Crise sanitaire

Sur le campus de Strasbourg, des "brigades sanitaires" contre le coronavirus

  • Publié le 16 octobre 2020 à 15:01
  • Actualisé le 16 octobre 2020 à 15:13

"Bonjour, il faut remettre votre masque": à l'image d'Esteban et Omid, ils sont quelque 70 étudiants à quadriller le campus de Strasbourg au sein des "brigades sanitaires". Objectif: rappeler les gestes barrières, en pleine reprise de l'épidémie de coronavirus.

Gilets verts fluo sur le dos, badge "Brigade Sanitaire" sur la poitrine, Esteban Rojas, 23 ans, et Omid Mazraeh, 34 ans, arpentent le vaste campus central de l'Esplanade. Au coeur de la capitale alsacienne, il est l'un des quatre sites de l'Université de Strasbourg (Unistra) à bénéficier de ces rondes de prévention.
Charge à ces "brigadiers", qui circulent à deux, trois ou quatre et ont tous reçu une formation, d'aller à la rencontre des étudiants pour les sensibiliser aux respects des gestes barrières et au port du masque, dans un climat épidémique de nouveau inquiétant.

Sur les 53.000 étudiants strasbourgeois, "il y a actuellement 430 cas positifs", la plupart "asymptomatiques", explique le Dr. Aude Rochoux, directrice du service de santé universitaire.

- "Brigadiers" -

Dans ce contexte, "l'objectif principal de notre boulot, c'est de rappeler que le virus existe encore", explique Omid, un Iranien de 34 ans en deuxième année de musicologie. Mais en cette fin de matinée grisâtre, le binôme croise peu de monde : "il fait moche, y'a personne dehors!", sourit Esteban, en 3e année d'administration publique.

Direction la cafétéria du Patio, le grand bâtiment dévolu aux sciences humaines. Un repli de choix pour les étudiants en cette mi-octobre déjà fraîche.
Ici, "il ne faut pas plus de six personnes par table et le masque doit être porté", sauf si l'on mange ou l'on boit, explique Esteban.

Au fond de la salle bien remplie, Pinar, 19 ans, a les yeux rivés sur son ordinateur portable. Absorbée par son travail, elle a laissé son masque sous son menton. Gentiment, Esteban et Omid s'approchent et lui demandent de le remettre en place. La jeune femme s?exécute. "Ça ne me dérange pas de le porter mais là, j'étais juste concentrée, je n'y ai pas pensé", explique cette étudiante en deuxième année de licence de langues étrangère appliquée (LEA).

Ces "brigades" de gilets verts avaient été créées initialement "pour sécuriser les événements" de la rentrée, explique Diane Dupront, cheffe du service de la vie universitaire, à l'origine de l'initiative. Elles ont ensuite été étendues aux autres sites universitaires strasbourgeois, avant d'être prorogées au moins jusqu'en novembre, poursuit-elle.

Les "brigadiers" ont le statut de vacataire, c'est un "job étudiant intéressant", confie Esteban, qui travaille "une dizaine d'heures" par semaine payées au tarif du Smic horaire. Les horaires sont facilement compatibles avec les études, apprécie encore ce franco-chilien sensible aux questions de santé : formé aux prélèvements PCR, il est aussi titulaire d'un brevet de secouriste.

Quelques bâtiments plus loin, dans le hall du département de biologie, Nicolas, 22 ans, assis par terre, fixe lui aussi l'écran de son ordinateur portable. Masque baissé, l'étudiant en biologie suit un cours en distanciel.

- "Agacement" -

Discrètement, Esteban et Omid lui demandent de "remettre (son) masque" sur son visage. Nicolas obtempère... avant de le baisser sitôt les "brigadiers" repartis.
"En cours, on nous a dit à quel point (le masque) est important", explique-t-il. "Je ne l'avais pas (sur le visage) parce que j'étais en train de parler et qu'il n'y avait personne autour de moi, sinon on le porte tout le temps".

A quelques rares exceptions, les brigades sanitaires reçoivent un bon accueil, même si "on voit souvent de l'agacement dans les yeux de ceux qu'on reprend", témoigne Laura Thévoz, "brigadière" de 24 ans et étudiante en 3e année de cinéma.

Reste que la situation demeure tendue à l'approche de la transhumance des vacances de Toussaint : l'Unistra, qui a distribué 130.000 masques gratuits à ses étudiants, a aussi organisé plusieurs campagnes de dépistage Covid et "va en proposer une autre mardi au Palais Universitaire", explique le Dr. Rochoux. "Les étudiants ont beaucoup souffert pendant le confinement" et "ils besoin de rentrer chez eux", reconnaît le médecin. Mais "s'ils sont positifs et symptomatiques, il ne faut pas qu'ils rentrent afin de ne pas contaminer leurs proches", souligne-t-elle.

AFP

guest
0 Commentaires