Sécheresse

Une nouvelle canicule touche la France, affectant tous les organismes

  • Publié le 2 août 2022 à 20:01
  • Actualisé le 3 août 2022 à 05:35

Un nouvel épisode caniculaire va s'étendre vers le nord de la vallée du Rhône et le Sud-Ouest, mettant à rude épreuve les personnes les plus fragiles et la nature, alors que les vagues de chaleur se succèdent et que toute la France est en vigilance "sécheresse".

Au total, 27 départements sont placés en vigilance orange canicule, du Bas-Rhin jusqu'à la Haute-Garonne en passant par le Vaucluse et 41 autres en alerte jaune, selon le bulletin de Météo-France.

Le pic de chaleur sera atteint mercredi et "il sera encore présent jeudi en se décalant vers l'est", précise Météo-France Les températures "vont baisser sensiblement par le Nord-Ouest d'ici la fin de la semaine sauf sur les régions les plus au Sud où elles pourront rester élevées", proches de 35°C, a précisé Olivier Caumont, responsable de la permanence pour la prévision à Météo-France, lors d'un point-presse. "Il subsiste des incertitudes concernant la fin de l'événement", a-t-il résumé.

Seulement quelques jours se sont écoulés entre ce nouvel épisode caniculaire et la vague de chaleur précédente, sans compter la première de juin, inhabituellement précoce.

- Surmortalité -

"On est inquiet par ces répétitions rapprochées de vague de chaleur", qui "ne permettent pas à des organismes de revenir à un fonctionnement normal", a expliqué Isabelle Bonmarin de Santé publique France (SPF).

"On s'attend à une surmortalité dès qu'on passe en canicule (...) et notamment les 75 ans et plus", a ajouté son collègue Robin Lagarrigue, indiquant qu'un "bilan sera fait à la rentrée, en septembre".

La succession de ces vagues de chaleur qui rendent encore plus perceptibles les conséquences du réchauffement climatique, aggrave aussi la sécheresse. "On est sur un événement majeur, qui se compare sans difficulté à 1976 ou 2003", a commenté Jean-Michel Soubeyroux, climatologue à Météo-France.

L'agriculture souffre particulièrement. Dans les Pyrénées-Orientales, où les plus hautes températures sont attendues mardi, l'arrosage pourrait être interdit dans les vergers de la vallée du Tech. Baptiste Cribeillet, 32 ans, y exploite 60 hectares de pêches nectarines en agriculture biologique. Pour l'heure, les prélèvements en eau y sont restreints de 50%.

"On espère qu'ils maintiennent ce niveau. Si on passe à l'étape au-dessus, on ne pourra plus irriguer du tout et les dégâts seraient monstrueux sur les arbres et les récoltes à venir", estime cet arboriculteur basé dans le village de Saint-Génis-des-Fontaines.

A Amiens, les hortillonnages, jardins maraîchers sur de petites îles, "sont aussi secs que dans les champs", déplore Francis Parmentier, qui cultive notamment tomates, concombres, melons et radis. Ils doivent faire "très attention à l'irrigation car le carburant pour les bateaux est très cher (...) et ce n'est pas répercuté sur les légumes", ajoute-t-il.

Les cultures souffrent aussi "des variations de températures anormales", s'alarme M. Parmentier, s'inquiétant "du plus en plus" du changement climatique.

- Sécheresse historique -

Seulement 9,7 millimètres de précipitations agrégées ont été enregistrés en France métropolitaine le mois dernier, un déficit d'environ 84% par rapport aux normales, presque aussi peu que les 7,8 mm de mars 1961, le record des minima depuis les premiers relevés nationaux en août 1958.

Si désormais l'ensemble de la France métropolitaine est sous vigilance "sécheresse", 93 départements sont concernés par des restrictions sur au moins une partie du territoire : quatre sont en alerte, 31 en alerte renforcée et 58 en crise, dont le Jura qui vient de passer en rouge.

Dans les territoires au stade de crise, "seuls les prélèvements permettant d'assurer l'exercice des usages prioritaires sont autorisés (santé, sécurité civile, eau potable, salubrité)", explique le site d'information sécheresse du gouvernement, Propluvia.

D'autres activités économiques sont aussi affectées, comme le tourisme. Le Doubs est ainsi quasiment à sec à Villers-le-Lac (Doubs), environ 4.000 habitants à la frontière suisse. "Je plains les bateliers et les gens qui viennent voir le Saut du Doubs", célèbre cascade de 27 mètres de haut où plus une goutte d'eau ne tombe depuis mi-juin, déplore la maire Dominique Mollier.

Et les choses ne vont pas aller en s'améliorant. Aucune précipitations d'ampleur ne sont attendues dans les prochains jours. A plus long terme, "la période favorable aux vagues de chaleur s'étend progressivement", a averti Jean-Michel Soubeyroux. Dans la seconde moitié du siècle, elles pourraient se produire "dès le mois de mai et se prolongeraient sur l'ensemble du mois de septembre".

 AFP

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