Offre de Veolia sur Suez

"Le compte n'y est pas" selon le président d'Engie

  • Publié le 4 septembre 2020 à 12:32
  • Actualisé le 4 septembre 2020 à 12:53

"Le compte n'y est pas" sur le prix proposé pour Suez, a jugé vendredi le président d'Engie Jean-Pierre Clamadieu, après avoir reçu une offre de Veolia à 2,9 milliards d'euros en vue de lui racheter la quasi totalité de sa participation dans son concurrent de l'eau et des déchets.

"Le projet par certains aspects est attrayant" mais M. Clamadieu, qui s'exprimait sur la chaîne BFM Business, a aussi appelé à "une offre inclusive dans laquelle les équipes de Suez se sentent parties prenantes".

Sur le prix, "le compte n'y est pas parce qu'il faut que nous fassions une valorisation de Suez. Notre vision est que la valeur de Suez est plus importante que la base de cette discussion", a-t-il estimé, jugeant aussi que les bénéfices des synergies attendues de cette éventuelle union profiteraient surtout à Veolia. Sur le fond du projet, le président d'Engie a aussi estimé qu'il devait être revu, soit par Veolia, soit via un projet alternatif apporté par la direction de Suez. 

"Il faut qu'une offre, quelle qu'elle soit, soit une offre inclusive dans laquelle les équipes de Suez se sentent parties prenantes, parce que sinon ça ne marche pas (...) il y a un énorme chemin à parcourir sur ce sujet et il faut le faire rapidement", a-t-il dit, alors que le proposition de Veolia court jusqu'à fin septembre. "Peut-on concrétiser une offre alternative? et si on travaille sur l'offre de Veolia, comment peut-on l'améliorer?", a-t-il détaillé.

Pour lui, "le projet, par certains aspects, est attrayant - créer un grand champion mondial. (Mais) sur le marché français de l'eau, non: il provoque un changement radical. On n'aurait plus qu'un seul acteur stratégique".

Veolia "propose de vendre (Suez Eau France) à un fonds d'investissement, ce qui aboutit généralement à un modèle un peu différent, et il faut en mesurer les impacts: un acteur stratégique est généralement plus tourné vers l'innovation, il a des moyens de recherche, un fonds d'investissement est quelqu'un d'attentif à ses retours d'investissement", a-t-il remarqué.

Il a "appelé à ce que le dialogue s'instaure entre les deux entreprises pour (...) voir comment ce projet peut évoluer". Il a en outre assuré avoir "découvert l'offre dimanche matin" à quelques heures de son annonce publique par Veolia.

"C'est vrai qu'elle a été présentée avec un niveau d'enthousiasme, peut-être d'agressivité, qui a pu surprendre les uns ou les autres. On aurait pu imaginer une approche un peu différente, dans laquelle on discute d'abord et ensuite on communique", a-t-il encore remarqué.

Veolia souhaite racheter son concurrent historique Suez, en commençant par la reprise de l'essentiel des parts (29,9%) détenues par Engie. Si le rachat à Engie se concrétisait, Veolia prévoit de lancer une OPA sur le reste des actions.

Pour se conformer à la législation anti-trust, le leader mondial du traitement de l'eau et des déchets a aussi prévu de vendre l'activité eau France de Suez au fonds Meridiam.

La direction de Suez a exprimé son opposition vigoureuse à l'ensemble du projet, tandis que jeudi, le Premier ministre Jean Castex a estimé que l'opération "fai(sait) sens" d'un point de vue industriel.

AFP

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