Tribune libre d'associations réunionnaises réunies

"À la République mauricienne et à ses concitoyen.nes"

  • Publié le 19 juin 2018 à 15:03
  • Actualisé le 19 juin 2018 à 15:05

"Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde", Albert Camus. Les menaces proférées à l'encontre des membres du Collectif Arc-en-ciel nous obligent, nous, associatifs réunionnais, à nous interroger sur le devenir des libertés individuelles et sur la protection apportée à ceux et celles qui les défendent à Maurice.

Pauline Vernier porte-parole du Collectif Arc-en-ciel passe le plus clair de son temps entre commissariat et avocats, dans un imbroglio juridique.

Il y a peu de temps la marche des fiertés mauricienne , légale et autorisée par la police, a dû être annulée, grâce à l’esprit de responsabilité de ses organisateurs. Les participants se sont retrouvés face aux membres d’un groupuscule extrémiste islamique leur barrant le passage, insultant et menaçant les personnes LGBT. La police s’est montrée incapable de résoudre la situation et de permettre le bon déroulé de la marche.

Aujourd'hui le gouvernement mauricien fait preuve d'un certain silence sur le sujet … tout autant que les élu.e.s réunionnais.es.

Aujourd'hui ce sont les personnes LGBTI qui subissent les conséquences de la frilosité du gouvernement mauricien, mais demain qu'en sera-t-il des droits des femmes ou de toute autre cause ayant besoin de protection face aux extrémismes religieux?


Chaque année l'île Maurice reçoit près d'un million de touristes. Nombreux sont LGTBI ou gay-friendly. Il faut encore et encore rappeler le droit pour chaque personne de vivre sa sexualité quels que soient son orientation sexuelle ou son identité de genre ?

Une “gay-pride” est une marche festive et pacifique qui a pour objectif d'affirmer que dans un état de droit toute personne peut vivre et aimer : comme il ou elle est, comme il ou elle l'entend.

Le rôle d'un gouvernement est de faire respecter la loi et de protéger les libertés de tous ceux et toutes celles qui en sont les citoyens. Maurice est un état laïque qui revendique la diversité de son peuple et doit la faire respecter. L'île Maurice vivrait-elle dans un autre siècle en ce qui concerne les droits humains et au présent quand il s'agit de tourisme ou de commerce ?
Mais, questions simples : quel serait l’impact si le gouvernement cédait face à la menace et au chantage ? Quel serait l’impact si le gouvernement ne prenait pas la mesure de la gravité de l’agression dont ont été victimes le Collectif Arc-en-Ciel et ceux qui les soutiennent ?

Impossible d’imaginer que le gouvernement puisse à notre époque s'arranger d'une telle situation niant une réalité où homophobie, lesbophobie, biphobie, transphobie se développent dangereusement ?

On ne peut concevoir le développement et l'avenir d'un pays sans prendre en compte les Droits Humains au coeur de toute éthique politique.

Les associations de la Réunion intervenant dans la lutte contre toute forme de discrimination et pour la non-violence, signataires de ce communiqué, formulent le voeu qu’une réponse officielle soit apportée au plus haut niveau de l’état , face aux paroles de haine proférées par le groupuscule extrémiste à l’origine de cette violente discrimination. Les réactions manifestées par ce groupuscule face à la programmation de la marche de liberté montrent bien que cet événement n’a servi que de prétexte révélant de façon brutale et grave un problème bien plus profond de nature à alerter les autorités mauriciennes.

Par le présent message nous apportons un soutien clair à nos ami(e)s mauricien(ne)s luttant pour les droits humains, dans leur quête de respect et d'une plus grande justice (cela doit passer par l’abrogation de la section 250 du Code Criminel mauricien, attendue depuis plus d’une décennie).

Ne confondons pas victimes et coupables, ce ne sont pas ceux qui défendent les droits humains qui doivent être considérés comme des fautifs, mais bien ceux qui portent atteinte à l'ordre public."


Nadége Naty (Mouvement Français pour le Planning familial), Catherine Gaud (association RIVE de lutte contre le VIH), Juëlle Boyer et Stéphane Ducamp (Fédération Total Respect de lutte contre les LGBTI-phobies), Pasquine Roussel et Geneviève Payet (ARIV Antenne Réunionnaise de l'Institut de Victimologie), Fabienne Rubira et Sylvie Leroux (Chancegal Agence pour l'intégration de l'égalité des chances hommes femmes)

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1 Commentaires
Michel
Michel
5 ans

La criminalisation des actes homosexuels a été abolie en France et en Angleterre en... 1791.
Le code criminel mauricien en sa section 250 et la classe politique mauricienne continuent à criminaliser ces pratiques. Ils montrent à quel point ils retardent sur le plan sociétal.
En fait ils font la part belle à tout ce que la société mauricienne compte de plus réactionnaires, à savoir les religieux de tout bord, qu'ils soient catholiques, musulmans ou hindouistes !
La république mauricienne est indépendante de ses anciennes métropoles coloniales, mais reste encore marquée aujourd'hui par une mentalité arriérée, car imprégnée de préceptes religieux archaïques qui s'opposent à l'épanouissement des individus quelques soient leurs affinités sexuelles ou autres.