection virale (...) S'il y a présence d'anticorps, ça va apparaître sur la plaque, il y aura un petit trait horizontal" qui confirmera la contamination, explique M. Fritz, qui pratique ces tests depuis le début de la semaine.

- "Curiosité" -

Depuis le 11 juillet, jusqu'au 30 octobre, un arrêté autorise les pharmaciens à réaliser des tests rapides d'orientation diagnostique (TROD), examens qui n'étaient jusqu'alors réalisables que dans les laboratoire d'analyses médicales, en ville ou à l'hôpital.

Le ministère de la Santé a publié une liste des 51 tests de ce type autorisés. Ils peuvent détecter les anticorps produits par le système immunitaire pour lutter contre le coronavirus (IgG, pour immunoglobulines G; ou IgM, pour immunoglobulines M) et sont vendus à partir de 15 euros, avec des prix pouvant grimper jusqu'à 35 euros, selon les pharmacies. Pierre Fritz, lui, emploie les kits du laboratoire strasbourgeois Toda Pharma, spécialisé dans les tests de diagnostics rapides.

En début d'année, "on était parmi les premiers en Europe à avoir ce test", dont l'une des spécificités est de pouvoir détecter la présence des deux anticorps IgG et IgM, revendique le PDG de Toda Pharma, Yossi Berros.

Toda Pharma a d'abord commercialisé son test fin février auprès des cliniques et des laboratoires d'analyses, avant d'en modifier le conditionnement pour l'adapter aux pharmacies afin "qu'elles disposent de tests unitaires" faciles à utiliser, avec un résultat clairement interprétable par un professionnel, poursuit Florian Gotti, responsable marketing du laboratoire.

Baptisé "Toda Coronadiag+", le kit a été validé par le Centre national de référence (CNR) et le ministère de la Santé et propose également un certificat, rempli par le pharmacien, avec la date et le résultat du test que le patient peut conserver.

Pour l'heure, ces tests rapides ne sont pas remboursés. Les patients ne peuvent pas non plus les utiliser eux-mêmes, en raison des "risques de mauvaises utilisations des tests" ou de lecture des résultats erronées, explique Florian Gotti.

"Tant qu'il n'y aura pas de recul suffisant sur la maladie, les autotests ne seront pas autorisés", poursuit-il. M. Gotti confie toutefois que son laboratoire a, comme d'autres, d'ores et déjà anticipé un probable feu vert pour ces "autotests" sur lesquels il est "déjà en train de travailler". Pour Agnès Penot, les bandes sur la plaquette du test se sont finalement légèrement teintées, signe d'une probable contamination.

- "Tranquille!" -

"J'ai une ordonnance pour un test sanguin, j'irai aussi le faire" dans un laboratoire, explique la quinquagénaire qui dit avoir fait ce dépistage "par curiosité" : "j'étais venue pour autre chose, on me l'a proposé et j'ai accepté". "C'est pratique aussi de savoir" si on a été contaminée "avant de partir en vacances", estime-t-elle encore. "Le décret est passé (début juillet) parce que de nombreuses personnes souhaitent se tester avant de partir en vacances", confirme M. Berros.

Quant à Béatrice Schlaflang, 77 ans, elle est exprès venue pour se faire tester. Son mari, lui, l'attend dans la voiture. Après quelques minutes d'attente, c'est le soulagement pour cette septuagénaire qui souffre de diabète : son test est négatif.

"Vous pouvez dormir tranquille!", lui lance M. Fritz. "Je n'avais pratiquement pas de doute. Je suis très prudente, je fais très attention", lui répond calmement Mme Schlaflang, qui va pouvoir annoncer la bonne nouvelle à son mari.

AFP

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