Matignon dément l'imposition d'un couvre-feu

Nouveau couac gouvernemental sur l'application du reconfinement

  • Publié le 3 novembre 2020 à 14:39
  • Actualisé le 3 novembre 2020 à 15:16

Après la polémique et les volte-face sur l'ouverture des commerces, le gouvernement a connu mardi un nouveau gros couac sur le reconfinement de la population française avec l'annonce, aussitôt démentie, de l'imposition d'un couvre-feu à Paris.

Depuis l'entrée en vigueur du nouveau confinement vendredi, il y eu 14.000 verbalisations sur 100.000 contrôles à travers le pays, a déclaré le porte-parole du gouvernement, invité de la matinale de BFMTV/RMC.

Et "au regard de ces situations, nous allons réinstaurer un couvre-feu sur Paris et peut-être l'Ile-de-France", a poursuivi Gabriel Attal, expliquant que le ministère de l'Intérieur en détaillerait les conditions "dans la journée".
Patatras, l'annonce est démentie quelques minutes plus tard par Matignon, qui assure qu'une telle mesure n'est "absolument pas décidée à ce stade". Si "le préfet de police a évoqué (...) au regard de certaines situations observées en soirée à Paris", la possibilité de "fixer une heure nocturne de fermeture des commerces autorisés à fonctionner", la décision "va être concertée avec la municipalité parisienne (et) sera prise dans les prochains jours".

Il faut dire que l'annonce était explosive. De nombreux maires se sont en effet plaints ces dernières semaines de restrictions face à l'épidémie de Covid imposées sans concertation par l'exécutif. Mais la maire de Paris, Anne Hidalgo, tout en montant en première ligne contre la fermeture de certains commerces, les librairies notamment, s'est refusée à rejoindre la fronde de dizaines d'élus locaux qui ont pris de façon unilatérale des arrêtés autorisant leur réouverture.

- "Différence notable" -

Par ailleurs, M. Attal et le ministre de la Santé Olivier Véran ont tous deux assuré mardi matin que les premières indications montraient plutôt un respect global du confinement, citant notamment une baisse de moitié de la fréquentation des transports en commun dans la capitale.
Par contre, le fait que 12 millions d'élèves aient repris lundi le chemin des établissements scolaires, qui restent ouverts contrairement au premier confinement, et que les gens soient encouragés à continuer à travailler (certes en télétravail si possible), constitue une "différence notable" avec le premier confinement du printemps a souligné M. Véran, induisant forcément plus d'activité.

"Nous sommes armés pour combattre ce virus, nous l'avons battu une première fois," a insisté le ministre de la Santé sur RTL, alors que le nombre de décès liés au Covid-19 a fortement progressé lundi, à 418 en 24 heures, et que 52.518 nouvelles contaminations ont été détectées, avec un taux de tests positifs à 20,6%.

Le nombre de malades du Covid-19 en réa ou en soins intensifs a aussi fortement augmenté, avec 430 nouvelles admissions en 24 heures, portant le total à 3.721 patients, pour 6.400 lits disponibles pour les malades touchés par la pandémie mais aussi par d'autres pathologies. Des chiffres qui entraînent une "tension très forte à l'hôpital", a souligné M. Véran. Et d'en appeler à la population: "Si nous respectons le confinement (...) nous arriverons à faire reculer le virus. Est-ce que ça prendra quelques semaines, est-ce que ça sera un peu plus court, un peu plus long? Nous aurons des données rapidement".

"Ce qui est très inquiétant, ce sont les prévisions pour la mi-novembre et l'annonce que cette deuxième vague va être encore plus violente," abonde sous couvert d'anonymat un médecin anesthésiste-réanimateur d'un hôpital de région parisienne. "Je ne vois pas où on va pouvoir mettre tous ces patients".

- Décret, décrets -

En attendant, le gouvernement espère éteindre une autre polémique, en publiant mardi, après plusieurs jours de valse-hésitation, un décret (qui précise lui-même un précédent décret) décrivant la liste des produits pouvant être vendus en grande surface. S'y ajoutent donc notamment les "produits de toilette, d'hygiène, d'entretien et de puériculture".
Face à la grogne, le Premier ministre Jean Castex avait annoncé dimanche qu'au nom de l'"équité" et de la sécurité sanitaire, le gouvernement avait décidé de fermer les rayons de produits "non essentiels" dans les grandes surfaces, plutôt que d'autoriser les petits commerces à rouvrir. Une décision qui n'a toutefois pas fait cesser les critiques, ni côté petit commerce, ni côté grande distribution.

Toujours au plan économique, alors que le reconfinement met en péril les espoirs de rebond, organisations patronales et syndicales doivent démarrer mardi une négociation pour encadrer davantage le télétravail, auquel les Français sont à nouveau contraints de recourir massivement.

Et la ministre du Travail, Élisabeth Borne, a indiqué sur Europe1 qu'elle allait "proposer aux partenaires sociaux de rouvrir une discussion" sur les congés payés des salariés mis au chômage partiel à cause de la crise sanitaire.
AFP

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