Environnement - Radar Aviscan II

Vols d'oiseaux sous surveillance

  • Publié le 4 décembre 2010 à 23:00

C'est sur le site de la Grande Chaloupe que Biotope, un bureau d'étude privé spécialisé dans l'environnement, proposait une démonstration du radar Aviscan II, ce vendredi 3 décembre 2010. Cette nouvelle technologie est utilisée pour étudier les oiseaux en les détectant en plein vol jusqu'à 1 500 mètres de hauteur. L'outil sert à mieux observer et connaître les migrations des oiseaux marins, comme le pétrel de barrau ou le puffin de Baillon, mais aussi à évaluer les impacts d'aménagements telle une ligne d'éoliennes, sur ces espèces protégées.

Utilisée à l'origine pour l'aéronautique ou encore la pêche, la technologie du radar a été adaptée et mise en ?uvre sur l'île pour l'étude des oiseaux marins. En plus d'être indigène (originaire de La Réunion) ou endémique (spécifique à La Réunion) ces espèces ont la particularité de migrer la nuit et souvent par des ravines ou vallées difficiles d'accès.

Jusqu'à présent les ornithologues de l'île, spécialistes des oiseaux, observaient les volatiles principalement à l'aide de jumelles infrarouges, outil limité à une distance de 300 mètres. Avec le radar, "on dépasse les limites d'observation humaines" affirme Matthieu Souquet, directeur régional de l'agence Biotope Océan Indien. "Le radar nous donne le flux et la hauteur des oiseaux passant à un endroit donné, et ce jusqu'à une hauteur de 1500 mètres".

Plusieurs éléments scientifiques basés sur des observations humaines ont ainsi été confirmés par l'outil, notamment les couloirs de migrations des oiseaux. "À Ilet à Cordes nous avons détecté 5 000 échos (signal détecté par le radar) par heure sur une distance d'un kilomètre au sol" raconte Matthieu Souquet. En s'appuyant sur les études existantes, "on peut déterminer les espèces grâce à leur hauteur de vol" précise-t-il.

Ce radar Aviscan II est ainsi transporté sur toute l'île pour des nuits de recueil de données. Pour Biotope, l'objectif est à terme "d'obtenir une cartographie précise des corridors de migrations des oiseaux, notamment des espèces protégées".

"Parmi les oiseaux marins réunionnais, certaines espèces sont protégées par le code de l'environnement" rappelle Matthieu Souquet. Il ajoute, "les aménageurs sont hors la loi s'ils perturbent les migrations de colonies, avec par exemple la construction d'un pont". D'où l'importance de pouvoir quantifier et localiser avec précision les trajets de migrations.

Présent à la démonstration, Yannick Giloux, directeur de la société d'études ornithologiques de La Réunion (Seor), s'intéresse à cet outil "qui permet de visualiser précisément le passage des oiseaux. Il ajoute, "le plus intéressant sera par la suite de trouver comment s'en servir pour résoudre le problème des échouages des oiseaux, victimes des lumières du littoral".


Marie Trouvé pour
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