Tribune libre d'Olivier Hoarau, maire du Port

Ouvrons le champ des possibles, nous en sommes capables !

  • Publié le 4 septembre 2020 à 16:41
  • Actualisé le 6 septembre 2020 à 16:59

Le Premier ministre a présenté hier le plan de relance de l'État avec l'appui de l'Europe pour éviter la récession de tout le pays. 100 milliards d'euros au total seront engagés en faveur des ménages, des entreprises et des collectivités locales. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Les Outre-mer ont fait l’objet d’un volet spécifique. Une attention particulière qui mérite pourtant d’être détaillée. Sans préjuger de la pertinence du plan dessiné par le gouvernement, nous pouvons craindre légitimement qu’il y ait un décalage entre la volonté de la relance et son adaptation à nos réalités.

Bien sûr, que nous pouvons accueillir positivement les 3 axes qui préfigurent de l’application du plan de relance national sur nos territoires.

L’axe de verdissement de l’économie que nous défendons depuis longtemps au Port et dans notre action politique. Nous devons faire de la transition écologique un atout et une exigence.

C’est un atout pour la création d’emploi local. Notre ingéniosité créole, nos savoir-faire traditionnels, notre esprit d’innovation, la richesse de notre biodiversité doivent nous permettre de rayonner au-delà de nos frontières.

Je me réjouis que la préservation de la ressource en eau soit un enjeu majeur du plan de relance. C’est le projet que nous portons au Port avec la réutilisation des eaux traitées en sortie de station d’épuration et qui doit nous permettre d’économiser 46% d’eau potable. C’est notre ambition pour le Port et pour toute La Réunion.

C’est aussi une exigence car nous nous devons plus qu’ailleurs d’être exemplaire en matière de protection de l’environnement tant nous avons à protéger sur cette île.

L’axe de renforcement de la compétitivité des entreprises car notre richesse repose sur l’énergie de nos forces vives. Cet esprit de résilience et cette volonté de se dépasser doivent être encouragés car c’est là que se situe la vraie richesse de notre territoire. Elle se trouve dans les femmes et les hommes qui le composent.

Or, à la lecture des éléments avancés par le Premier ministre sur le soutien à l’économie locale, une grande part est fléchée sur la Nouvelle Route du Littoral. Sauver un projet d’une telle ampleur grâce au plan de relance national suite à une crise sanitaire imprévisible, quelle irresponsabilité dans la gestion de ce projet. Pourtant, comme tous les Réunionnais, je souhaite que la route se finisse.

Je regrette que cela soit au détriment des petites entreprises qui espéraient beaucoup de ce plan de relance. Je regrette que la Région ne se saisisse pas de l’occasion de ce plan de relance pour inscrire un véritable réseau ferré ou type tram-train directement dans le chantier de NRL puisque 11 milliards des annonces sont consacrés au transport. Je regrette tout autant l’absence d’actions en faveur du monde culturel. Nous savons pourtant combien ce secteur économique est primordial à l’équilibre et au développement de notre territoire.

Enfin, l’axe de cohésion sociale et territoriale est essentiel au regard de nos indicateurs sociaux : taux de chômage, personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté, surpopulation dans les logements, problème de décohabitation, décrochage scolaire…

Plus de justice sociale et une meilleure prise en compte des besoins exprimés par nos concitoyens font parties des éléments indispensables à une approche territorialisée du plan de relance.

Bien sûr, j’ai noté le renforcement de l’enveloppe de contrats PEC. J’avais d’ailleurs alerté Annick Girardin alors Ministre des Outre-mer sur la nécessité de conforter notre action collective sur la lutte anti-vectorielle, sur l’accompagnement des nouveaux besoins survenus à cause de la crise Covid et sur l’insertion dans le secteur marchand. C’est une bonne nouvelle mais cela ne doit pas être à nouveau un pansement sur une jambe de bois.

Je l’ai dit et je le répète, nous devons AGIR COLLECTIVEMENT si nous voulons réellement enrayer la spirale infernale du chômage à La Réunion.

Bien sûr, tout cela prendra sens à partir du moment où un projet Réunionnais de développement sera posé et défendu à l’échelle régionale.

Il s’agit d’arrêter la politique du saupoudrage pour définir une véritable stratégie de développement du territoire, concertée, participative et surtout qui permette une action collective des acteurs, moteur de ce développement.

Plus que se relancer, La Réunion doit prendre un nouveau départ, s’ouvrir un nouvel horizon.

Olivier Hoarau, maire du Port, vice-président au développement économique et au tourisme au TCO

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1 Commentaires
Vivi
Vivi
3 ans

J'apprécie de plus en plus ce Maire qui est posé, réfléchis et qui a discours construit. Je ne connaissais pas Olivier Hoarau et je ne connais pas spécialement Le Port mais des amis qui y vivent me disent le vent de changement qu'il y a apporté. Je pense qu'il ferait un très bon Président de Région pour remplacer Didier Robert qui Va d'échec en échec.