Scandale

La députée LFI Obono en esclave dans Valeurs Actuelles: condamnation jusqu'à Macron

  • Publié le 30 août 2020 à 04:14
  • Actualisé le 30 août 2020 à 07:39

Représentation "abjecte et inacceptable", "apologie du racisme", "roman nauséabond": la "politique fiction" du magazine conservateur Valeurs Actuelles sur la députée LFI Danièle Obono, dépeinte en esclave, a suscité samedi une vague de condamnations, jusqu'au président de la République.

Dans ce récit de sept pages publié cette semaine, la députée de Paris, à la peau noire, "expérimente la responsabilité des Africains dans les horreurs de l'esclavage" au XVIIIe siècle, selon la présentation qu'en fait le magazine. Des dessins de Mme Obono, collier en fer au cou, accompagnent ce "roman de l'été".

Le chef de l'Etat Emmanuel Macron a appelé la députée samedi pour lui faire part de sa "condamnation claire de toute forme de racisme", a indiqué l'Elysée à l'AFP.

Dénonçant "une insulte à (ses) ancêtres, sa famille" et "à la République", Danièle Obono a dit samedi soir sur BFMTV "réfléchir" à porter plainte. Cette publication est selon elle "une souillure qui ne s'effacera pas", mais surtout "l'aboutissement d'un acharnement médiatique" contre elle.

La députée demande "des actes". "Ça fait trois ans qu'on alerte sur le fait qu'il y a un processus de racialisation, de racisme dans ce pays", a-t-elle ajouté. Dès vendredi, elle avait dénoncé sur Twitter une "merde raciste dans un torchon", accusant "l'extrême-droite, odieuse, bête et cruelle. Bref, égale à elle-même".

Le Premier ministre Jean Castex a déploré sur Twitter une "publication révoltante (qui) appelle une condamnation sans ambiguïté", assurant partager "l'indignation de la députée" et l'assurant "du soutien de l'ensemble du gouvernement". "La lutte contre le racisme transcendera, toujours, tous nos clivages", a ajouté le chef du gouvernement.

"Le racisme est un mal nocif. Il détruit. Il est un délit", a aussi rappelé la ministre déléguée à la Ville Nadia Hai sur le réseau social. "On est libre d?écrire un roman nauséabond, dans les limites fixées par la loi. On est libre aussi de le détester. Moi je le déteste et suis (aux) côtés" de la parlementaire, a écrit le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti.

- "harcèlement nauséabond" -

Réprouvant vivement un "cortège de haines, comme l?ont déjà expérimenté beaucoup de responsables politiques noirs ou d?origine maghrébine ces dernières années", l'association SOS Racisme a indiqué étudier "les suites judiciaires envisageables".

Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon s'était élevé contre un "harcèlement nauséabond" envers la députée. Mais, a répondu le magazine d'opinion sur Twitter, "il s'agit d?une fiction mettant en scène les horreurs de l'esclavage organisé par des Africains au XVIIIème siècle", "terrible vérité que les indigénistes ne veulent pas voir".

Sur BFMTV, Tugdual Denis, directeur adjoint de la rédaction de Valeurs actuelles, a fait amende honorable: "On comprend, avec la charge symbolique extrêmement violente de cette image, que Danielle Obono soit choquée. On s'excuse auprès d'elle à titre personnel", a-t-il dit, assurant que son journal n'était "pas raciste".

L'objectif était "de faire une fiction, certes complexe, certes tirée par les cheveux, peut-être mal venue, peut-être malaisante, mais jamais malveillante et jamais méchante", a-t-il affirmé.

Un responsable du Rassemblement national, Wallerand de Saint-Just, a condamné sur Twitter la publication, "d?un mauvais goût absolu": "le combat politique ne justifie pas ce type de représentation humiliante et blessante d?une élue de la République".

Le président de l'Assemblée Richard Ferrand (LREM) a critiqué une "ignoble représentation d?une parlementaire". "Tout mon soutien personnel et celui de l?Assemblée nationale face à ces abjections", a-t-il twitté, suivi par de nombreux députés de tous bords.

AFP

guest
2 Commentaires
Une équipe qui perd
Une équipe qui perd
3 ans

A côté de ça, il y a un multirécidiviste qui vient d'avouer un énième outrage (viol + meurtre) sur une toute jeune femme à Nantes. J'ai lu dans un média régional également, le cas d'un jeune homme défiguré à vie par un hachoir de boucher parce qu'il avait refusé de donner une cigarette. L'agresseur n'a écopé que de 3 ans de prison.Sans oublier le père de famille dont le crâne a été défoncé à coups de marteau (en bande organisée) devant son fils, parce qu'il protesté lorsqu'un ado a voulu passer devant lui dans la file pour plonger dans une piscine.Mais ça personne ne s'en émeut, dans la classe politique, on préfère faire tout un plat d'une histoire qui n'a pas oté la vie, pas même fait couler une goutte de sang.Combien de personnes lisent "Valeurs actuelles" ?

Josefina
Josefina
3 ans

Avec l'infâmie de Valeurs Actuelles on s'est encore enfoncé plus avant dans l'ignominie raciste ! Il y avait eu, sous le quinquennat Hollande, l'interpellation immonde à Christiane Taubira : "Une banane pour la guenon !" Danielle Obono, députée de la République connaîtra l'injure raciste personnalisée. Valeurs Actuelles la représente en esclave enchaînée, elle, femme noire, femme africaine, femme française et députée de la République Française. L'humiliation sera ciblée. Comment dire les larmes versées, la colère dans mon coeur ! La classe politique lui a, dans l'ensemble, apporté son soutien, soutien pour lequel elle a remercié ! Cela ne suffit pas. Certains disent que cette abjection ne tomberait pas sous le coup de la loi ! Ainsi, l'injure publique sur une personne, relèverait de la liberté d'expression ! Il faut que les auteurs de cette ignominie soient traduits en justice et sévèrement condamnés ! N'oublions pas qu'avant d'être envoyés dans les camps de la mort nazis, les Juifs furent l'objet de caricatures et d'écrits !On parle beaucoup d'ensauvagement, c'est avec CÉSAIRE que j'ai découvert ce mot : " [???] il y a une égression universelle qui s'opère, une gangrène qui s'installe, un foyer d'infection qui s'étend [???]au bout de cet orgueil racial encouragé, de cette jactance étalée, il y a le poison instillé dans les veines de l'Europe, et le progrès lent, mais sÃ"r, de l'ensauvagement du continent "Il y a 65 ans, en 1955, Aimé Césaire prononçait ces mots. Il convient de les entendre et de les méditer. Ne laissons pas cet ensauvagement de Valeurs Actuelles diffuser dans notre pays ! Ne prétendons pas qu'il est LÉGAL !