Procès

Meurtre d'Alexia : Jonathann Daval bientôt fixé sur son sort

  • Publié le 21 novembre 2020 à 08:27
  • Actualisé le 21 novembre 2020 à 11:19

Jonathann Daval, qui se dit prêt à "payer" pour le meurtre de sa femme Alexia, sera fixé sur son sort samedi dans la soirée, quand les assises de la Haute-Saône rendront leur verdict, dernier acte d'un procès ultra médiatisé à haute intensité émotionnelle.

Le verdict "devrait intervenir (samedi) en fin d'après-midi ou début de soirée", selon le président de la cour d'assises, Matthieu Husson. Jonathann Daval, un informaticien de 36 ans, a reconnu pendant son procès avoir tué intentionnellement son épouse. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Chargé de porter l'accusation, l'avocat général, Emmanuel Dupic, présentera ses réquisitions samedi à partir de 09H30. Les trois avocats de la défense, qui ont d'ores et déjà annoncé qu'ils entendaient plaider l'homicide volontaire, prendront ensuite la parole. La parole sera alors à l'accusé qui pourra s'exprimer une dernière fois.

- "Plus d'avenir" -

"J'ai plus d'avenir (...) Je dois payer pour les actes que j'ai commis", a lâché vendredi ce trentenaire émacié aux allures de frêle adolescent, victime mercredi soir d'un malaise vagal en plein interrogatoire.

Au terme de six jours d'audience - un de plus que les cinq prévus, tant les débats ont été nourris - la cour se retirera pour délibérer. Il faudra vraisemblablement plusieurs heures pour que les trois magistrats professionnels et les six jurés, cinq femmes et un homme, se forgent une intime conviction sur ce dossier hors norme.

Vendredi soir, les parties civiles ont réclamé une "peine à la hauteur" des "souffrances" endurées par les proches d'Alexia, a plaidé l'un de leurs avocats, Me Gilles-Jean Portejoie, évoquant les multiples revirements de Jonathann Daval qui avait un temps mis en cause sa belle famille, avant de s'accuser de nouveau.
Alexia, "étranglée" pendant "quatre à cinq minutes" et qui a reçu "cinq à six coups de poing", a été "massacrée", a renchéri son fils, Me Jean-Hubert Portejoie.

Les parties civiles ont également insisté toute la semaine sur des pistes pourtant non retenues à l'issue de l'instruction et que les experts ont été incapables de confirmer au procès : la "profanation" sexuelle post mortem du corps d'Alexia par Jonathann, qui lui aurait de surcroit administré à son insu des médicaments à plusieurs reprises.

- "Morsure" -

Jeudi, Jonathann Daval est longuement revenu sur le soir du crime, qui s'est déroulé à leur domicile dans la nuit du 27 au 28 octobre 2017, sur fond de difficultés conjugales aiguës : Alexia souhaitait ardemment un enfant mais son mari, qui souffrait de troubles de l'érection, la fuyait de plus en plus.

Ce soir-là, il dit avoir refusé une relation sexuelle à son épouse. Une violente dispute éclate. Le facteur déclenchant ? Alexia l'aurait mordu, provoquant sa rage : "la morsure, ça m'a mis hors de moi", a-t-il expliqué. Il lui assène alors plusieurs coups, avant de l'étrangler.

C'est "la colère de toutes ces années qui est ressortie (...) D'où l'étranglement pour qu'elle se taise", a-t-il dit, arguant qu'Alexia "l'humiliait" en lui disant notamment qu'il n'était "pas un homme". Il traîne ensuite "comme un sac à patates" son corps sans vie dans son véhicule de travail, avant de le transporter le lendemain matin dans un bois proche où il l'incendie.

Il donne ensuite l'alerte, soutenant que sa femme n'est pas revenue de son jogging. Le corps d'Alexia sera retrouvé deux jours plus tard, le 30 octobre 2017 après d'intenses recherches.

Pendant trois mois, son visage de veuf éploré apparaîtra dans tous les médias, contribuant à alimenter la médiatisation intense de cette affaire. "Bribes de vérité", ont fustigé les parties civiles, convaincues que Jonathann Daval est loin d'avoir dit toute la vérité.

- "Adieu" -

Dans une ultime et émouvante tentative, Isabelle Fouillot, la mère d'Alexia, a ainsi tenté d'arracher vendredi matin les réponses aux questions qu'elle se pose encore.

Durant l'instruction, son rôle avait été déterminant lorsqu'elle avait obtenu lors d'une émouvante confrontation de nouveaux aveux de la part de l'accusé qui incriminait alors sa belle-famille. "Je pense qu'Alexia voulait s'en aller, c'est pour ça que tu l'as tuée?", l'a-t-elle interrogé à la barre. "Non (...) C'est une dispute, Isabelle, faut le croire", lui a répliqué son ancien gendre. "Je te souhaite un bon séjour en prison, Jonathann. Adieu", lui lance alors Mme Fouillot, dépitée, avant de regagner sa place.

AFP

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