Municipales 2014 - Deuxième tour

Vers une recomposition du paysage politique

  • Publié le 31 mars 2014 à 09:32

Les municipales 2014 ont sonné le glas du parti communiste réunionnais qui a perdu en l'espace de quelques heures ses dernières communes, à l'exception de Sainte-Suzanne. Sont tombées Le Port et La Possession, communes jumelles dans l'histoire du parti, et avec elles les vestiges de l'ancrage populaire du PCR, dominanteur à la fin du XXe siècle ; sans oublier Saint-Louis, dont le destin était écrit avec la mise hors-jeu définitive - bien que tardive - de Claude Hoarau, par la justice.

Les causes de ce effondrement sont à chercher dans la nature-même du PCR, qui de "révolutionnaire" était devenu dynastique, tout entier voué au génie de son fondateur, Paul Vergès. Et c'est justement un problème de succession qui a précipité la désintégration du PCR, avec l'échec de l'Alliance de Paul Vergès à la Région, puis la fronde de Huguette Bello dès 2011 et 2012, la guerre ouverte entre celle qui aurait pu assumer l'héritage, et ceux qui pensaient préserver le système, et leurs petites affaires avec. Huguette Bello a tenté de conquérir le Parti faute de pouvoir en hériter en interne.

Et cette guéguerre fratricide a porté ses fruits, de façon paradoxale pour Mme Bello et sa "franchise" politique. Le PLR a pris Le Port de vive lutte en plaçant Olivier Hoarau en tête du second tout avec plus de 55% des voix, devant le candidat légitimiste, Henry Hippolyte alias Loulou, 34 % et des poussières.

Deux à tourner autour du presque-cadavre du PCR

Même victoire avec un peu plus d'engin à La Possession où la liste à tiroir de Vanessa Miranville-Gilles Hubert a cueilli le fruit mûr de La Possession et de son maire, Roland Robert, 77 ans dont 43 passés à la mairie… Las, pour Mme Bello, sa chute à Saint-Paul a anéanti sa stratégie de contrôle du grand Ouest et du TCO, dont elle s'était déjà assuré le contrôle par génie juridique.

Vanessa Miranville, en faisant visiter demain le bureau de Roland Robert, donnera à voir un local aussi vide que le devenir du PLR auquel elle s'était associée.

La quasi-disparition du PCR va laisser un grand vide dans le paysage politique réunionnais, tant ce parti a marqué l'histoire locale, pour le meilleur et pour le pire, faisant progresser la notion d'intercommunalité de façon novatrice, engageant une décentralisation avant même que celle-ci entre vraiment dans les mœurs politiques locales.

Par ailleurs, l'opposition au PCR et à Paul Vergès a permis à toute une génération politique de se faire les dents, les Virapoullé, Thien Ah Koon,Victoria… Et la gauche réunionnaise a été profondément marquée par la nécessité de composer avec le PCR, les Socialistes, bien évidemment - Annette l'a douloureusement compris lors de son premier mandat -  FreeDom aussi, qui s'est doucement fondu dans L'Alliance.

Depuis 2010, ils étaient deux à tourner autour du presque-cadavre du PCR, Huguette Bello et Thierry Robert. Ce soir le PLR a perdu une bataille d'importance, quand Thierry Robert, animateur de la "franchise" politique qui dépend de sa personne, le PLA ou "La Politique Autrement", se targue d'avoir avancé des pions et servi de béquille aux derniers candidats PCR. "Autrement" n'est pas un critère qualitatif. On peut faire de la politiquement autrement, mais pas mieux pour autant. Aucun ancrage idéologique ou philosophique n'est perceptible ou revendiqué par Thierry Robert. Venu du MoDem, un parti ambivalent et ambigu - à l'image de Bayrou - passé par  une alliance tactique avec Nassimah Dindar avant de s'associer avec le PCR, difficile de retrouver un brin de cohérence autre que tactique dans ce mouvement qui se donne pour cible la Région Réunion. Du marketing à l'état pur.

Merchandisation de la vie politique

Thierry Robert revendique sans ambiguïté sa vision de la politique, dans laquelle tout est relatif, la Droite, et la Gauche… mais se revendique du "Centre", ce qui n'est pas un mince paradoxe, sans même jouer sur un humour géométrique. M. Robert affirme faire primer les réalités locales sur les réalités partisanes, mais combine sur l'échiquier politique réunionnais des intérêts particuliers qu'il s'agit de faire converger dans une action commune sur la satisfaction d'une ambition politique.

La chute du PCR accentue la merchandisation de la vie politique réunionnaise, laissant place nette à une "droite" fantasmée dont les composantes sont en proie à des enchères permanentes, et le pseudo Centre de même, quand le parti socialiste, déjà divisé entre socialistes de la ville (Saint-Denis), et socialistes des champs - Le Progrès - peut difficilement invoquer une quelconque cohérence.

Le "manzé cochon", comme on dit en créole, a de beaux jours devant lui. En bon français on parlera de "real politik".

www.ipreunion.com

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1 Commentaires
dan run
dan run
9 ans

Nous avons à St Denis une élection par défaut avec à sa tête 1 PS
BELLO a été portée uniquement par les journaleux péi et la chute a été brutale , les sondages sonnés faux
Virapoullé, Thien Ah Koon ne rêvent qu'à faire partir de Didier ROBERT
Thierry Robert refait la politique 24/24h sans une direction précise
Nous lé mal barré , et je suis contre le système politique umps , FN , ...