Union européenne

Colère des Balkans occidentaux devant le blocage de leur adhésion à l'UE

  • Publié le 23 juin 2022 à 19:14
  • Actualisé le 23 juin 2022 à 19:16

Bloqués depuis des années dans l'antichambre européenne, plusieurs dirigeants des pays des Balkans occidentaux candidats à l'adhésion ont dit jeudi leur "mécontentement" et dénoncé le manque de "crédibilité" de l'UE, à l'issue d'un sommet avec les Vingt-Sept.

"Nous n'avons rien obtenu", a résumé sèchement le président serbe Aleksandar Vucic au cours d'une conférence de presse commune à Bruxelles avec ses homologues albanais et macédonien.

Le veto opposé par la Bulgarie à l'ouverture des négociations d'adhésion avec la Macédoine du Nord pour des raisons de contentieux historiques et culturels a ulcéré les dirigeants des Balkans.

"La position bulgare reste inchangée jusqu'à ce que le parlement bulgare prenne une décision", a annoncé Kiril Petkov, renversé mercredi soir par une motion de censure votée par le Parlement.

Par contrecoup, Sofia bloque également les négociations avec l'Albanie, dont la candidature est liée à celle de la Macédoine du Nord. Le Premier ministre albanais Edi Rama a dénoncé cette situation et le fait que les 26 autres membres de l'UE "restent assis et offrent un spectacle effrayant d'impuissance".
"Tout cela est vraiment très, très inquiétant", s'est insurgé Edi Rama.

"C'est un coup dur pour la crédibilité de l'Union européenne", a lancé le Premier ministre macédonien Dimitar Kovacevski. La conférence de presse prévue à l'issue du sommet avec les présidents des institutions européennes et le président français Emmanuel Macron a été annulée, officiellement pour une question de temps.

"Ils ont été très intelligents de l'annuler. Cela démontre qu'ils se sentent vraiment très mal face à ce qui se passe", a commenté Edi Rama, qui a multiplié les piques à l'adresse des dirigeants de l'UE.

Les dirigeants des Balkans occidentaux n'ont pas caché non plus leur amertume devant l'empressement de leurs homologues auprès de l'Ukraine et de la Moldavie à qui ils veulent octroyer le statut de candidat à l'adhésion.

La décision qui exige l'unanimité des Vingt-Sept devrait être annoncée au cours du sommet organisé après leur rencontre avec leurs homologues des Balkans.

- "Pas d'illusions" -

Edi Rama a conseillé aux Ukrainiens de ne "pas se faire d'illusions" sur le statut de candidat, car le processus pour l'adhésion sera très long. "La Macédoine du Nord est candidate depuis 17 ans, si je n'ai pas perdu le compte, et l'Albanie depuis huit ans", a-t-il rappelé.

"L'adhésion prendra beaucoup de temps", a confirmé le Premier ministre belge Alexander De Croo. La Macédoine du Nord est candidate depuis 2005, le Monténégro depuis 2010, la Serbie depuis 2012 et l'Albanie depuis 2014. La Bosnie-Herzégovine et le Kosovo, qui n'est pas reconnu par cinq membres de l'UE, ne sont encore que des "candidats potentiels".

Les blocages pour l'ouverture des négociations sont sérieux. Les contentieux entre la Serbie et le Kosovo bloquent les aspirations de Belgrade. Aleksandar Vucic a été catégorique : pas question de reconnaître le Kosovo.

La présidente du Kosovo Vjosa Osmani-Sadriu a mis en garde l'UE contre tout espace laissé à l'influence "d'autres acteurs" car "il est évident qu'ils l'utiliseront".

La Russie, la Chine, la Turquie et les pays du Golfe gagnent en influence dans cette région dont les attentes sont déçues par les atermoiements de l'UE.
Parmi les options à l'étude pour "remettre de l'énergie" dans le processus figurent une libéralisation des visas pour le Kosovo, un découplage des candidatures de l'Albanie et de la Macédoine du Nord et l'octroi du statut de candidat à la Bosnie-Herzégovine dans les mêmes conditions que pour l'Ukraine et la Moldavie. Mais elles ne font pas consensus entre les Vingt-Sept, selon une source diplomatique.

"Le choix de donner le statut de candidat à l'Ukraine et à la Moldavie est un geste politique très fort, mais les conditions pour ouvrir les négociations sont exigeantes et la décision nécessite l'unanimité", a rappelé le représentant d'un État membre.

Les dirigeants européens devaient débattre jeudi de la proposition de créer une "Communauté politique européenne" lancée par le président français Emmanuel Macron et soutenue par Charles Michel, pour permettre de préparer les candidats à l'intégration. Ceux-ci seront neuf avec l'Ukraine et la Moldavie, car la Turquie attend aussi son tour, depuis 23 ans.

AFP

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