Portrait social de la France

La politique de Macron profite aux plus aisés, c'est l'Insee qui le dit

  • Publié le 21 novembre 2019 à 02:59
  • Actualisé le 21 novembre 2019 à 15:58

Il s'était défendu d'être le président des riches. Pourtant, une récente étude de l'Insee portant sur le portrait social de la France indique le contraire. Selon cette étude, les mesures socio-fiscales mises en oeuvre en 2018 ont bénéficié le plus aux "personnes les plus aisées". "Ce résultat est principalement du fait des réformes qui concernent les détenteurs de capital", peut-on lire. Un constat qui passe mal en pleine célébration du premier anniversaire du mouvement des gilets jaunes. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Un gain sur le niveau de vie inégalement réparti

Selon l’INSEE, les nouvelles mesures de 2018 "augmentent globalement le niveau de vie" de +0,8%. Mais en y regardant de plus près, on peut observer que tout le monde n’y gagne pas de la même manière. "Le niveau de vie des 10% de personnes les plus pauvres augmente du fait des réformes mais les gains sont plus faibles que pour l’ensemble de la population", peut-on lire dans le rapport. Parallèlement, "10% des personnes les plus aisées bénéficient d’un gain en niveau beaucoup plus important que les autres", note l’INSEE.

Les mesures socio-fiscales de 2018, un jackpot pour les plus aisés

Remplacement de l’impôt de solidarité sur la fortune par l’impôt sur la fortune immobilière, mise en place du prélèvement forfaire unique sur les revenus du patrimoine, ces deux mesures phares de 2018 ont bénéficié à plein régime aux ménages les plus aisés. Et pour cause, "ces mesures sont ciblées sur les très hauts revenus", ce qui induit une hausse de niveau de vie "beaucoup plus marquée" pour les 10% de personnes les plus aisées. Ainsi, la transformation de l’ISF en IFI aura profité à près de 340 000 ménages pour un gain total de 3,4 milliards d’euros. La mise en place du prélèvement forfaitaire unique aura bénéficié à 4,3 millions de ménage pour un gain total de  1,3 millions d’euros.

A titre de comparaison, les mesures relatives au dégrèvement à hauteur de 30% de la taxe d’habitation et qui a profité à 18,3 millions de Français aura apporté un gain total de 3,1 milliards d’euros, soit moins que la réforme de l’ISF. "Les réformes des prestations intervenues en 2018 ciblent en priorité les personnes à bas revenus, mais elles engagent des masses financières moins importantes et se compensent en partie, d’où un effet plus limité sur les inégalités", justifie l’INSEE dans son analyse, prenant l’exemple des réformes des aides au logement qui diminue le revenu disponible des ménages de 270 millions d’euros.

Un faible gain pour les retraités

L’INSEE souligne dans cette étude que les retraités ont faiblement bénéficié des réformes socio-fiscales de 2018. La faute notamment à la réforme de la CSG dont les effets ont été très différents selon les ménages. La réforme fait 15,6 millions de ménages gagnants, mais aussi 10 millions de perdants, note le rapport. Le contraste est surtout très important selon le statut de l’activité. "La bascule des cotisations sociales vers la CSG conduit à une forte hausse du niveau de vie moyen au sein des ménages dont la personne de référence travail (gain moyen de niveau de vie annuel par personne de 200 euros). Au contraire, elle donne lieu à une forte baisse de niveau de vie au sein des ménages dont la personne de référence est retraitée (perte moyenne de 260 euros)."

Deux notes positives tout de même, les retraités ont pu bénéficier des réformes de l’ASPA (Allocation de solidarité aux personnes âgées) et de l’AAH (Allocation aux adultes handicapés) ainsi que de l’extension du crédit d’impôt pour l’emploi de salariés à domicile. C’est d’ailleurs l’une des seules catégories à sortir gagnante de cette extension avec un gain annuel moyen de niveau de vie s’élevant à 60 euros.

Macron, président des riches... ou pas ?

Il est important de noter que cette étude n’intègre pas les dernières mesures mises en place par le gouvernement, telles que la revalorisation de la prime d’activité, la défiscalisation des heures supplémentaires ou encore les 5 milliards de baisses d’impôts annoncées pour 2020. Des mesures mises en place en réponse à la mobilisation des gilets jaunes.

Un an après, cette étude risque de faire grincer des dents et faire naître un sentiment qu’au final, rien n’a changé et que ce sont toujours les plus riches qui en profitent.

