En visite à La Réunion pendant deux jours (actualisé)

Vie chère, chômage, NRL... le menu d'Emmanuel Macron est copieux

  • Publié le 22 octobre 2019 à 12:49

Emmanuel Macron revient à La Réunion avec cette fois sa casquette de président de La République. Sa dernière visite remonte à la campagne présidentielle de 2017, durant laquelle il était allé à la rencontre de la population sur les marchés au son du sega, ou dans les champs de canne sabre à la main. Plus de deux ans après son élection, l'accueil risque d'être plus mitigé. Les syndicats appellent à la grève le 24 octobre pour "l'ensemble des salariés du secteur privé et du secteur public". Objectif : dénoncer sa politique et "l'absence de réponse à la hauteur des enjeux en matière d'emplois, salaires, retraites, vie chère, logement, services publics, indemnisation-chômage". Tour d'horizon des sujets brûlants qui attendant le chef de l'Etat durant cette visite (Photo archives rb/www.ipreunion.com)

  • La vie toujours chère

Prix des loyers, coût de la vie au quotidien, prix à la pompe qui repart à la hausse... Ces sujets sont au coeur du quotidien des Réunionnais. "Tout est aussi cher, si ce n'est plus cher, qu'avant la mobilisation des gilets jaunes" déplore Alex, un Gilet jaune du Port (ouest de l'île).

Selon l'Insee, le coût de la vie, pour un budget moyen de ménage réunionnais, est de 7,1% plus élevé à La Réunion que dans l’hexagone. Cela alors que le revenu médian est inférieur de 30% à La Réunion par rapport au niveau national (AFD, 2015).

En 2018 les prix s'étaient même envolés, avec une inflation record de 1,8%. Une situation inédite depuis 2012. En 2019, l'inflation est moins rapide mais le coût de la vie continue d'augmenter. Depuis le début de l'année, l'augmentation est de +0,6%. En septembre, pour la première fois depuis des mois, les prix baissent enfin de -0,6%, mais grâce aux soldes et aux tarifs aériens hors saison.

Lire aussi : En septembre, les prix baissent de 0,6 % à La Réunion

Selon un sondage Ipsos Océan indien pour Réunion 1ère (sur un échantillon de 800 Réunionnais de 16 ans et plus), 85% de la population s'inquiètent de voir les prix augmenter, et 40% d'entre eux avouent réduire leurs achats "plaisir" pour limiter le budget courses. Par ailleurs plus de 50% des sondés disent utiliser des bons de réduction ou se servir des promotions.

"Le mal-logement est une conséquence directe de cette cherté de la vie" estime Erick Fontaine, administrateur de la confédération nationale des locataires (CNL) et très impliqué dans le mouvement des Gilets jaunes.

Selon l'Insee, les dépenses globales liées au logement sont proches de celles d'un métropolitain, mais les loyers restent plus élevés à La Réunion (+ 5 %) notamment dans le secteur privé.

La question devrait être abordée au cours de la rencontre entre le chef de l'Etat et les représentants de l'Observatoire des prix, des marges et des revenus (OPMR) auxquels ont été intégrés 50 citoyens tirés au sort.

  • Toujours pas de remise à plat de l'octroi de mer

Souvent désignée par les Gilets jaunes comme étant l'une des principales raisons de la cherté de la vie, cette taxe frappe une grande majorité des produits importés. Ce qui a des répercussions importantes sur les prix dans une île relativement dépendante des importations.

Une grande partie du produit de cette taxe est reversée aux communes. Sa suppression ou sa remise à plat a été réclamée par les Gilets jaunes. Ce point pourrait être abordé lors de la rencontre du chef de l'Etat avec les représentants de l'OPMR.

  • Un Réunionnais sur quatre est au chômage

La question du chômage reste bien entendu cruciale sur l'île. Près d'un Réunionnais sur quatre est sans emploi. Chez les jeunes, les chiffres sont enocre plus inquiétant : 42% des jeunes actifs sont au chômage selon l’Insee.

Lire aussi : Un Réunionnais sur quatre est sans emploi

Certes, au deuxième trimestre, La Réunion a enregistré une légère baisse des demandeurs d'emploi. Fin juillet, la DIECCTE (Direction des entreprises, de la concurrence, de la consommation et de l'emploi) indiquait qu'on comptait 330 demandeurs d'emploi de catégorie A (sans activité, en recherche active) en moins.

La diminution des contrats aidés a encore aggravé la situation. Une crise s'est même profilée début septembre, lorsque l'Etat a demandé aux collectivités locales de ne plus faire signer de contrats en "parcours emploi compétence "(PEC). Il n'en restait plus que 1.500 de disponibles.

