Présidentielle américaine

Irlande : la ville des ancêtres de Joe Biden "à fond" pour le démocrate

  • Publié le 12 octobre 2020 à 18:58
  • Actualisé le 12 octobre 2020 à 19:49

A près de 5.000 kilomètres à l'est de la Maison Blanche, un portrait du candidat à la présidentielle américaine Joe Biden surplombe la maison de ses ancêtres à Ballina, sur la côte ouest de l'Irlande. Ici, parents éloignés et habitants sont fiers de voir l'un des leurs défier Donald Trump.

"De toute évidence, nous sommes à fond derrière Joe Biden", dit à l'AFP Laurita Blewitt, cousine éloignée du candidat démocrate. "Nous avons ce lien familial, cette amitié, cette relation avec lui", ajoute l'Irlandaise de 37 ans.

La généalogiste Megan Smolenyak retrace la lignée familiale de Joe Biden dans le comté de Louth, dans l'est du pays, ainsi qu'à Ballina, une ville de 10.000 habitants parsemée de façades aux couleurs vives et traversée par la rivière Moy.

En 1851, son arrière-arrière-arrière-grand-père Edward Blewitt partit pour New York avec la diaspora fuyant la pauvreté en Irlande. Malgré les années, la famille Biden et la ville de Ballina ont gardé des liens.

Joe Biden, 77 ans, s'y est rendu deux fois: d'abord en 2016, accueilli par des foules d'habitants venus voir le vice-président de Barack Obama, puis en 2017, lors d'une visite à un établissement de soins régional, deux ans après avoir perdu son fils Beau des suites d'un cancer. Ballina est en outre jumelée avec Scranton, en Pennsylvanie, où Biden est né en 1942.

- "Inscrite dans mon âme" -

Joe Biden a un jour écrit que lorsqu'il mourra, "le nord-est de la Pennsylvanie sera inscrit dans mon c?ur. Mais l'Irlande sera inscrite dans mon âme."
Il n'est pas le seul homme d'État américain aux racines irlandaises. John F. Kennedy, Richard Nixon, Barack Obama et bien d'autres ont revendiqué des liens avec "l'île d'émeraude".

Ronald Reagan et Barack Obama, qui a des liens familiaux éloignés avec Moneygall, dans le comté d'Offaly, se sont rendus sur la terre de leurs ancêtres, ne manquant pas de prendre une pinte dans le pub local.

Depuis le voyage d'Obama en 2011, une "plaza Barack Obama" a même été érigée - une station-service d'autoroute située à la sortie 23 de la route Dublin-Limerick. Le parcours de ces personnalités illustre le mythe du "rêve américain" - des familles fuyant la pauvreté pour recommencer une nouvelle vie pleine d'opportunités aux Etats-Unis.

- Liens solides -

Pour la petite nation irlandaise, cette diaspora américaine est un atout diplomatique non négligeable. Dix pour cent des Américains revendiquent des ancêtres irlandais, soit quelque 31 millions de personnes, un chiffre six fois plus élevé que les cinq millions d'habitants de l'Irlande.

Ces liens historiques ont conduit des hommes politiques américains à jouer les intermédiaires pour mettre fin aux trois décennies de "Troubles" qui ont ensanglanté la province britannique d'Irlande du Nord jusqu'à la signature de l'accord de paix du Vendredi saint en 1998.

Plus récemment, Joe Biden a prévenu que Londres ne pourrait conclure d'accord commercial post Brexit avec Washington si cet accord et le principe d'une absence de frontière physique entre l'Irlande et l'Irlande du Nord n'étaient pas respectés.

"Les liens entre l'Irlande et les États-Unis sont incroyablement solides", assure le conseiller local de Ballina, Mark Duffy, lui donnant un poids supplémentaire sur la scène internationale.

- Divisions -

La campagne électorale acharnée et les divisions entre les clans Trump et Biden se sont même exportées en Irlande. Joe Blewitt en a fait les frais. Ce plombier, cousin au troisième degré de Joe Biden, a décoré sa fourgonnette avec un clin d'oeil à la campagne présidentielle: "Joe Biden pour la Maison Blanche et Joe Blewitt pour votre maison".

Mais il a reçu des messages haineux dont un appel agressif. "Trump va être président" lui a dit une voix à l'accent américain. "Il y a énormément de haine", confie cet homme de 41 ans.

"Quand je visite les États-Unis, ce n'est plus l'endroit accueillant d'autrefois", se désole aussi Laurita - qui s'est rendue à Las Vegas pour faire campagne pour que Biden soit désigné candidat démocrate en février.

Elle croise les doigts pour l'issue du scrutin: "J'espère que nous pourrons faire la fête ici le 3 novembre".

AFP

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