Etats-Unis

Boycotts dans le sport, manifestations: la colère antiraciste ravivée

  • Publié le 27 août 2020 à 19:37
  • Actualisé le 27 août 2020 à 20:12

Les blessures infligées à l'Afro-américain Jacob Blake par un policier blanc ont rallumé les braises de la colère antiraciste aux Etats-Unis, avec une campagne de boycott du monde sportif, basketteurs de la NBA en tête, et de nouvelles manifestations nocturnes.

Un calme précaire régnait jeudi matin à Kenosha, dans le nord des Etats-Unis, où sont attendus des renforts fédéraux, policiers et soldats de la Garde nationale, après des violences qui ont fait deux morts et un blessé grave sur fond d'affrontements entre manifestants et groupes armés d'autodéfense.

Un jeune de 17 ans, Kyle Rittenhouse, qui avait publié sur les réseaux sociaux de nombreux messages de soutien aux policiers et affiché son admiration pour les armes à feu, a été arrêté et inculpé pour meurtre. Il est soupçonné d'avoir ouvert le feu sur des manifestants avec un fusil d'assaut.

Des centaines de personnes ont encore défié mercredi soir le couvre-feu imposé par les autorités, afin de rendre hommage à ces deux victimes, mais elles n'ont pas laissé déborder leur colère.

"Tout le monde s'attend à ce qu'on ait la rage, qu'on devienne fous, mais on va continuer à manifester dans le calme", a déclaré à l'AFP un musicien se présentant sous son nom de scène, Big Homie Trail.

La nuit a été plus chaotique à Oakland, en Californie, où un tribunal a été pris pour cible, ou à Minneapolis, dans le Minnesota, où une vingtaine de commerces ont été pillés et vandalisés alors que circulait une rumeur infondée de nouvelle bavure policière.

La grande métropole du nord est à vif depuis la mort, le 25 mai, de George Floyd, un Afro-américain asphyxié par un policier blanc. Son calvaire, filmé par un témoin, a suscité la plus grande mobilisation antiraciste des dernières décennies aux Etats-Unis.

- "ON EN A MARRE" -

Celle-ci s'était largement essoufflée ces dernières semaines, mais les plaies ont été rouvertes par l'affaire Jacob Blake. Ce père de famille de 29 ans a été touché de plusieurs balles dans le dos tirées à bout portant par un policier blanc. Selon son avocat, il restera paralysé.

L'agent, Rusten Sheskey, a été mis à pied, mais n'a pas été arrêté ni inculpé. La justice fédérale a toutefois annoncé mercredi l'ouverture d'une enquête en parallèle de celle menée par la justice locale.

Le drame a suscité une onde de choc et une mobilisation sans précédent du monde sportif, enclenchée par l'équipe de basket-ball des Milwaukee Bucks. Ses joueurs ont boycotté un match et contraint la NBA à reporter plusieurs autres rencontres mercredi et le mouvement s'est ensuite propagé à grande vitesse.

"NOUS EXIGEONS LE CHANGEMENT. ON EN A MARRE", a tweeté la superstar des Los Angeles Lakers, LeBron James. Selon plusieurs médias, les Lakers et les Los Angeles Clippers ont voté pour l'abandon de la saison NBA.

La joueuse de tennis japonaise Naomi Osaka a quant à elle refusé de disputer la demi-finale du tournoi de Cincinnati, dont les organisateurs ont reporté d'un jour tous les matches prévus jeudi. Des matches de football et de baseball ont également été reportés.

"En tant que femme noire, j'ai l'impression qu'il y a des questions beaucoup plus importantes qui nécessitent une attention immédiate, plutôt que de me regarder jouer au tennis", a justifié Naomi Osaka, 22 ans, dont la mère est japonaise et le père haïtien.

- "La loi et l'ordre" -

Sur un tout autre ton, le gouvernement de Donald Trump a préféré mettre l'accent sur les violences commises en marge des manifestations.

Au troisième jour de la convention républicaine, coup d'envoi officiel de la campagne de réélection du milliardaire new-yorkais, le vice-président Mike Pence a dressé le sombre tableau d'une élection où "la loi et l'ordre sont en jeu".

Donald Trump mise sur ce slogan pour décrocher un second mandat le 3 novembre. "Nous ne tolérerons pas les pillages, les incendies criminels, la violence et l'anarchie dans les rues américaines", avait-il lui-même tweeté mercredi, sans un mot pour Jacob Blake ou les victimes de Kyle Rittenhouse.

Il doit prononcer jeudi soir un discours depuis la Maison Blanche pour accepter la nomination de son parti comme candidat. Des contre-manifestations sont prévues à Washington, où sont également attendues vendredi des dizaines de milliers de personnes pour un rassemblement en faveur de l'égalité à l'occasion du 57e anniversaire du discours historique du leader du mouvement des droits civiques, Martin Luther King, "I have a dream".

AFP

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