Football

Florent Sinama-Pongolle, des terrains de la Saint-Pierroise aux plateaux de Canal+

  • Publié le 14 novembre 2020 à 19:30
  • Actualisé le 14 novembre 2020 à 19:46

Mis à l'honneur dans un épisode de l'émission "Sport Reporter" de Canal+ lui étant spécialement consacré, Florent Sinama-Pongolle s'est livré à notre rédaction pour nous raconter son histoire atypique. De son départ de l'île à 11 ans à sa reconversion professionnelle, il revient ainsi sur sa carrière et partage également sa vision du football réunionnais. (Photo : Canal+ / Augustin Dėtienne)

A l'automne 2001, alors que l'ensemble des médias relatent les terribles attentats du World Trade Center, l'actualité sportive du moment n'a d'yeux que pour deux jeunes footballeurs français évoluant au Havre Athletic Club : Florent Sinama-Pongolle et Anthony Le Tallec.

Tout juste sacrés champions du monde des moins de 17 ans avec l'équipe de France, les deux compères d'attaque se retrouvent brusquement sous les projecteurs. Alors qu'il n'a encore que 16 ans, Florent Sinama-Pongolle demeure un phénomène de précocité, qui lui vaudra notamment un transfert dans le club mythique de Liverpool.

L'émission Sport Reporter a ainsi souhaité revenir sur le parcours atypique de l'enfant de La Réunion en lui consacrant un épisode dans le cadre de la série documentaire "Ados Stars", qui raconte les carrières précoces de plusieurs footballeurs français. "Quand on s'est lancé dans cette série, Florent nous est tout de suite venu en tête. Au début des années 2000, son transfert avait fait beaucoup de bruit", confie Arnaud Bonnin, présentateur de ce programme.

- Son incroyable lien avec la famille Le Tallec -

Quand on demande à Florent Sinama-Pongolle de replonger au plus profond de sa mémoire et se rappeler son premier souvenir avec un ballon de foot à La Réunion, la réponse est la suivante : "les tournois en plateau de l'EMF (École municipale de football) de Saint-Pierre avec Yves Dupuy, son directeur".

Né à Saint-Pierre le 20 octobre 1984, le marmaille attire très vite l'œil des spécialistes du ballon rond, qui descellent en lui un potentiel certain. Les recruteurs du club du Havre athletic club (HAC), charmés par les exploits de Florent lors d'un tournoi auquel ils avaient pris part sur l'île, ne perdent alors pas de temps et le font intégrer dans leur école de football.

Florent n'a que onze ans et déjà, il doit s'envoler pour la Métropole. Là, le bambin doit s'adapter à sa nouvelle vie. "La problématique n'était même pas liée au football. Elle concernait simplement le climat, la famille et la nourriture. C'était un peu compliqué au début", se souvient-il.

Il atterrit néanmoins au sein d'un foyer qu'il connaît bien : la famille Le Tallec, dont l'un des fils, Anthony, formera par la suite avec Florent un duo d'attaquants des plus prolifiques au sein des catégories jeunes du HAC et de l'équipe de France. Lorsqu'ils se rencontrent pour la première fois de leur vie, les deux espoirs du football français ne le savent encore pas, mais découvrent après quelques mots échangés qu'ils sont cousins par alliance.

Florent Sinama-Pongolle raconte cette incroyable anecdote. "Le Havre avait l'habitude de participer au tournoi de Pâques à La Réunion avec ses jeunes, dont Anthony faisait partie. Et la première fois où ils sont venus, on les a battus aux tirs au but en finale avec mon club de l'AS Saint-Pierroise. Je termine meilleur buteur, Anthony meilleur joueur. On fait une photo ensemble et son père me demande mon nom. Je lui réponds et là il bugue !"

Et il y avait de quoi être interloqué. Anthony Le Tallec lui apprend alors qu'il a une tante nommée Sinama-Pongolle en Métropole, tante qui n'est autre que la cousine du papa de Florent. "Son oncle est mariée avec la cousine de mon père", résume le Réunionnais. Le monde est petit !

"La vie est hallucinante", ajoute-t-il. "Cette anecdote a eu lieu en 1995, mais en 2019, lorsque je quitte à nouveau La Réunion pour venir en France travailler à Canal+, lors de l'enregistrement de ma carte d'embarquement, je passe et je m'aperçois que le passager juste devant s'appelle là encore Le Tallec ! Je ne le connaissais pas. Là je me dis que c'est pas possible…" Le destin peut parfois réserver des surprises inattendues.

Privé de son île pendant l'ensemble de sa carrière, qui l'aura fait voyager aux quatre coins du globe, de l'Angleterre au Portugal, en passant par la Russie, mais aussi les États-Unis et la Thaïlande, Florent Sinama-Pongolle a souhaité revenir sur ses terres d'origines avant de penser à sa reconversion. Presque 25 ans après s'être envolé de son caillou, il retrouve les siens pour quelques mois au début de l'année 2019.

"Je ressentais le besoin de passer du temps avec mes parents", confie-t-il. "Le monde professionnel m'avait éloigné d'eux depuis de nombreuses années et j'étais déjà dans une optique de reconversion en Métropole donc il fallait que je profite de cette opportunité."

Footballeur dans l'âme, il profitera par ailleurs de son retour sur l'île pour revêtir le maillot du club de ses débuts, l'AS Saint-Pierroise, et disputer quelques matches.

