Les 28 millions d'euros toujours en débat

Aide compensatoire à la filière canne en 2020, la réponse connue "très prochainement"

  • Publié le 11 juillet 2019 à 02:59
  • Actualisé le 11 juillet 2019 à 09:34

Quid de l'aide compensatoire à la canne ? Les 28 millions d'euros censés être distribués annuellement à La Réunion sont "en débat" pour l'année prochaine, avait indiqué la ministre des Outremer le 18 juin dernier. Trois semaines plus tard, toujours aucun retour. Les acteurs du monde agricole attendent la réponse fatidique... Oui ou non, l'aide sera-t-elle renouvelée en 2020 ? La Chambre de commerce et d'industrie (CCI) a rencontré la ministre des Outremer ce mardi 9 juillet à Paris. Annick Girardin a tenu à "rassurer" les Réunionnais, la réponse devrait être donnée selon elle très prochainement. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

L’aide de 28 millions d’euros allouée à la filière canne sucre est toujours en réflexion du côté du gouvernement… C’est en tout cas ce qu’a indiqué Annick Girardin au président de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de La Réunion, Ibrahim Patel.

Alors que les différents présidents des CCI des Outremer étaient rassemblés à Paris pour discuter de diverses pistes de collaboration avec le ministère, Ibrahim Patel a remis à Annick Girardin une motion établie par les transporteurs de canne. Dans cette mention, la délégation des transporteurs, signataire du document, évoque une aide absente du plan de finances : "Le projet de loi de finances doit être présenté dans quelques jours par Bercy (…)  La filière canne ne figure pas, à notre connaissance, dans ce projet."

Lire aussi : La CCI remet une motion sur la filière canne à Annick Girardin

Contacté, Ibrahim Patel nous précise ses inquiétudes. "C’est connu de tous, et Tereos est le premier à s’en inquiéter, le doute est bien réel concernant la reconduction de cette aide." Pas de preuve absolue, donc, que les 28 millions sont absents du projet de finances, mais des questions se posent.

Annick Girardin, sans donner de réponse claire pour autant, a assuré au président de la CCIR que le "gouvernement travaille dessus" et que la réponse sera "communiquée très prochainement", selon les propos rapportés par Ibrahim Patel.

Mais travailler dessus, cela veut-il dire nécessairement conserver l’aide ? La CCI de La Réunion reste confiante. "Je ne pense vraiment pas que le gouvernement va supprimer cette aide", estime Ibrahim Patel. "La ministre nous a laissé entendre que la porte n’était pas fermée, loin de là."

Des propositions devraient bientôt être faites, ajoute-t-il. A quoi peut-on s’attendre selon lui ? "Je ne sais pas si l’aide sera rabotée, on peut imaginer en tout cas qu’elle sera conservée mais subira quelques modifications, peut-être en terme de répartition… attendons de voir."

La Chambre d’Agriculture n’a de son côté aucune information concernant l’avancée des réflexions. "On attend, il faut être patient", avoue Bruno Robert, premier vice-président. "Nous savons que c’est toujours en discussion au sein du gouvernement, mais nous n’avons pas plus d’informations pour l’instant."

Levée de boucliers

Les 28 millions d’aide – 38 millions en tout, dont 28 millions pour La Réunion et 10 millions pour la Guadeloupe – ont en effet été remis en question le 18 juin dernier par Annick Girardin lors d’une séance de questions au gouvernement. Alors qu’elle répondait à une question de la députée Huguette Bello, les termes, bien que prudents, ne sont pas passés inaperçus : "Faut-il renouveler cette aide à une transition ? Sachez que le Gouvernement est mobilisé, que cette question est au coeur des préoccupations du ministre de l’agriculture et au coeur des miennes, vous le savez. (...) Vous aurez une réponse très prochainement."

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Depuis, les réactions se sont rapidement enchaînées. Pour Bruno Robert, de la Chambre d’Agriculture, "ce ne serait pas responsable de la part de l’Etat de supprimer cette aide maintenant". Plutôt confiant, il estime qu’il n’y a "pas d’inquiétude à avoir".

Jean-Michel Moutama, vice-président de la Confédération générale des éleveurs et planteurs de La Réunion (CGPER), avait estimé que supprimer cette aide mènerait bien entendu à une "catastrophe totale". D’autant plus qu’en dix ans, le nombre de producteurs de canne à sucre est passé de 3.500 à 2.800.

Idem pour le syndicat Unis pour nos agriculteurs (UPNA). Son président, Dominique Clain, est catégorique : sans aide, les 18.300 emplois directs issus de la filière canne sucre sont plus que menacés, et les usines de Tereos "mettront la clé sous la porte".

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En somme, les planteurs sont plus qu’inquiets, et avec eux Philippe Labro, président du syndicat du sucre de La Réunion. "On est face à un coup dur", avait-il admis lors de la présentation de "Production locale réunie", une bannière commune qui regroupe près de seize acteurs du monde agricole réunionnais. "L’Etat avait pourtant pris des engagements fermes avec la Convention canne, qui se poursuit jusqu’en 2021." Effectivement, Emmanuel Macron en personne avait promis en personne que cette aide ne bougerait pas, lorsqu’il menait campagne en tant que candidat à la présidentielle en 2017.

mm/www.ipreunion.com/redac@ipreunion.com

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