Réseaux sociaux

Facebook ne veut plus faire de politique

  • Publié le 28 janvier 2021 à 05:48
  • Actualisé le 28 janvier 2021 à 11:09

Le réseau social qui avait contribué aux printemps arabes il y a dix ans entend désormais s'éloigner le plus possible des combats politiques pour se concentrer sur les interactions "positives", et lucratives, même si 2021 s'annonce sous le signe des tensions avec les autorités et son voisin Apple. Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, a annoncé mercredi que la plateforme ne recommanderait plus à ses utilisateurs les groupes militants ou politiques, une mesure déjà prise aux Etats-Unis cet automne pour tenter d'apaiser les échanges à l'approche d'élections américaines sous tension. Son objectif est de "calmer le jeu" et de "décourager les conversations clivantes", a-t-il expliqué lors de la présentation des résultats trimestriels de son groupe.

Depuis l'élection de Donald Trump et le Brexit en 2016, le géant des réseaux sociaux vit au rythme des controverses et scandales politiques. De larges pans de la société civile lui reprochent de servir de base à des personnes et organisations qui incitent à la violence -- des persécutions de la minorité rohingya en Birmanie au récent meurtre du professeur Samuel Paty en France.

Le PDG voit 2021 comme une année propice pour "inventer des moyens de créer des opportunités économiques, construire des communautés et aider les gens à simplement s'amuser". Le groupe californien a réalisé près de 86 milliards de dollars de chiffre d'affaires l'année dernière, et dégagé plus de 29 milliards de profits, en hausse de 58%, malgré de nombreux contretemps.

- Zuckerberg n'aime pas la politique... -

Au printemps, au début de la pandémie, de nombreux annonceurs ont retiré leurs campagnes pour revoir leur message ou faire des économies. A l'été, des centaines de marques ont boycotté le réseau pour exiger une meilleure modération des contenus dits "haineux", dans la foulée des manifestations contre le racisme systémique aux Etats-Unis. Des ONG et des élus des deux bords lui demandent de prendre ses responsabilités. Facebook a fait face en multipliant les mesures pour mieux policer les échanges et juguler la désinformation, sans parvenir à les satisfaire.

"En septembre, nous avons annoncé avoir retiré plus d'un million de groupes en un an", a rappelé Mark Zuckerberg. "Mais il y a aussi de nombreux groupes que nous ne voulons pas encourager les gens à rejoindre même s'ils n'enfreignent pas nos règlements". Le fondateur du géant des plateformes a ajouté qu'il cherchait aussi des moyens de réduire la proportion de contenus politiques sur le fil central des utilisateurs.

"La politique a cette tendance à s'immiscer partout mais nous avons beaucoup de retours de nos membres qui n'en veulent pas", a-t-il assuré, précisant néanmoins qu'il serait toujours possible de participer à des discussions engagées. Tout au long de l'année 2020, la société de Menlo Park a mis en avant les outils et innovations qui ont aidé des groupes à faire preuve de solidarité et des petites entreprises, durement affectées par la pandémie, à communiquer avec leurs clients potentiels.

- ... ni la compétition -

Ils sont toujours plus nombreux: au 31 décembre, 2,6 milliards de personnes fréquentaient l'une de ses quatre plateformes et messageries (Facebook, Instagram, Messenger et WhatsApp) au moins une fois par jour, et 3,3 milliards au moins une fois par mois (+14%). Sur le plan commercial, c'est un succès, notamment grâce à l'explosion du commerce en ligne pendant la crise sanitaire. Mais la plateforme prévoit des "vents contraires" à cause des régulateurs européens, décidés à mieux contrôler les flux de données personnelles, mais aussi à cause d'Apple, nouvel ennemi numéro 1 du réseau.

"Nous considérons de plus en plus Apple comme l'un de nos plus grands rivaux", a déclaré Mark Zuckerberg. Il a attaqué son voisin sur son terrain de prédilection: la confidentialité des données personnelles. Selon le milliardaire, dans ce domaine WhatsApp est "supérieur" à la messagerie d'iOS, le système d'exploitation des appareils mobile d'Apple. Il reproche surtout au fabricant de l'iPhone sa décision de bientôt obliger les développeurs d'applications à demander aux usagers leur permission pour les suivre à la trace.

"Apple peut dire qu'ils font ça pour aider les gens mais cela sert clairement leurs intérêts", s'est-il emporté, accusant son concurrent de "privilégier ses propres applis" sur ses smartphones et tablettes, très largement utilisés dans le monde. Le dirigeant risque donc de ne pas échapper du tout à la politique en 2021. En décembre, des autorités américaines ont accusé sa société d'abuser de sa position dominante et veulent même forcer Facebook à se séparer d'Instagram et de WhatsApp.

AFP

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