Des milliers de familles dorment sur le bitume

La Grèce assure qu'un nouveau camp migrants à Lesbos sera prêt "dans cinq jours"

  • Publié le 13 septembre 2020 à 13:51
  • Actualisé le 13 septembre 2020 à 14:14

Les autorités grecques ont assuré dimanche que le nouveau camp, destiné à accueillir des demandeurs d'asile à la rue après la destruction de Moria, le grand camp sordide à Lesbos, serait prêt "dans cinq jours", alors que des migrants ont à nouveau manifesté sur l'île.

"Dans cinq jours l'opération sera achevée. Tout le monde sera installé dans le nouveau camp", a indiqué le ministre grec des Migrations, Notis Mitarachi, en visite à Lesbos depuis deux jours pour coordonner les travaux.

Des milliers de familles dorment sur le bitume, sur les trottoirs ou dans les champs à Lesbos depuis plusieurs nuits, après les gigantesques incendies de mardi et mercredi ayant détruit le centre d'enregistrement et d'identification de Moria, sans faire de victimes.

Ce camp a été mis en place en 2015 pour limiter le nombre de migrants venant de la Turquie voisine à destination de l'Europe. Plus de 12.000 personnes y résidaient dont 4.000 enfants.

Ces dernières années, le manque d'hygiène et le surpeuplement du camp de Moria ont été critiqués par les ONG de défense des droits des réfugiés, qui appellent régulièrement les autorités grecques à transférer les demandeurs d'asile les plus vulnérables vers le continent. Des migrants ont à nouveau manifesté dans le calme dimanche en fin matinée, selon une journaliste de l'AFP. "Sauvez-nous, l'Europe", pourrait-on lire sur une banderole.

Depuis samedi, 300 personnes ont été installées dans un nouveau camp mis en place dans un ancien champ de tir appartenant à l'Etat, à trois kilomètres du port de Mytilène, chef-lieu de l'île. Dimanche, une vingtaine de demandeurs d'asile s'alignaient devant la clôture de ce camp, en attendant leur enregistrement par les autorités, selon une journaliste de l'AFP sur place.

Les autorités ont indiqué qu'elles imposeraient des restrictions aux sorties des migrants de ce camp, en raison de la pandémie de Covid-19. M. Mitarachi a estimé que "200 personnes" parmi les demandeurs d'asile pourraient être contaminées du nouveau coronavirus.

- La peur "d'une prison" -

Toutefois, des centaines demandeurs d'asile refusent d'être enregistrés et d'entrer dans le nouveau camp, disant leur ras-le-bol, après avoir attendu dans celui de Moria durant des mois, certains des années, d'être transférés dans des structures en Grèce continentale.

De nombreux migrants ont peur d'être de nouveau enfermés, après avoir été confinés à Moria à cause de l'épidémie de coronavirus et aucun ne veut revivre de telles conditions: manque d'hygiène, violence et bagarres quasi-quotidiennes entre différents groupes ethniques.

Une manifestation a déjà eu lieu samedi non loin du nouveau camp, des demandeurs d'asile brandissant des pancartes clamant "Liberté!" ou "Nous voulons quitter Moria". Des manifestants ont jeté des pierres sur les policiers qui ont répliqué par du gaz lacrymogène.

"A Moria on pouvait sortir, mais ici (ce nouveau camp, ndlr) sera comme une prison", déplore Zola, une Congolaise qui dort avec son bébé de cinq mois dans les bras au bord de la route depuis mardi.

Notis Mitarachi a tenu souligner que le camp ne serait fermé que "12 heures" et que les migrants pourront sortir le reste de la journée. Dimanche, les forces anti-émeutes dépêchées d'Athènes ces derniers jours, ont bloqué l'accès des journalistes au nouveau camp.

Les camps de migrants à travers la Grèce, dont celui de Moria, sont confinés depuis la mi-mars pour cause du Covid-19. Quelques centaines de cas ont été détectés jusqu'ici dans ces installations.

De nombreuses ONG et le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) ont jugé les mesures de confinement dans les camps "discriminatoires" et "excessives", que le gouvernement grec a déconfiné le pays début mai.

Une enquête est en cours pour déterminer la cause des incendies à Moria, mais le gouvernement a laissé entendre que les feux auraient été déclenchés volontairement par des demandeurs d'asile souhaitant quitter l'île.

AFP

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