Tennis

Roland-Garros: Giga Swiatek!

  • Publié le 10 octobre 2020 à 20:27
  • Actualisé le 11 octobre 2020 à 06:38

Iga Swiatek, qui partageait encore son temps entre tennis et lycée il y a quelques mois, est devenue, à 19 ans seulement, la première Polonaise, hommes et femmes confondus, à remporter un trophée en Grand Chelem à Roland-Garros samedi.

En finale, Swiatek a dominé 6-4, 6-1 Sofia Kenin, N.6 mondiale et lauréate de l'Open d'Australie début février, amoindrie par une cuisse gauche douloureuse dans la seconde manche. Soignée à 2 jeux à 1, l'Américaine n'a plus vraiment opposé de résistance ensuite.

Si bien que la native de Varsovie s'offre la coupe Suzanne-Lenglen sans avoir perdu le moindre set de la quinzaine parisienne, une première depuis Justine Hénin en 2007. Au total, elle n'a même laissé échapper que 28 jeux, soit quatre en moyenne par match.
L'adolescente agenouillée au milieu du court Central, la tête entre les mains à peine la balle de match jouée, peinait encore à y croire.

- Sur les traces de "Rafa" -

"C'est fou parce que tous les ans, je regardais Rafa (Nadal, son joueur préféré, ndlr) soulever le trophée, c'est incroyable de le faire moi-même", s'étonne-t-elle, après avoir abaissé un instant son masque le temps d'embrasser le trophée. "C'est beaucoup d'émotion. Je ne comprends pas ce qui se passe, je suis tellement heureuse, c'est fou, je suis bouleversée. Il y a deux ans, je gagnais un Grand Chelem en juniors (Wimbledon, ndlr), j'ai l'impression que tout a été tellement vite", se surprend-elle encore.
Car à 19 ans, Swiatek était encore une lycéenne presque comme les autres il y a quelques mois.

"Je la considérais alors comme semi-pro ou semi-amateur, parce qu'elle étudiait comme tout le monde, raconte son entraîneur Piotr Sierzputowski. Bien sûr elle était souvent à l'étranger, mais elle suivait les cours malgré tout, elle passait ses examens." "Le tennis passait au second plan, ce n'était pas la partie principale de sa vie. C'était difficile, poursuit-il. Imaginez: je devais programmer ses entraînements à sept heures du matin, parce qu'elle devait aller à l'école après. Et elle arrivait à l'entraînement fatiguée, et je lui demandais pourquoi, si elle avait bien dormi et elle me répondait, +non, j'ai travaillé une partie de la nuit+." A cette époque, Swiatek se faisait toutefois déjà remarquer sur les courts, à l'image de son huitième de finale atteint sur la terre battue parisienne au printemps 2019.

- Premier trophée -

Mais c'est tout au long de cette édition 2020 de Roland-Garros exceptionnellement automnale qu'elle a fait la démonstration éclatante qu'elle apprenait très vite aussi côté court. Jusque-là, la jeune Polonaise ne comptait aucun titre à son palmarès et n'avait connu qu'une finale, à Lugano (Suisse) en 2019. Et elle n'avait jamais dépassé les huitièmes de finale en Grand Chelem.

En quinze jours, tout a changé. Son principal fait d'arme ? Avoir éjecté sans ménagement (6-1, 6-2) Simona Halep, tête de série N.1 et favorite du tournoi, en huitièmes de finale.

Au classement, sa fabuleuse quinzaine parisienne - qui avait conduit un journal polonais à rebaptiser Roland-Garros "Poland-Garros" en Une - va se traduire lundi par un bond de près de quarante places, du 54e rang au 17e.

Va-t-elle se consacrer désormais à plein temps au tennis ? "Ca va être difficile de prendre la décision de continuer mes études maintenant parce que j'ai vraiment le sentiment que je peux accomplir de grandes choses", reconnaissait Swiatek au cours du tournoi. "Si je continuais à jouer des finales de Grand Chelem, ce serait impossible d'être régulière à ce niveau et d'étudier en même temps", posait-elle. Pour le moment, "je vais me concentrer sur le tennis autant que je peux. Et je verrai plus tard."

A 19 ans, elle a tout son temps.

AFP

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