- Un regard critique sur le football réunionnais -

Le football péi occupe toujours une place particulière dans le cœur de Florent, qui lui reproche néanmoins quelques défauts. "Je pense que le football réunionnais est encore capable de sortir des joueurs au plus haut niveau, mais je trouve qu'il y a un petit creux sur ces dernières années. Il manque de véritables relais entre La Réunion et la Métropole, à l'image de ce qui se fait actuellement avec les Antilles par exemple. Après il faut aussi que les clubs réunionnais proposent des projets suffisamment intéressants pour permettre des partenariats avec des clubs de la Métropole".

Bien qu'il confirme que le football local soit "en progression", Florent déplore l'attitude de certains jeunes joueurs. "J'ai eu la chance d'entraîner les U19 de la Saint-Pierroise lors de mon retour ici et j'ai malheureusement constaté un état d'esprit défaillant chez la majorité d'entre eux. Il n'y a plus forcément de passion, mais de la lassitude. Une étape a peut-être été ratée dans leur formation", suppose-t-il.

Il ajoute : "lors de mon passage, j'ai aussi été déçu du manque d'importance voué à l'aspect humain. Il ne faut pas négliger tout ce qui se passe autour du carré vert et notamment les efforts effectués par certains joueurs, qui travaillent à côté en plus des matches et des entraînements. Il y a un gros manque de reconnaissance, ça m'a choqué. Et forcément, cela ne met pas les joueurs en confiance et dans de bonnes conditions pour éventuellement partir au plus haut niveau."

S'il devait donner un conseil à un jeune joueur réunionnais désirant frapper à la porte du haut niveau, Florent Sinama-Pongolle lui conseillerait par ailleurs d'opter pour un projet privilégiant "le beau jeu au résultat" car d'après lui, "c'est la passion qui permet de rester le plus longtemps possible au meilleur niveau".

Conscient des problèmes rencontrés par ce football qui lui est cher, le natif de Saint-Pierre n'exclut pas l'idée d'endosser à l'avenir ce rôle de relais entre la Métropole et son île afin de construire de véritables ponts entre leurs instances respectives. "Vous pouvez me citer un membre de la Fédération française de football ou de la Ligue d'origine réunionnaise aujourd'hui ? Je n'en connais pas…"

Florent Sinama-Pongolle pointe également du doigt le comportement de certains présidents de clubs locaux, qui amenuiseraient les chances d'atteindre le plus haut niveau pour certains de leurs espoirs. "Aujourd'hui, si un président a le choix entre donner sa chance à son meilleur joueur en l'envoyant dans un grand club ou le conserver pour garantir de bons résultats avec son équipe, malheureusement il choisira bien souvent la seconde option", d'après lui.

- Un nouveau costume qui lui va bien -

Aujourd'hui consultant pour la rédaction football du service des sports de Canal+, où il partage chaque week-end ses analyses du football anglais dans l'émission "King of the Day", Florent Sinama-Pongolle s'épanouit dans son nouveau costume. Arnaud Bonnin, qui le croise régulièrement à la rédaction sports décrit un collègue ayant "l'humilité de vouloir apprendre son nouveau métier, en se nourrissant des conseils donnés par l'ensemble de la rédaction".

"Il a beaucoup progressé, aujourd'hui, il est bien plus clair dans ses interventions. Mais il garde un côté très naturel, très solaire, avec sa façon à lui de parler. Des fois, certains consultants ne sont là que pendant l'enregistrement de leur émission. Florent c'est pas ça. Il arrive très tôt, échange avec les petites mains qui prennent part à l'élaboration des programmes. Il s'implique énormément" ajoute-t-il.

"Le relationnel avec les journalistes, les autres consultants ou les directeurs est vraiment super et en tant que spécialiste de la Premier League (première division anglaise), je me régale à analyser ce qui se fait de meilleur", appuie Florent.

Concerté dans le cadre de la production de l'épisode retraçant sa carrière, Florent Sinama-Pongolle a vécu de drôles d'émotions en se replongeant dans son passé. "Avec Anthony on a été étonnés de la quantité d'images d'archives rassemblées pour ce doc ! A l'époque on ne se rendait pas compte de tout cela. C'était émouvant de revoir tout ça."

Déjà disponible sur le site MyCanal, l'épisode de la série "Ados Stars" consacré à Florent sera diffusé sur Canal+ ce samedi 14 novembre à 14h25. Ayant déjà eu quelques retours, le Réunionnais s'est étonné de certaines réactions : "une amie m'a carrément envoyé un snap en pleurs en train de regarder l'épisode, c'est quelque chose de très touchant".

Florent Sinama-Pongolle a enfin souhaité laisser un message aux Réunionnais, conscient qu'ils vivaient actuellement une période compliquée. "Gardez cette chaleur présente dans les sourires, les plages et tout ce qu'il y a à La Réunion. On me parle toujours de ça quand j'évoque cette île avec quelqu'un…"

vl/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
Mercenaires !
Mercenaires !
3 ans

Je supporte la JSSP mais ce gars, médiocre footballeur en soi, n'est qu'un mercenaire et sa carrière le prouve. Méconnaissance du football local dont certains dirigeants comme la Jeanne privilégient la carrière des jeunes à celles de mercenaires du genre de Florent S-P. C'est un mec qui a raté dans les grandes largeur sa carrière et qui se permet ce genre de commentaire ! Canal plus n'avait pas de consultants acceptant de venir, les stars étant sur d'autres médias,ce dut pour lui inespéré ! Il a tout lâché à la JSSP de manière honteuse, espérant ce faire plus de beurre. Il suit tellement bien le.foot local qu'il ne voit pas nos.jeunes qui évoluent en Métropole ! Pff, toujours aussi hautain le Florent et qui senprens pour ce qu'il n'a jamais été !