Quelques jours plus tard, lors de sa dernière visite à La Réunion, la ministre des Outre-mer Annick Girardin a annoncé l'octroi de 1000 PEC en plus des 11.000 déjà actés.

Les collectivités ont été temporairement rassurées. La question devrait être abordée au cours du séjour présidentiel puisqu'une séquence sur l'emploi est prévue à Mission locale de Saint-Paul.

Lire aussi : Contrats PEC : quand la précarité appelle la précarité

Le chef de l'Etat devrait s'exprimer sur les orientations qu'il compte appliquer en faveur de l'emploi à La Réunion. Il sera peut-être question du dispositif "zéro chômeur sur le territoire". La ville du Port a été officiellement sélectionnée pour bénéficier de la deuxième vague d'expérimentation de cette mesure. Depuis, les choses ne semblent pas avoir beaucoup évoluer.

Lire ausi : Lancement du dispositif " Zéro chômeur " au Port

  • Social, attendre, toujours attendre

Plusieurs projets avaient été annoncés par Annick Girardin face aux Gilets jaunes. L'allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA) par exemple, a bien été augmentée depuis, mais de 35 euros uniquement, contrairement à ce qui avait été avancé. Les 903 euros attendus ne devraient être atteints que début 2020. Les retraités voudront sans doute s'en assurer.

Idem pour l'allocation adulte handicapé (AAH), elle est toujours plafonnée à 860 euros et son augmentation est programmée au 1er novembre 2019.

Lire aussi : Bulletin scolaire d'Annick Girardin : peut (beaucoup) mieux faire

Le Reste à charge Zéro (RAC zéro), lui, ne prendra effet qu’au 1er janvier 2020, en ce qui concerne les lunettes. Pour rappel, cette mesure devait permettre un remboursement total des frais optiques, dentaires et des prothèses auditives. Pour les soins dentaires, il faut attendre un an de plus.

  • Qui va racheter Vindémia ?

La dernière grosse affaire économique en date porte sur le rachat de Vindémia, filiale réunionnaise de Casino gestionnaire des Jumbo et Score de l'île. Le groupe Bernard Hayot (GBH) s'est rapidement positionné sur ce rachat. Coût de la transaction : 219 millions d'euros. Les syndicats et les politiques s'inquiètent de la situation de "quasi-monopole" dans laquelle se retrouverait GBH, entité plus qu'influante à La Réunion. Pour échapper à cette situation, GBH a assuré que 4 des Jumbo seraient repris non par lui mais par la société Make Distribution.

Lire aussi : Rachat de Vindemia : des rapporteurs de l'Autorité de la concurrence à La Réunion début novembre

Le trio Leader Price – Leclerc – Super U a de son côté proposé une "alternative réunionnaise". Les deux projets de rachat seront analysés et jugés par l'Autorité de la concurrence. Des rapporteurs doivent d'ailleurs venir à La Réunion début novembre.

Dans un courrier commun envoyé il y a quelques semaines, l'ensemble des parlementaires ainsi que les présidents de la Région et du Département ont sollicité Emmanuel Macron "pour accompagner les élus locaux afin que des solutions soient posées dans l’intérêt seul et unique des Réunionnais et du développement harmonieux et équilibré du territoire".

Lire aussi : "Monsieur le Président de la République, La Réunion a besoin de vous"

Près de 2.000 personnes travaillent pour Vindémia à l'heure actuelle. Il sera donc question de la conservation des emplois, ce qu'a clairement réclamé Annick Girardin lors de son passage à La Réunion.

Lire aussi : Lancement d'une étude d'impact sur l'acquisition de Vindemia par le groupe Bernard Hayot

 

  • "La non prise en compte des spécificités locales" dans la réforme des retraites

A La Réunion comme en Métropole la réforme inquiète les syndicats. C'est notamment le cas de "l'âge pivot" impliquant de partir à la retraite plus tard si l'on souhaite toucher une pension complète. L'autre inquiétude concerne la retraite par points. Elle consiste à calculer le montant de la retraite pour les travailleurs du secteur privé sur l'ensemble de leur carrière.

Lire aussi : Réforme des retraites : on s'arrêtera de travailler (beaucoup) plus tard

Les seniors réunionnais sont plus nombreux que leurs homologues de métropole à connaître "un parcours professionnel à trous". Ils redoutent d'être lourdement pénalisés "par cette réforme qui ne prend pas en compte les spécificités locales".

Lire aussi : "Touche pas à ma retraite !", un rassemblement pour dire non à la réforme

  • Malaise dans la fonction publique

Les syndicats l'affirment : ce sont les agents de la fonction publique qui seront le plus impactés par la réforme des retraites. Adoptée en première lecture par l’Assemblée nationale le 28 mai dernier, elle a été suivie d'une large mobilisation nationale, reprise à La Réunion.

