L'interview pourrait durer 1h30 à 2 heures

Sur Brut, Macron s'adresse à la "Génération Covid"

  • Publié le 3 décembre 2020 à 10:20
  • Actualisé le 3 décembre 2020 à 11:32

En accordant jeudi une interview fleuve au média en ligne Brut, Emmanuel Macron veut se concilier une jeunesse frappée par la crise économique et sanitaire, qui l'attend au tournant sur les discriminations, les violences policières et l'environnement.

A 16 heures (Métropole), sur le plateau de Brut, le chef de l'Etat sera interviewé notamment par le journaliste Rémy Buisine, récemment mis à terre par des policiers lors de l'évacuation brutale de migrants à Paris. L'interview pourrait durer 1h30 à 2 heures, avec des questions des internautes. Brut diffusera ensuite des questions-réponses sur Snapchat.

Emmanuel Macron "sera interrogé sur les principales thématiques qui intéressent la jeunesse aujourd'hui, notamment les sujets liés à la laïcité, l'identité, la +Génération Covid+ ou l'écologie", ainsi que les violences policières, a annoncé Brut.

Il pourra se montrer à l'écoute d'une génération bien plus sensibilisée que ses aînés à des sujets comme l'égalité femmes-hommes, les violences policières, le racisme ou encore l'islamophobie, comme le montre un sondage de l'Ifop pour Marianne cette semaine.

Souvent déprimés par les deux confinements, privés de petits boulots et de lien social ou en difficulté dans des études à distance, 53% des 18-30 ans se sentent "révoltés ou résignés" et seulement 22% "confiants ou enthousiastes", selon un sondage de l'Ifop pour La Tribune.

Emmanuel Macron l'avait résumé le 14 octobre en lançant : "C'est dur d'avoir 20 ans en 2020". Conscient de l'enjeu, il a enjoint ses ministres de réagir. "En septembre le président m'a demandé de m'adresser davantage aux jeunes, ce que je fais depuis plusieurs mois" y compris sur les réseaux sociaux, a indiqué le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.

"Sur la crise sanitaire on a eu parfois un discours trop culpabilisateur, qui donnait le sentiment que les jeunes étaient responsables de l'épidémie", a-t-il regretté.

"Et sur le volet économique, l'inquiétude est très forte chez eux. Il y a aussi des thématiques sur lesquelles les jeunes sont plus sensibles, comme l'environnement ainsi que les discriminations, en lien avec la police et les affaires qu'on a vues", reconnaît-il.

- 49% d'approbation -

Les 18-24 ans demeurent pourtant, avec les seniors, les plus solides soutiens d'Emmanuel Macron, souligne Frédéric Dabi, de l'Ifop, avec un taux d'approbation de 49%, selon le baromètre Ifop-Fiducial d'octobre. Ce taux tombe cependant à 37% pour les 25-34 ans, la tranche d'âge la plus sévère envers le président, ceux qui cherchent à s'insérer professionnellement, note Frédéric Dabi.

La grande majorité des 18-30 ans, selon le sondage Ifop pour La Tribune, estime qu'ils paieront pendant des décennies pour la dette contractée au cours de la crise et se sentent injustement accusés d'être responsables de la reprise de l'épidémie. 54% estiment avoir été sacrifiés au profit des plus âgés et plus des trois quarts ont subi l'interruption d'une formation, l'annulation d'un stage ou la perte d'un emploi.

Ils sont 41% à dénoncer un "racisme d'Etat", contre 30% pour l'ensemble des Français, 60% à critiquer les violences policières et 61% l'islamophobie, avec une révolte encore plus grande chez les jeunes femmes. De plus, 59% jugent que la société est patriarcale et 46% disent comprendre les femmes qui déclarent détester les hommes. "Les violences policières sont un point névralgique", souligne l'expert qui indique qu'une nouvelle enquête de l'Ifop jeudi montre que l'affaire Zecler a encore aggravé leurs critiques contre la police.

Le chef de l'Etat les a en outre "déçus sur la protection de l'environnement, où il est perçu comme n'ayant pas fait grand chose", selon M. Dabi, qui cite les épisodes récents des néonicotinoïdes pour la filière betterave et le retard pour bannir le glyphosate. "Emmanuel Macron n'a pour l'instant pas décroché chez les 18-24 ans. Mais iront-ils voter ?" s'interroge l'expert de l'Ifop.

 AFP

guest
0 Commentaires