L'affaire avait soulevé une vague d'indignation

Remise en liberté des deux policiers écroués après le tabassage d'un producteur de musique noir

  • Publié le 23 décembre 2020 à 06:08
  • Actualisé le 23 décembre 2020 à 09:52

Les juges d'instruction ont ordonné ce mardi 22 décembre la mise en liberté des deux policiers placés en détention depuis le 30 novembre pour avoir roué de coups à Paris Michel Zecler, un producteur de musique noir, a-t-on appris de source judiciaire.

Ils seront soumis à un contrôle judiciaire strict, avec interdiction d’entrer en relation avec la victime et les autres mis en examen, de détenir une arme et d’exercer la profession de fonctionnaires de police, selon cette même source.

Ils n’ont par ailleurs pas le droit de paraître dans le XVIIe arrondissement de Paris, où se situe le studio de musique du producteur, et devront en outre s’acquitter d’une caution de 5000 euros.

À l’issue de leur interrogatoire au tribunal judiciaire de Paris vendredi et lundi, les deux policiers ont déposé une demande de mise en liberté auprès des magistrats instructeurs qui la leur ont accordée. Le parquet ne s’est pas opposé à leur demande sous réserve d’un placement sous contrôle judiciaire strict, a précisé la source judiciaire. Contactés par l’AFP, les avocats des deux policiers n’avaient pas répondu en début de soirée.

Le 21 novembre, en fin de journée, Michel Zecler avait été roué de coups par des policiers dans l’entrée de son studio de musique, puis dans la rue. Les faits ont été révélés par des images de vidéosurveillance du studio de musique, dévoilées par le média en ligne Loopsider, qui contredisaient le procès-verbal initial de l’interpellation rédigé par les policiers.

 

Dans cette affaire, quatre policiers ont été mis en examen le 30 novembre: trois d’entre eux, soupçonnés d’avoir roué de coups Zecler, l’ont été pour “violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique (PDAP)”, avec plusieurs circonstances aggravantes dont celle de racisme, et pour “faux en écriture publique” par PDAP, un crime passible des assises.

Parmi eux, un brigadier de 31 ans et un gardien de la paix de 23 ans avaient été placés en détention provisoire, une décision “rarissime” pour des fonctionnaires de police selon plusieurs sources.

Un quatrième policier, soupçonné d’avoir jeté une grenade lacrymogène dans le studio de musique, a été mis en examen principalement pour “violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique” et placé sous contrôle judiciaire.

Lire aussi : Tabassage de Michel Zecler : les quatre policiers mis en examen, deux écroués

En garde à vue face à l'IGPN, les trois principaux mis en cause avaient fini "par admettre que les coups portés n'étaient pas justifiés et qu'ils avaient agi principalement sous l'effet de la peur", a rapporté le procureur. Ils ont invoqué "la panique" provoquée par le sentiment d'être coincés dans l'entrée du studio de musique de M. Zecler, qui se débattait selon eux.

Ils ont en revanche nié "avoir tenu des propos racistes" alors que M. Zecler a assuré qu'ils l'avaient traité de "sale nègre", une insulte entendue également par "l'un des jeunes" présent dans le sous-sol du studio. Ils réfutent également "le caractère mensonger du procès-verbal".

Le procureur a rappelé que les policiers avaient dans un premier temps indiqué avoir contrôlé Michel Zecler pour "absence de port du masque" et en raison d'une "forte odeur de cannabis". Mais seuls "0,5 g d'herbe de cannabis" seront trouvés dans une sacoche plus tard.

L'affaire avait soulevé une vague d'indignation. Plus de 130.000 personnes, selon le ministère de l'Intérieur, 500.000 selon les organisateurs, avaient manifesté dans toute la France contre le racisme et les violences policières.

Lire aussi : Griezmann, Mbappé, Gobert: les sportifs français montent au créneau contre les violences policières

Cette agression caractérisée perpétré par des membres des forces de l'ordre était arrivée en plein débat parlementaire sur le projet de loide "sécurité globale". L'article 24, le plus contreversé de toutes les mesures contenues dans le projet, a finalement été retiré pour réécriture. Dans sa version initiale il prévoyait d'interdire aux citoyens - y compris les journalistes -, de filmer les interventions des forces de l'ordre.

Ce sont justement des images vidéo de caméras de surveillance qui ont permis d'identifier les policier auteurs de l'agression cotre Michel Zecler

Lire aussi : En neutralisant l'article 24, l'exécutif espère avoir passé la tempête

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3 Commentaires
SOWETO
SOWETO
3 ans

Ils auront droit à la protection fonctionnelle et leurs frais de justice payés par les contribuables.

7AC
7AC
3 ans

Vous ne trouvez pas que c'est rabaissant pour tout le monde, victime en plus de préciser "homme noir" ?Et les Policiers, étaient-ils blancs, ou gris ?

Missouk
Missouk
3 ans

N'importe quel quidam aurait fait la même chose, il serait en détention provisoire dans l'attente de son procès...