Les syndicats redoutent aussi les suppressions de postes - 120.000 sont prévues à l'échelle nationale -, la "privatisation du service public", le gel du point d'indice ainsi que "la non-évolution des carrières". Tous les secteurs sont concernés par cette inquiétude, comme les hôpitaux, marqués par la grève des urgentistes, ou l'Education nationale bien sûr avec le mouvement de protestation contre le projet de loi Blanquer.

Lire aussi : Les syndicats de fonctionnaires manifestent devant la préfecture

La visite du ministre de l'Education sur l'île en août dernier n'aura d'ailleurs pas suffi à calmer la grogne des syndicats enseignants, au contraire. Le "baccalauréat à la carte", la diminution des heures pour les lycées professionnels ou encore le manque de formation des enseignants pour faire face aux nouveautés de la rentrée s'ajoutent aux points de discorde.

Le récent suicide de Christine Renon, directrice d'école en métropole, n'a fait que renforcer les inquiétudes du corps éducatif concernant les conditions de travail des personnels des établissements scolaires. 

Lire aussi : Définissez l'intérêt de la visite de Jean-Michel Blanquer, vous avez quatre heures...

  • Quand le BTP ne va pas, rien ne va

La situation du BTP "est critique" a noté la Fédération réunionnaise du BTP début octobre. L'année 2019 "est la plus faible depuis 10 ans", concernant les constructions de logements sur les marchés publics. La FRBTP redoute un schéma similaire pour 2020.

Le Plan logement Outre-mer (PLOM) pourrait donner un nouvel élan au secteur, "mais encore faut-il tenir jusque là et ce sont les deux années à venir qui inquiètent particulièrement les chefs d'entreprises" souligne la FRBTP.

Lire aussi : BTP : 2019, l'année la plus faible en constructions publiques depuis 10 ans

  • Très chère Nouvelle Route du Littoral

Et impossible d'évoquer la situation du BTP à La Réunion sans évoquer la Nouvelle Route du Littoral. Bien que ce soit la Région, en tant que maître d'ouvrage, qui est particulièrement attendue sur le dossier, le chantier pourrait faire partie des discussions mises sur la table durant la visite du président de La République.

Car cette route, l'une des plus chères au monde, dépasse déjà de loin les 2 milliards d'euros au lieu du 1,6 milliard prévu, et la question des roches massives est toujours en suspens.

Lire aussi : Selon les transporteurs, "des andains il y en a partout, il faut juste les acheter"

Transporteurs, présidents des Conseils départemental et régional, groupement et préfet se sont réunis ce vendredi 18 octobre 2019 pour une table ronde afin de discuter de l'avenir de ce chantier.

A l'issue de cette réunion le préfet a publié un communiqué indiquant que "les participants se sont engagés à conduire le chantier à son terme dans les meilleurs délais possibles et à un coût acceptable par le maître d’ouvrage (Conseil régional). La digue de 2,7 km de Grande Chaloupe à La Possession sera construite en privilégiant les approvisionnements en ressources locales, incluant les andains et l’épierrage.

Une discussion entre le maître d’ouvrage et le groupement d’entreprises sera ouverte sous l’égide du secrétaire d’État chargé des transports, pour aboutir sous un mois à une solution opérationnelle. Les capacités financières et les contraintes juridiques du maître d’ouvrage seront prises en compte. Les propositions du groupement d’entreprises seront analysées".

Le soir de cette réunion Jean-Baptiste Djebbari, Secrétaire d'État chargé des Transports, a affirmé dans un communiqué : "je veillerai personnellement au bon suivi de cet accord d’avenir. L’ensemble des services techniques du ministère est mobilisé pour ce projet".

Il devrait accompagner Emmanuel Macron au cours de sa visite. Il n'a pas encoré précisé s'il rencontrerait les différents protagonistes du dossier NRL.

Lire aussi : Fin de la table ronde, la digue sera construite avec des roches locales

mm / mb / www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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3 Commentaires
Nathalie
Nathalie
4 ans

De beaux jours certainement pas car certains sont dans le collimateur de la justice et de Macron

ste suzanne
ste suzanne
4 ans

COMME c est indiquer sur la pancarte avec tous ses chefs d état on ne chie pas l or MAIS NOS CHERS ELUS CONTINUS A REMPLIR LEUR POCHE AVEC L ARGENT DU CONTRIBUABLE ET L ETAT FRANÇAIS ET ILS ONT ENCORE DES BEAUX JOURS DEVANT EUX

Australia
Australia
4 ans

Le président de la république devrait s'intéresser à ce dossier de plus près d'autant plus que des citoyens feront part à son cabinet ministériel des courriers pour dénoncer des voyages bat karé- des photos et autres .... voyons, voyons IMAZ PRESS !!!!