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Ukraine: bombardement près de l'aéroport de Lviv, Biden va adresser une mise en garde à Xi

  • Publié le 18 mars 2022 à 13:06
  • Actualisé le 18 mars 2022 à 13:25

Les environs de l'aéroport de Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine, ont été touchés vendredi matin par des "missiles" russes, selon le maire de la ville, tandis que le président américain Joe Biden s'apprêtait à adresser une mise en garde à son homologue chinois Xi Jinping contre toute tentation de soutenir Moscou.

"Des missiles ont frappé le quartier de l'aéroport de Lviv", a écrit sur son compte Facebook Andriy Sadovy, le maire de cette grande ville située près de la frontière polonaise, assurant que la frappe n'avait pas touché directement les installations aéroportuaires mais une usine de réparation d'avions. "Le fonctionnement de l'usine avait été suspendu auparavant, donc il n'y a pas de victimes pour l'instant", a-t-il précisé.

Un journaliste de l'AFP a vu un panache de fumée se dégager dans les airs au-dessus de la zone, ainsi des véhicules de police et des ambulances fonçant dans cette direction. La ville de Lviv avait été épargnée par les combats jusqu'à présent. Mais l'armée russe a bombardé dimanche une base militaire ukrainienne dans cette région, faisant au moins une trentaine de morts.

A Marioupol, port ukrainien stratégique assiégé dans le sud-est du pays, l'armée russe et ses alliés séparatistes combattent désormais dans le centre-ville, a annoncé vendredi le ministère russe de la Défense. "Les unités de la République populaire (autoproclamée, ndlr) de Donetsk, avec le soutien des forces armées russes, resserrent leur étau d'encerclement et combattent les nationalistes dans le centre de la ville", a indiqué le porte-parole du ministère, Igor Konachenkov.

Il a par ailleurs assuré que les forces russes et les séparatistes de Lougansk contrôlaient désormais 90% de ce territoire qui fait partie avec Donetsk de la région du Donbass et dont Moscou a reconnu l'indépendance.

La prise de Marioupol serait un important tournant dans le conflit et permettrait à la Russie d'assurer une continuité territoriale entre ses forces venues de la Crimée annexée, et les troupes du Donbass.

Alors que les combats continuent, Joe Biden et Xi Jinping ont prévu de discuter vendredi à 13H00 GMT de la guerre menée par Moscou en Ukraine. Et le ton a été donné dès jeudi par le secrétaire d'Etat Antony Blinken. "Le président Biden (...) lui dira clairement que la Chine portera une responsabilité pour tout acte visant à soutenir l'agression russe et que nous n'hésiterons pas à lui imposer des coûts", a fait savoir M. Blinken. "Nous voyons avec préoccupation que la Chine réfléchit à apporter à la Russie une assistance militaire directe", a-t-il ajouté.

Depuis le début de l'invasion russe le 24 février, le régime communiste chinois, privilégiant sa relation avec Moscou et partageant avec la Russie une profonde hostilité envers les Etats-Unis, s'est abstenu d'exhorter le président russe Vladimir Poutine à retirer ses troupes d'Ukraine.

Mais la Chine a peut-être déjà commencé à prendre ses distances avec Moscou car, d'après des diplomates à l'ONU, la Russie a renoncé jeudi soir à tenir le lendemain un vote au Conseil de sécurité sur une résolution liée à la guerre en Ukraine, faute de soutien de ses plus proches alliés.

- "Dictateur sanguinaire" -

Et M. Biden n'a pas mâché ses mots à l'égard de M. Poutine, le traitant de "voyou" et de "dictateur sanguinaire" après l'avoir qualifié la veille de "criminel de guerre". Les auteurs de crimes de guerre en Ukraine devront "rendre des comptes" devant la justice internationale, ont de leur côté averti les ministres des Affaires étrangères du G7 dans une déclaration commune.

