Il met fin au règne de Donald Trump

Salué par les dirigeants du monde entier, Biden promet de rassembler l'Amérique

  • Publié le 8 novembre 2020 à 15:40
  • Actualisé le 8 novembre 2020 à 16:09

Le président élu des Etats-Unis Joe Biden a promis de rassembler le peuple américain alors que de nombreux dirigeants à travers le monde ont salué dimanche sa victoire, tout en l'appelant à redresser la barre après quatre ans de bouleversements géopolitiques.

"Je m'engage à être un président qui rassemble et non pas qui divise", a lancé Joe Biden, 77 ans, devant une foule en liesse rassemblée en "drive-in" dans son fief de Wilmington au Delaware, appelant les Américains à ne plus traiter leurs "opposants comme des ennemis".

Après quatre jours de suspense tendu, l'ancien vice-président de Barack Obama a franchi le seuil "magique" de 270 grands électeurs et met fin à une séquence politique inédite qui a secoué l'Amérique et le monde.

Il est "temps de panser les plaies" du pays et d'en finir avec les "diabolisations", a-t-il dit, tendant la main aux électeurs de Donald Trump dont il a dit comprendre la "déception".

Même si le président républicain n'a pas concédé sa défaite, de nombreux dirigeants internationaux ont félicité Joe Biden, renforçant l'idée que personne - ni aux Etats-Unis, ni ailleurs - ne prenait véritablement au sérieux les recours en justice engagés par l'équipe Trump.

La chancelière allemande Angela Merkel, qui a entretenu des relations difficiles avec Donald Trump, a insisté sur la relation transatlantique "irremplaçable". L'Union européenne, malmenée par l'actuel locataire de la Maison Blanche, a formé le voeu d'un "partenariat solide" avec les Etats-Unis. "Covid-19, multilatéralisme, climat et commerce international sont des défis à affronter ensemble", a tweeté M. Michel.

- "Pas la dernière" -

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui souhaitait une victoire de Donald Trump pour sa politique très favorable envers l'Etat hébreu, a aussi félicité en Joe Biden un "grand ami d'Israël", espérant "approfondir encore davantage l'alliance spéciale" entre les deux pays.

Le président afghan Ashraf Ghani a souhaité un renforcement des liens entre Kaboul et Washington dans la lutte contre le terrorisme et le processus de paix, alors que Donald Trump a signé un accord avec les talibans qui entérine le départ des troupes américaines, jugé par certains trop rapide.

Bête noire de Donald Trump, l'Iran a appelé M. Biden a saisir "une occasion de (...) revenir sur la voie de l'adhésion aux engagements internationaux". M. Trump était sorti de l'accord international sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015 et imposé des sanctions économiques contre l'Iran.

Dans l'immédiat, le principal défi de Joe Biden est la pandémie de coronavirus qui a causé 237.000 morts aux Etats-Unis. Sa première annonce a concerné la mise en place dès lundi d'une cellule de crise sur le Covid-19.

Sa colistière Kamala Harris entrera elle dans l'Histoire en devenant la première femme à accéder à la vice-présidence. Toute vêtue de blanc, en hommage aux suffragettes, elle a affirmé samedi qu'elle ne serait "pas la dernière".

- "Soulagée" -

L'annonce de la consécration de Joe Biden a provoqué des scènes de liesse à travers les Etats-Unis. A Washington, des milliers de personnes ont afflué vers la Maison Blanche et la Black Lives Matter Plaza, une partie de l'artère menant à la résidence présidentielle, renommée au printemps dernier pour dénoncer les violences policières contre les Africains-Américains.

"Soulagée. Très soulagée", disait Alex Norton, jeune femme 31 ans, son nourrisson dans les bras. "On sait enfin qu'on ne va pas avoir quatre ans de plus de Donald Trump!". A New York, ville natale du président républicain, un concert de klaxons a accueilli l'annonce de sa défaite. "Je suis ravi", s'exclamait J.D. Beebe, 35 ans.

- Consécration tardive -

Barack Obama, 44e président américain, a salué samedi la victoire "historique" de son "ami". La date de la passation de pouvoir est inscrite dans la Constitution: le 20 janvier. D'ici là, les Etats certifieront leurs résultats, et les 538 grands électeurs se réuniront en décembre pour formellement désigner le président.

Pour Joseph Robinette Biden Jr., la consécration suprême sera arrivée tard, à l'issue d'une riche vie en politique jalonnée de tragédies. Après avoir échoué en 1988 et 2008, puis hésité en 2016, celui qui a débuté sa carrière politique nationale au Sénat il y a près d'un demi-siècle - et connaît le fonctionnement de Washington sur le bout des doigts - s'est contenté d'apparitions limitées, en faisant à l'Amérique une promesse de calme.

Dans un contraste saisissant avec l'énergie déployée sur les estrades de campagne par Donald Trump, celui que le président a affublé du surnom moqueur de "Joe l'endormi" a parfois donné l'image d'un homme frêle, fragile. Ses discours, comme samedi soir, durent rarement plus de 20 minutes. Dans une Amérique profondément divisée, et face à un Sénat qui pourrait rester aux mains des républicains, il devra trouver le ton juste.

Au total, malgré la pandémie, la participation a atteint un niveau record dans l'ère moderne: autour de 66% des électeurs ont voté, selon le US Elections Project. Joe Biden a obtenu plus de 74,5 millions de voix, contre 70 millions pour Donald Trump.

- Trump isolé -

Donald Trump, qui se trouvait, à l'annonce des résultats, dans son club de golf non loin de Washington a accusé Joe Biden de se "précipiter pour se présenter faussement" en vainqueur. Rien n'oblige le président républicain à le faire formellement, mais admettre sa défaite fait partie de la tradition à Washington.

M. Trump a dès mardi soir adopté une posture très belliqueuse, promettant une véritable guérilla judiciaire. Le tempétueux président de 74 ans, entré avec fracas en politique en remportant la présidentielle en 2016 à la stupéfaction générale, a échoué à se faire réélire, contrairement à ses trois prédécesseurs Barack Obama, George W. Bush et Bill Clinton.

Si la vague démocrate annoncée par certains n'a pas eu lieu, et s'il a montré qu'il disposait d'un très solide socle d'électeurs, sa gestion de la pandémie, qu'il a sans cesse minimisée, lui a valu de vives critiques, jusque dans son propre camp.

Très amer, il n'a cessé ces derniers jours de crier à la fraude, sans apporter le moindre élément concret. Mais il apparaît isolé au sein de son propre parti dans sa croisade contre un "vol" du scrutin dont il aurait été la victime.

AFP

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