Etats-Unis

Trump s'invite à Kenosha, ville meurtrie

  • Publié le 1 septembre 2020 à 18:35
  • Actualisé le 1 septembre 2020 à 18:42

Dans un pays à vif et profondément divisé, Donald Trump se rend mardi à Kenosha, théâtre de plusieurs nuits d'émeutes après qu'un policier y a tiré à bout portant sur un Afro-américain, Jacob Blake, un acte qui a ravivé la vague de protestation historique contre le racisme aux Etats-Unis.

Craignant une nouvelle poussée de tensions, le gouverneur démocrate du Wisconsin, un Etat qui jouera un rôle clé lors de la présidentielle du 3 novembre, avait demandé au président républicain de ne pas venir. "L'heure n'est pas à la division", a écrit Tony Evers.

"Le président vient pour soutenir les Américains meurtris", a argumenté lundi soir la porte-parole de la Maison Blanche, Kayleigh McEnany. Il devrait "rencontrer les forces de l'ordre locales, des propriétaires de commerces et il constatera les dégâts", a-t-elle ajouté.

Mais, emblème des profondes divisions, Donald Trump n'a pas prévu de rencontrer la famille de Jacob Blake, cet Afro-américain de 29 ans grièvement blessé de sept balles tirées dans son dos, devant ses enfants, pendant une interpellation le 23 août.

Ayant fait du rétablissement de "la loi et l'ordre" un mot d'ordre central de sa campagne de réélection, le président américain a indiqué lundi qu'il s'était entretenu avec le pasteur de la famille, "un homme merveilleux", mais que la famille avait requis la présence d'un avocat. "Je ne pensais pas que c'était adéquat", a-t-il confié, sans fermer la porte à une rencontre. Hospitalisé, Jacob Blake a la moitié inférieure du corps paralysée.

Le candidat démocrate à la Maison Blanche Joe Biden s'est lui entretenu par téléphone avec sa famille la semaine dernière. Donald Trump "attise les braises" des débordements, a lancé lundi l'ancien vice-président de Barack Obama. "Il ne peut pas arrêter la violence car pendant des années il l'a fomentée".

A Kenosha, trois nuits d'émeutes avaient suivi les tirs contre Jacob Blake. Des voitures et des commerces ont été incendiés ou dégradés. La tension a culminé quand un jeune homme de 17 ans a tiré mardi au fusil semi-automatique, dans des circonstances floues, sur trois manifestants, faisant deux morts. Son arrestation mercredi a ramené un calme précaire dans la petite ville côtière du lac Michigan.

- "Ils craquent" -

Le maire démocrate de Kenosha, John Antaramian, a également estimé que le "timing n'était pas le bon" pour la venue de Donald Trump. "Kenosha a besoin de paix et de panser ses plaies". Le président républicain a rétorqué que sa présence pouvait aussi apporter de "l'enthousiasme".

"Nous devons redonner à nos policiers leur dignité, du respect", a-t-il également plaidé lundi lors d'une conférence de presse. "Parfois, il y a de mauvais policiers", "mais d'autres fois ils prennent seulement de mauvaises décisions", "ils craquent", a-t-il ajouté.

Sur la même ligne, il a refusé de condamner les actes du jeune homme de 17 ans, Kyle Rittenhouse, inculpé pour meurtre avec préméditation pour avoir abattu deux manifestants. "Vous avez vu la vidéo, il essayait de leur échapper, on dirait qu'il a trébuché et qu'ils l'ont attaqué de manière très violente", a-t-il assuré, reprenant la ligne de défense du jeune homme.

"J'imagine qu'il était dans de mauvais draps et il aurait probablement été tué", a encore dit Donald Trump, alors que les éléments de l'enquête n'ont pas été rendus publics.

Selon les médias américains, Kyle Rittenhouse est un partisan du président, amateur d'armes, et s'était joint mardi à des milices censées "protéger" Kenosha des émeutiers. Les Etats-Unis traversent un mouvement historique de colère contre le racisme et les violences policières depuis la mort de George Floyd, un Afro-américain asphyxié par un policier blanc le 25 mai à Minneapolis.

Des manifestations largement pacifiques ont depuis été organisées à travers le pays. Mais certaines ont dégénéré, les images des violences et du déboulonnement de statues confédérées tournant en boucle sur les chaînes américaines.

Le large soutien, inédit, au mouvement "Black Lives Matter" ("Les vies noires comptent") qui avait suivi sa mort est retombé dans de récents sondages. Dans ce contexte déjà tendu, un homme noir a été tué par la police, qui affirme qu'il était armé d'un pistolet, lundi à Los Angeles.

AFP

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