Une consultation citoyenne est lancée

Revenu universel d'activité : encore beaucoup de zones d'ombre

  • Publié le 21 octobre 2019 à 02:58
  • Actualisé le 21 octobre 2019 à 06:40

C'est l'un des projets phares d'Emmanuel Macron mais aussi l'un des dossiers les plus sensibles de son mandat. Le revenu universel d'activité permettrait de fusionner plusieurs prestations sociales : le RSA (revenu de solidarité active), les APL (aides personnalisée au logement) et la prime d'activité. Objectif affiché du dispositif par le gouvernement : harmoniser les aides sociales, lutter contre la pauvreté et inciter à la reprise d'activité. Mais la colère gronde du côté des associations et l'inquiétude s'installe chez les bénéficiaires de ces aides (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

L'avis des citoyens demandé

Ce mercredi 9 octobre, le gouvernement a lancé une grande consultation citoyenne en ligne sur l’un des plus gros chantiers du quinquennat. L’exécutif souhaite mettre les Français à contribution pour dessiner les contours de cette mesures qui pourrait changer la vie de millions d’entre eux et avoir un impact encore plus retentissant dans notre département.

Ce revenu universel serait l’une des réformes clés pour lutter contre la pauvreté. Le gouvernement est parti d’un constat : nombreux sont les Français éligibles au RSA, à la prime d’activité ou aux APL qui n'en font pas la demande. Ce revenu universel permettrait de faciliter les démarches "d’offrir un système plus lisible en regroupant et harmonisant un maximum d’aides sociales" précise le gouvernement sur son site.

Trois autres axes mis en avant par l’État

• "assurer une existence digne aux bénéficiaires en instaurant un montant minimum permettant de faire du revenu universel d’activité un filet de sécurité",
• "encourager la reprise d’activité en faisant en sorte qu’un allocataire retrouvant un travail touche systématiquement davantage à la fin du mois"
• "répondre à un principe d’équité en harmonisant le mode de calcul des droits au revenu universel d’activité"

Beaucoup de zones d'ombre

Si les objectifs sont clairs, les détails de la réforme ne sont pas encore connus. Plusieurs points sont ouverts à la discussion. L’exécutif se demande si le minimum vieillesse, l’allocation pour adulte handicapé ou encore l’allocation de solidarité spécifique doivent être inclus à ce revenu universel d’activité. Ou s’il doit être élargi aux jeunes de moins de 25 ans, qui, actuellement, ne sont pas éligibles au RSA. Les détracteurs de la réforme affirment que ce revenu universel ne ferait que favoriser l’assistanat. Les plus dubitatifs se demandent s’il y aura une contrepartie pour les bénéficiaires. Quand certains allocataires craignent de voir le montant de leurs prestations sociales diminuer.

Certains y sont farouchement opposés

Ces exemples sont autant de points de friction, justement ce qui pousse le gouvernement à consulter les citoyens. Avant les contributions des Français, il y a eu une consultation institutionnelle réalisée auprès d’associations notamment. L’une d’elles, le Comité d'entente des associations représentatives de personnes handicapées et de parents d'enfants handicapés est montée au créneau, publiant une tribune enflammée dans les colonnes de nos confrères du Journal du dimanche.

Le Comité s’insurge notamment contre l’intégration de l’allocation adulte handicapé dans ce revenu universel "l’attribution d’un revenu minimum d’existence pour les personnes en situation de handicap ne doit en aucun cas être conditionnée à des droits et des devoirs supplémentaires. Elle ne doit pas être mise au regard d’un potentiel accès au travail, au risque de compromettre la situation de millions de personnes en situation de handicap."

Des doutes

Des doutes partagés également par les bénéficiaires de prestations sociales qui craignent de voir le montant de leurs aides diminuer. Pour le moment, le gouvernement se garde bien d’aborder la question de ce revenu universel, ce qui ne fait que faire monter les inquiétudes parmi les 15 millions de Français qui pourraient être touchés par cette réforme. Certains pensent que la mesure pourrait être le moyen pour l’exécutif de faire des économies en rabotant dans les prestations sociales. Ce qui serait en totale contradiction avec les objectifs annoncés par l’État.

Donnez votre avis !

La parole est maintenant aux Français, la consultation citoyenne se déroulera jusqu’au mercredi 20 novembre 2019. Tout citoyen est invité à donner son avis sur la question sur un site internet dédié. Puis, du 14 octobre au 2 décembre, des ateliers citoyens en région vont être organisés dans six villes, dont Bordeaux. Enfin, début 2020, un jury citoyen clôturera la concertation. Une loi devrait ensuite voir le jour avant la fin de l’année, pour une application d’ici 2023.

fh / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

guest
1 Commentaires
Ève
Ève
4 ans

Encore une façon de faire des économies sur les plus petits revenus Pour moi ça annonce pas quelque chose de bénéfiques pour les allocataires de la CAF.