Etats-Unis

Après un débat cacophonique, Trump et Biden retournent en campagne

  • Publié le 30 septembre 2020 à 16:25
  • Actualisé le 30 septembre 2020 à 17:11

Donald Trump et son adversaire démocrate pour la Maison Blanche Joe Biden retournent mercredi sur le terrain au lendemain d'un premier débat à l'image d'une campagne d'une rare âpreté, marqué par les interruptions du président américain, lui-même traité en retour de "clown" raciste et menteur.

"Film d'horreur", "pire débat de l'histoire", "fiasco", "shitshow" (bordel): les commentateurs n'avaient pas de mots assez durs pour décrire l'émission télévisée de 90 minutes de mardi soir à Cleveland, un débat sans vrai débat d'idées, au point que certains ont appelé à l'annulation des deux autres prévus en octobre.

"Le summum du divertissement", a tweeté le rappeur 50 Cent. "Impossible de vivre quatre ans de plus de cette catastrophe ambulante", a écrit le chanteur John Legend, qui soutient le démocrate.

"C'était le débat présidentiel le plus chaotique et agressif de notre histoire", dit à l'AFP Mitchell McKinney, professeur à l'université du Missouri et spécialiste de ces rendez-vous inaugurés en 1960. "L'image donnée par Donald Trump fut celle d'un président irascible. Joe Biden a évité de faire des gaffes ou de trébucher, ce qui aurait alimenté l'idée promue par Trump qu'il est trop vieux ou pas assez en forme pour être président."

Le président, revenu à Washington dans la nuit, sera en meeting mercredi soir dans le Minnesota, tandis que Joe Biden se rendra en train en Pennsylvanie, faisant plusieurs étapes dans cette région industrielle où il convoite le vote ouvrier.

A chaque débat télévisé, des sondages express sont réalisés par des médias américains pour savoir qui a "gagné". Selon une telle enquête de CBS, Joe Biden l'aurait légèrement emporté mais 69% des spectateurs se sont surtout dits "agacés". Il faut quoiqu'il en soit rappeler qu'en 2016, Hillary Clinton avait été déclarée largement gagnante de ses trois débats contre Donald Trump, ce qui relativise l'importance de ces duels...

La différence avec 2016 est que le candidat démocrate, contrairement à Mme Clinton, a pu s'appuyer sur les quatre ans du bilan du président sortant, et Joe Biden n'a pas manqué de rappeler les 200.000 morts de la pandémie de Covid-19: "Nous avons 4% de la population mondiale et 20% des morts"... "Il a paniqué."

L'ancien vice-président de Barack Obama l'a tour à tour qualifié de "pire président que l'Amérique ait jamais eu", de "clown" et de "caniche de Poutine". "Tout le monde sait que c'est un menteur", a-t-il asséné, avant de lui demander plusieurs fois de "la fermer".

- Suprémacistes -

"Il n'y a rien d'intelligent en vous", a de son côté martelé Donald Trump qui, en mauvaise posture dans les sondages, espérait un faux-pas de son rival qui n'a pas eu lieu.

Mâchoires serrées, le dirigeant, qui brigue le 3 novembre un second mandat de quatre ans, s'est efforcé de dépeindre le démocrate de 77 ans comme une marionnette de la "gauche radicale", que ce soit sur la santé, la sécurité ou le climat.

Si Joe Biden s'est engagé à accepter le résultat du scrutin, Donald Trump a lui esquivé, se bornant une fois de plus à affirmer sans preuves que le vote par correspondance, qui s'annonce important en raison du Covid-19, favoriserait des "fraudes" sans précédent et pourrait empêcher de connaître le vainqueur "avant des mois".

Le président sortant a peiné, tout au long du débat, à reprendre la main, tentant continuellement d'interrompre "Joe" jusqu'à se faire fermement rappeler à l'ordre par le modérateur, le journaliste de Fox News Chris Wallace -- qui se retrouvait mercredi attaqué par le camp trumpiste.

Le milliardaire républicain s'est aussi attiré de vives critiques du camp démocrate pour sa réponse trouble lorsque le journaliste lui a demandé s'il était prêt à condamner les suprémacistes blancs. "OK Proud Boys, reculez et tenez-vous prêts", a répondu Donald Trump.

Le groupe d'extrême-droite Proud Boys, fondé en 2016, est lié à plusieurs épisodes de violences contre des manifestants antiracistes du mouvement Black Lives Matter.

Les deux autres débats présidentiels sont prévus les 15 et 22 octobre. La semaine prochaine, leurs colistiers, le vice-président Mike Pence et la sénatrice démocrate Kamala Harris, débattront ensemble.

AFP

guest
0 Commentaires