Après des analyses menées à la Plaine des Cafres

La fièvre Q, elle aussi responsable d'avortements chez les vaches

  • Publié le 17 août 2019 à 02:59
  • Actualisé le 17 août 2019 à 12:07

Dans un document de la Direction de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt de La Réunion (DAAF) datant du début de semaine, et transmis à Mélusine Lauret, on apprend que l'une des vaches de son exploitation ayant avorté le 1er juillet a été contaminée par la fièvre Q. Une maladie parmi tant d'autres sur l'exploitation des Lauret, située à la Plaine des Cafres. La fièvre Q, assez proche de la chlamydiose, peut provoquer des avortements chez la vache... comme chez l'humain, dans de très rares cas. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

C'est un courrier que Mélusine Lauret a reçu directement de la DAAF. Dans ce document on peut lire que des "investigations analytiques ont été menées sur le sang" d'une vache ayant récemment avorté. Aux tests menés, la catégorie "fièvre Q" apparaît positive. "En conclusion, la vache a avorté le 1er juillet 2019 des suites d'une infection par la bactérie Coxiella burnetti (Fièvre Q). La présence de cette bactérie n'entraîne aucune mesure de police sanitaire."

Comme nous l'avions évoqué précédemment, la chlamydiose est une bactérie qui provoque des avortements chez les vaches. Cette fois, c'est de la fièvre Q qu'il s'agit. Alors comment se manifeste-t-elle exactement ?

  • Quels animaux sont touchés ?

Selon la DAAF, la fièvre Q touche "la plupart des espèces animales" même si cela reste une "maladie connue surtout chez les ruminants domestiques (ovins, caprins et bovins)".

Cette maladie se transmet par voie respiratoire : "essentiellement par inhalation de particules contaminées par des produits d'avortement" complète la DAAF. En l'occurrence, ces poussières peuvent transporter la bactérie. Une transmission est également possible "par l'intermédiaire de tiques".

Sur les bêtes, la bactérie est souvent "sans symptôme". Cela dit, concernant les bovins on peut parfois observer "infections de l'utérus, avortements, infertilité, parfois symptômes respiratoires". Pour les vaches, la bactérie peut être présente dans les produits de mise base, dans les secrétions vaginales, les déjections ou bien le lait.

Selon Annie-Claude Abriska, présidente de l'ADEFAR (association de défense des agriculteurs réunionnais), "quand nous avons observé des cas de fièvre Q chez les éleveurs de l'ADEFAR, on nous a expliqué que le lait subissait un traitement thermique". De quoi rassurer les consommateurs de lait péi.

  • Quel risque pour l'homme ?

La DAAF le dit elle-même, la bactérie est "extrêmement résistante, pouvant être transportée à grande distance, surtout par temps sec." La transmission par le lait reste très rare, mais elle peut être transmise à l'humain lors de manipulations en cas de mise bas. Si la vache qui vêle est atteinte par la bactérie, elle peut la transmettre à l'éleveuse ou l'éleveur qui l'aide à mettre bas, en cas de contact avec les secrétions, le placenta ou les déjections de l'animal.

En France, on diagnostique 200 cas humains par an. La DAAF le précise elle-même à nouveau, le nombre est "très certainement sous-estimé". Le nombre de personnes risquant d'être touché lui, est assez élargi, car la transmission de la bactérie concerne tous ceux qui travaillent en présence d'animaux ou de leur environnement, soit : les éleveurs, les vétérinaires, les ouvriers d'abattoir, mais aussi le personnel des laboratoires vétérinaires.

Ne pas être en contact direct avec les vaches ne veut pas dire qu'on est protégé. "Les personnes sans relation directe avec ces activités peuvent être contaminées à distance par des aérosols transportant la bactérie" explique la DAAF.

Les populations les plus menacées sont "les personnes ayant une affection cardiaque et les femmes enceintes". Cela reste rare mais en cas de symptômes, les humains peuvent être atteints d'une grippe "guérissant en une dizaine de jours". Pour les femmes enceintes, il y a un "risque d'avortement". Par ailleurs en cas de complications, la fièvre Q peut provoquer des problèmes cardiaques.

  • Comment s'en prévenir ?

La DAAF ne communique pas sur la fièvre Q sans une longue liste de conseils pour adopter les bonnes mesures de prévention… Ce document, Mélusine Lauret l'a d'ailleurs reçu en complément des documents vétérinaires. Il faut bien évidemment nettoyer et désinfecter le plus possible son exploitation, mais aussi lutter activement contre les insectes… bref avoir une hygiène irréprochable.

Annie-Claude Abriska, présidente de l'ADEFAR (association de défense des agriculteurs réunionnais), explique que cette maladie "est finalement très proche de la chlamydiose". En effet cette autre bactérie détectée sur le cheptel des Lauret peut aussi provoquer des avortements chez les vaches, et de façon minime et très rare des avortements chez la femme.

Lire aussi : Après la leucose, la chlamydiose : les grands maux des bovins pei

Rappelons-le concernant la chlamydiose, au moins de mai dernier, le couple Lauret apprend que la chlamydiose bovine est présente parmi ses bêtes, avec 3 cas confirmés. Selon les éleveurs, les avortements sur leur cheptel était répétés depuis 2015. C'est le Laboratoire vétérinaire départemental (LVD) en personne qui leur a confirmé la présence de la bactérie chlamydiose sur leur exploitation.

Or le couple dénombre une vingtaine de veaux morts-nés. Le dernier en date, c'était le 9 août, lorsqu'une vache prête de vêler est morte sur l'exploitation.

Le bras de fer est violent entre les éleveurs et la DAAF. Durant cet hiver austral, une crise intense a explosé à la Plaine des Cafres. Les agents de la DAAF étaient venus sur place, sans l'autorisation des Lauret, afin d'euthanasier une vache malade, et couchée depuis 4 jours selon les fonctionnaires. Révoltés de ne pas avoir été prévenus, les éleveurs, soutenus par l'ADEFAR et des gilets jaunes, avaient empêché les agents de repartir, jusqu'à ce qu'une médiation soit trouvée le lendemain.

Lire aussi : Les deux agents de la DAAF bloqués sur une exploitation portent plainte

mm/www.ipreunion.com/redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
Un Consommateur, depuis son mobile
Un Consommateur, depuis son mobile
4 ans

Avec tout ce qui est rapporté comme maladie sur l'exploitation des Lauret, pourquoi personne ne porte de protection sur ce site? Il est dit que certaines de ces maladies peuvent se transmettre sans contact, apparemment pour certaines transmissibles à l'homme.Il y a eu une fois où il était montré sur ce site des personnes avec des combinaisons, mise en scène ou pas? Est ce que l'état est le seul fautif, et ces éleveurs les seuls victimes? A un moment faudra arrêter ces sketches et revenir vers les vrais éleveurs qui triment tous les jours pour trouver des solutions avec tous les organismes et aides mis à leur disposition. Pour trouver des solutions il faut être capable d'échanger et d'écouter.