Tribune libre de CREFOM Réunion

Langue créole : Le CREFOM demande une mission d'inspection

  • Publié le 20 août 2019 à 07:40
  • Actualisé le 20 août 2019 à 13:27

Une délégation du CREFOM Réunion composée de Richel SACRI, Délégué Régional, Christian MAUVE, Secrétaire Général, Gabriel FONTAINE, professeur certifié de langue créole et Thierry LAUDE, professeur agrégé de philosophie, tous deux membres du Crefom Réunion a rencontré ce lundi 19 août 2019 M. Richard SENGHOR, conseiller spécial de M. Jean Michel BLANQUER, Ministre de l'Education Nationale.

Le premier point abordé avec le conseiller spécial a concerné l’expression orale du créole dans nos instances et nos établissements scolaires.

Nous avons fait part au conseiller de ce qui s’est passé le 5 juillet 2019, à savoir le refus par le Recteur de laisser s’exprimer en créole des participants au cours de la réunion du conseil académique des langues régionales. Compte tenu de l’émoi suscité par cette affaire et qui a eu pour conséquence le dépôt d’une plainte pour discrimination d’une participante, parente d’élève, le Crefom Réunion a rencontré le Recteur pour qu’il précise sa position. On voulait connaitre celle du Ministre eu égard à la politique gouvernementale, et des déclarations du Président de la République.

En effet Lors de sa visite à Quimper, le 21 juin 2018, le Président de la République a affirmé son soutien aux langues régionales, qui ont, selon lui, un vrai rôle à jouer dans l’enracinement qui fait la force des régions. Il a, par ailleurs, indiqué qu’il allait pérenniser leur enseignement. Marque de cet intérêt : contrairement à la pratique dans les gouvernements précédents, l’actuel Ministre de l’Éducation nationale s’est entouré d’un conseiller " langues régionales ". Le conseiller a exprimé son ouverture et sa sensibilité sur ce sujet dont il a convenu qu'il était sensible. Sur cette thématique du Créole à l’école, de sa place, de son rôle et de son expression, le Crefom a formulé deux demandes au Ministre :

1) La mise en place d’une mission d’inspection par l’inspection générale de l’Education nationale pour une évaluation des dispositifs de l’enseignement du Créole à La Réunion et dans les DOM
2) La mise en place d’un module de formation à l'INSPE (Institut National Supérieur du Professorat et de l'Éducation) à la connaissance du territoire, de sa spécificité et de sa langue, ce module devant être validé par une habilitation à enseigner en milieu Créolophone pour les enseignants non Créolophones arrivant à La Réunion. La priorité peut être mise sur le premier degré. En effet, si nous voulons que les élèves qui ne parlent que le Créole puissent apprendre le Français dans les meilleures conditions, cette formation est indispensable.

Deuxième point abordé : Les mutations des enseignants lauréats sur l’Hexagone malgré les avis favorables de l’Académie de La Réunion.


Le Crefom a évoqué la problématique des mutations des professeurs sur l’Hexagone malgré des avis favorables obtenus lors de la commission académique de révision des affectations et transmis au ministère. Lors de notre rencontre avec le Recteur et le Secrétaire Général, ces derniers nous ont affirmé que lorsqu’un avis favorable était délivré cela signifiait que l’académie pouvait accueillir l’enseignant. Sur 83 demandes de révision d’affectation pour la rentrée 2019-2020 examinés par l’Académie de la Réunion, la moitié a obtenu un avis favorable et le ministère
n’en a retenu finalement qu’une vingtaine. Pour illustrer nos propos, nous avons évoqué la situation concrète de deux enseignantes.

Le conseiller du Ministre nous a affirmé qu'il s'agissait d'un mouvement national et qu'il sera attentif au respect de la procédure particulièrement pour les cas évoqués. Le Secrétaire général adjoint a précisé que l'avis favorable permettait d'intégrer à nouveau le barème national, et que, malgré cela, certains candidats n'étaient pas nécessairement les mieux classés au niveau national.

Troisième point abordé : La situation des enseignants de philosophie des classes préparatoires du lycée Bellepierre, ainsi que le contexte général de cet enseignement à la Réunion.

Des professeurs ont été confrontés à des refus de postes alors que leurs dossiers seraient nettement supérieurs, des étudiants de classes préparatoires ont vu leurs cours non remplacés, la chargée de mission s'est vue retirer sa charge, et des collègues font état de pressions et de souffrances. Pour les professeurs Réunionnais, à tort ou à raison, ces pratiques ne visaient rien d'autre que d'abattre des collègues éminents pour faire un exemple et placer des candidats extérieurs. Dit autrement, ils ont le sentiment que depuis un an et demi l'Inspection Générale de la discipline ne prend pas la mesure de l'ampleur de la crise occasionnée dans l'Académie et des conséquences sur les
carrières des enseignants concernés.

Richel Sacri

Délégué Régional
Crefom Réunion

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