Ce constat est d’autant plus criant à La Réunion où les indicateurs sociaux sont hors norme, avec 42% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté, près de 24% de chômage et une vie plus chère en moyenne de 37% sur l’île comparée à la Métropole.

A l’issue de la crise des gilets jaunes, plusieurs annonces avaient été faites spécifiquement pour La Réunion, telles que la nomination de 50 citoyens au sein de l’Observatoire des prix, des marges et des revenus à La Réunion, une opération transparence sur les prix des produits de grande consommation, ou encore une  baisse des prix du Bouclier qualité du prix. La Région avait quant à elle annoncé un gel de la taxe carburant durant 3 ans.

Malgré ces mesures, les Réunionnais ne cachaient pas leurs préoccupations et leur déception dans un reportage publié par Imaz Press Réunion avant la venue du président de la République sur l’île en octobre dernier.  C’est le cas de Victor, un gilet jaune, qui assurait que ce gouvernement "s'est surtout démarqué par ses actions de communication, mais derrière ça il n'y a rien de concret".

Lire aussi : Emmanuel Macron : "parfois les choses prennent du temps et il faut l'accepter"

Un constat que ne partage pas Annick Girardin, ministre des Outre-mer qui, dans un récent entretien accordé à Imaz Press Réunion, a défendu son budget 2020 pour les Outre-mer ainsi que l’action gouvernemental en faveur de ces territoires. "Je voudrais dire à ceux qui ne cessent de répéter que l’outre-mer n’est pas une priorité du gouvernement qu’ils se trompent", avait-elle insisté. 

Lire aussi : Annick Girardin : "il y a deux mondes : celui de la contemplation et du commentaire, et celui de l'action et des vérités"

www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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5 Commentaires
Franck
Franck
4 ans

OK d'accord bien que je vois que certains chiffres ont été sortis de leur contexte et n'ont rien à voir avec l insee et donc non officiel voir partisans de l opposition..Mais comment payer les aides, avec quel argent pourra t on continuer à payer si tous les riches vont ailleurs ?Car des riches il y en a de moins en moins et rare sont ceux qui reviennent. Quant à l isf dont le panier moyen est de moins de 1 500 000, il a toujours été décrié par ceux qui ne gagnaient pas grand chose mais qui avaient hérité ou dont la maison avait pris une valeur considérable comme sur St Gilles par exemple.

Tristan
Tristan
4 ans

Tous dans la rue le 5 décembre !

Daniel FAIVRE
Daniel FAIVRE
4 ans

Macron n'aimes pas les retraité pauvres ni les handicapées la fausse augmentation de L'ASPA c'est une arnaque, car avec 30 euros de plus ils perdent plus de 100â"¬ car ils n'ont plus les même droits aux aides santé, plus droit a la CMU C et a L'ACS ils sont obliger de payer une mutuelle santé très-très chère a la Réunion et la CAF et la CGSS envoies des milliers de demande de remboursement de trop perçu aux plus pauvres, mais ils refuse de rechercher les vrais tricheurs, qui détourne l'argent de la CAF et de la CGSS

Contribuable
Contribuable
4 ans

Donc leçon de mathématique présidentielle "La proportionnalité" selon macron : 3.2Mdâ"¬ de cadeaux à 120 000 contribuables les plus aisés = 1.5Mdâ"¬ de cadeaux à 14 000 000 de retraités et ceux pour lesquels les maths c'est du chinois, on peut aussi dire que 120 000 ménages vous avoir chacun en moyenne une baisse sur l'année 2020 de 26000â"¬ soit 1.5 fois le SMIC annuel et 14 000 000 de retraités vont avoir une baisse de 108â"¬. C'est une nouvelle théorie mathématico-économique = la MacroORiches-MicroOPauvres

Contribuable
Contribuable
4 ans

Et cela ne va pas s'arranger... concernant la baisse de prélèvements obligatoires (impôts particuliers et entreprise) dans la loi de finances pour 2020 : Au titre de cette réduction, 20M d'euros concerneront les ménages dont la moitié due au dégrèvement de la taxe d'habitation. Il est à noter que 3.2M d'euros de réductions concerneront le remplacement de l'ISF par l'IFI qui ne touche plus 120 000 contribuables (contre 358 000 soumis à l'ISF) et 1.5M d'eurospour l'annulation de la hausse de la CSG pour les 14 000 000 de retraités. Cherchez l'erreur...Les 10M d'euros restants de réductions concerneront les entreprises, notamment l'impôt sur les société (-4.4Mâ d'euros) et le CICE (-3.8M d'euros)