Enfants de la Creuse

50 ans plus tard, elle retrouve sa famille réunionnaise

  • Publié le 3 décembre 2019 à 18:46

Elle fait partie des enfants réunionnais déportés dans la Creuse : Marie-Céline Veltrat, 64 ans, est revenue à La Réunion ce mardi 3 décembre 2019. Cela faisait plus de 50 ans qu'elle n'avait pas remis les pieds sur son île, qu'elle a quittée en 1966 contre son gré. Entre 1962 et 1984, plus de 2.015 mineurs ont été victimes d'une migration forcée de La Réunion vers l'Hexagone pour repeupler les villages ruraux. Il aura fallu attendre l'année 2014 pour que soit reconnue officiellement la "responsabilité morale" de l'Etat dans cette affaire. (Photos d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Marie-Céline Veltrat revient à La Réunion, 50 ans après son départ forcé vers la Creuse. A 64 ans, elle a atterri ce mardi 3 décembre au matin à l'aéroport de Roland Garros. "Elle vient de retrouver sa tante et son cousin, qui vivent à la Saline les Hauts. Mais ses parents sont décédés", explique Jean-Philippe Jean-Marie, président de l'association Rasinn Anler, qui s'occupe des enfants réunionnais exilés de force.

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Ce n'est que tardivement que cette ex-mineure déportée dans la Creuse a retrouvé les traces de sa famille réunionnaise. "Elle pensait, comme beaucoup, qu'elle était seule et que plus personne ne l'attendait ici", ajoute le président de l'association. Sa famille est entrée en contact avec l'association et de fil en aiguille a réussi à remonter jusqu'à Marie-Céline. Celle-ci a alors pu faire sa demande officielle et obtenir un billet d'avion pour rentrer et retrouver les siens.

Difficile d'établir le parcours précis de cette créole exilée. "Elle est difficilement joignable pour l'instant, ce qui est normal, elle va retrouver ses proches. Mais nous savons qu'elle est passée par Limoges" explique Jean-Philippe Jean-Marie. Comme beaucoup de petits créoles, celle-ci a été plus ou moins livrée à elle-même, "ces enfants étaient souvent ballotés de foyer en foyer". "Il faut une grande force pour vivre tout ceci" ajoute le président de l'association.

Une page sombre de l'histoire de La Réunion

On estime qu'ils sont 2.015 ex-mineurs victimes d'une migration forcée de La Réunion vers l'Hexagone orchestrée par l'État entre 1962 et 1984. Depuis le 18 février 2014 une résolution officielle votée à l'Assemblée nationale reconnaît la "responsabilité morale" de l'Etat dans l'affaire des enfants de la Creuse. Un texte proposé à l'époque par Ericka Bareigts.

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C'est une page sombre et souvent méconnue de l'histoire réunionnaise. Des décennies plus tard, beaucoup de ces petits créoles n'ont jamais revu leur île ou les membres de leurs familles. "On a déporté ces enfants pour repeupler les zones rurales de Métropole", explique Jean-Philippe Jean-Marie. "Selon nos calculs le nombre de mineurs exilés de force dépassé largement les 2.000, on table plutôt sur 5.000 car les documents officiels ont été falsifiés. Beaucoup n'ont pas été comptés", estime-t-il.

Pour aider ces déracinés, une commission d'experts "Déplacements vers la métropole de mineurs réunionnais des années 1963 à 1982" a été créée par le ministère de l'Outre-mer en février 2016.

L'épisode des "enfants de la Creuse" reste encore méconnu dans la mémoire réunionnaise. Les anciens exilés estiment que "beaucoup reste encore à faire". Leur espoir : que leur histoire entre dans les livres scolaires. L'association Rasinn Anler milite d'ailleurs pour que cette affaire soit reconnue comme "crime contre l'humanité".

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www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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5 Commentaires
pat974, depuis son mobile
pat974, depuis son mobile
4 ans

Bonjour, quand vous ( les médias) parlez des Â" enfants de la Creuse Â". Vous ne parlez jamais de Fuma, mais toujours des personnes politiques qui s'approprient son travail et qui, sans vergogne, récoltent les lauriers à sa place. Ça fait des années que cela dure. Même à l'hÃ'tel de ville de Saint Denis il n' a pas été invité lorsque la classe politique dyonisienne était célébrée pour son soit disant travail, qui n'était en fait que le fait de l'historien. Messieurs les journalistes, j'aimerais comprendre pourquoi vous faites cela.
Peut-être saurais-je un jour, qui sait ?
J'espère quand même avoir éveiller quelque peu la curiosité des lecteurs. ?

Jolaracaille
Jolaracaille
4 ans

Une "migration forcée" avec des allures de déportation, initiative de Michel Debré trop peu nommé dans cette tranche de l'histoire !!!....

GERARD97460
GERARD97460
4 ans

Tout cela est arrivé avec la bénédiction de Michel DEBRE que les réunionnais appelaient "papa DEBRE", pour moi il restera une vraie ordure qui a détruit la RÉUNION et en même temps tous les réunionnais, dire que toute sa famille était devenu des hommes d'état et qui profitait jusqu'à il n'y a pas trop longtemps de l'argent de l'état français, des profiteurs de l'argent des citoyens français.Tout cela ne serait jamais arrivé si il n'était pas venu à la RÉUNION avec l'aide des hommes de droite de notre île.

Alain
Alain
4 ans

"M" votre commentaire est ignoble et ne sert en rien la cause des enfants de la Creuse.Au webmaster d'IP je rappelle que le racisme est un délit, pas une opinion.... (Bonjour, merci pour le signalement, le commentaire a été dépublié, bonne journée à vous - webmaster)

Irène
Irène
4 ans

En souhaitant à elle et tous les siens un bon retour et une guérison pleine et entière