"Cibler intentionnellement des civils est un crime de guerre. Après tant de destructions ces trois dernières semaines, je trouve difficile de conclure que les Russes font autre chose que cela", a relevé M. Blinken.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a imploré jeudi les Occidentaux d'aider à "arrêter cette guerre", au moment où une frappe russe faisait au moins 27 morts dans l'est du pays.

Pour lui, "un peuple est en train d'être détruit en Europe". "Aidez-nous à arrêter cette guerre!", a-t-il ajouté, ovationné par les députés du Bundestag allemand auxquels il s'est adressé jeudi par visioconférence.

Volodymyr Zelensky a aussi accusé mercredi l'aviation russe d'avoir "sciemment" bombardé un théâtre de Marioupol où étaient réfugiés des centaines d'habitants. "Le monde doit finalement admettre que la Russie est devenue un Etat terroriste", a-t-il ajouté.

Selon la mairie de Marioupol, "plus d'un millier" de personnes se trouvaient dans un abri antiaérien sous le théâtre lorsqu'il a été bombardé. Aucun bilan n'a été communiqué à ce stade. L'émissaire ukrainienne aux droits humains Lioudmyla Denissova a indiqué que l'abri avait résisté au bombardement: "Nous pensons que tout le monde a survécu", a-t-elle déclaré à la télévision.

- Rescapés du théâtre -

La Russie a affirmé ne pas avoir bombardé la ville, et avancé que l'immeuble avait été détruit par le bataillon nationaliste ukrainien Azov. Selon le ministre italien de la Culture, Rome est "disposée à reconstruire le théâtre". "Les théâtres de tous les pays appartiennent à l'humanité tout entière", a-t-il tweeté.

La mairie de Marioupol a signalé que la situation était "critique" avec des bombardements russes "ininterrompus" et des destructions "colossales". Selon les premières estimations, environ 80% du parc de logements de la ville a été détruit. "Ils tirent tellement de roquettes, il y a beaucoup de corps de civils morts dans les rues", a raconté à l'AFP Tamara Kavounenko, 58 ans.

Les bombardements se poursuivent aussi à Kiev et à Kharkiv, deuxième ville du pays, où au moins 500 personnes ont été tuées depuis le début de la guerre. La capitale a repris lentement vie jeudi après la levée d'un couvre-feu imposé depuis mardi soir. Elle s'est vidée d'au moins la moitié de ses 3,5 millions habitants.

- Pas de répit -

Aucun bilan global n'a été fourni même si le président Zelensky a mentionné le 12 mars la mort d'"environ 1.300" militaires ukrainiens, tandis que Moscou a seulement rapporté près de 500 morts dans ses rangs le 2 mars.

Cent-huit enfants ont été tués et 120 blessés dans le pays depuis l'invasion russe, a indiqué jeudi le Parquet général ukrainien. Trois semaines après le début de l'invasion, Moscou ne donne aucun signe de répit dans son offensive malgré la poursuite de pourparlers entre les belligérants.

Mais M. Blinken a estimé que la Russie n'avait pas démontré jusqu'ici "d'effort significatif" dans ses tractations avec Kiev pour tenter de trouver une sortie de crise. "D'un côté, nous saluons l'Ukraine qui reste à la table des négociations alors qu'elle est sous les bombes, et de l'autre côté, je n'ai pas vu d'effort significatif de la part de la Russie pour mettre fin par la diplomatie à la guerre qu'elle mène", a-t-il dit.

Plus de trois millions d'Ukrainiens ont pris les routes de l'exil, en grande majorité vers la Pologne, parfois seulement une étape avant de continuer leur exode. Vladimir Poutine a martelé mercredi dans un discours que l'offensive était "un succès".

Le ministère de la Défense britannique a toutefois estimé sur Twitter vendredi que les "problèmes logistiques" en matière d'approvisionnement des troupes en nourriture et carburant ainsi que la forte résistance ukrainienne "limitent considérablement le potentiel offensif de la Russie" sur le terrain.

AFP

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