Municipales 2020

Mélis-mélos et grands écarts politiques

  • Publié le 29 janvier 2020 à 06:31
  • Actualisé le 29 janvier 2020 à 12:17

Plus les années passent, plus la politique semble perdre la boussole. Le clivage droite/gauche explose. Les ennemis d'hier se font de grandes accolades aujourd'hui, et inversement. Le PCR qui ne sait plus où donner de la tête. Bref entre mélis-mélos et grands écarts politiques, ces élections municipales de 2020 promettent encore un grand chamboulement de la carte politique réunionnaise (Photo rb/www.ipreunion.com)

- La mode du "sans étiquette" -

Il est loin l’affrontement bloc contre bloc entre la gauche et la droite. Depuis plusieurs années maintenant, ce clivage s’effrite, laissant une large place aux listes dites de "rassemblement". Paul Vergès, père de l’Alliance, et Nassimah Dindar, à la tête de " majorités zambrocal " au Département, ont été les premiers à lancer ce mouvement.

Visionnaires ? Génies ?  Ou simple opportunisme ? Quoi qu’il en soit, force est de constater que tous les discours politiques vont aujourd’hui dans ce sens. Du plus petit candidat aux plus médiatiques, tous défendent la nécessité de se rassembler : "travailler au-delà des clivages, dans l’intérêt de tous les Réunionnais". Se rassembler, oui, au-delà des clivages, oui, mais derrière eux ! Difficile alors de trouver l’unité prônée par chaque candidat.

Conséquences, les candidatures se multiplient et le clivage droite/gauche explose, en apparence. Car dans certaines communes, pléthore de candidats qui se présentent à ce scrutin viennent de la même famille politique comme à Saint-André ou à Saint-Paul où les droites sont particulièrement divisées. La gauche n’est pas en reste comme au Port où à Saint-Benoît où les candidats issus de ce mouvement comptent bien s’écharper.

Difficile de se retrouver alors dans ce méli-mélo politique, d’autant plus que les candidats semblent avoir trouvé leur carte maîtresse, le " sans étiquette ". Qu’ils soient de droite de gauche ou du centre, le "sans étiquette" est devenu à la mode, une manière de se faire une virginité, d’effacer tout un parcours politique historiquement orienté à gauche ou à droite, pour incarner comme il se doit le renouveau et le rassemblement.

- La plateforme de la droite et la gauche unie en girouettes -

Dans ce déferlement de "SE ", la "plateforme de la droite" peine à trouver sa direction. Alors que les élus de cette plateforme rayonnent de façon éclatante à Saint-Paul ou à Saint-André pour soutenir leurs poulains, Joseph Sinimalé et Jean-Marie Virapoullé, on ne les entend plus dès qu’il s’agit d’évoquer le cas de Saint-Denis où Nassimah Dindar sera opposée à Didier Robert, ou le Tampon où André Tien Ah Koon croisera le fer avec Nathalie Bassire.

La "gauche unie" semble elle aussi perdue. Là où  le rassemblement a été réussi derrière Huguette Bello à Saint-Paul et derrière Ericka Bareigts à Saint-Denis, il laisse songeur quand on voit la configuration des candidatures au Port (Olivier Hoarau, Firosee Gador, Sergio Erapa et Pierre Vergès) ou encore à Saint-Louis où Jean Piot sera soutenu par Huguette Bello face au secrétaire général du PCR, Yvan Dejean.


- Le PCR ne sait plus où donner de la tête -

Le cas du Parti Communiste Réunionnais est caractéristique de cette tendance au grand écart politique. Le parti fondé par Paul Vergès, historiquement ancré à gauche, semble aujourd’hui ne plus savoir où donner de la tête, donnant le sentiment de n’avoir aucune stratégie claire et de faire du " au cas par cas ". A Saint-Paul, le PCR s’est rabiboché avec le PLR d’Huguette Bello, une bonne initiative pour la gauche qui se retrouve alors unie face à la multiplicité des candidats de droite.

Dans la commune voisine du Port, c’est un tout autre scénario.  Le maire sortant Olivier Hoarau, PLR, affrontera son ancien adjoint, Sergio Erapa, mais aussi une candidate soutenue par le PCR, Firose Gador. Pour compléter ce trio, Pierre Vergès se lance lui aussi dans la bataille des municipales... sans le soutien du parti fondé par son père, Paul Vergès.

A Saint-André, le PCR qui avait fait gagner Eric Fruteau en 2008 se range aujourd’hui derrière Lépoldine Settama dont il semble bien difficile d’établir la filiation politique  avec le parti communiste. Quant à Eric Fruteau, il fera cavalier seul avec une liste " sans étiquette ", comme son ancien adjoint, Joe Bédier, lui aussi issu du mouvement communiste, qui sera présent dans la course à la mairie.

A Saint-Louis, l’ancien maire communiste Claude Hoarau n’a pas les faveurs du PCR qui préfère soutenir son secrétaire général Yvan Dejean. L’homme fort du PCR, un des artisans de l’alliance avec le PLR à Saint-Paul, n’aura néanmoins pas réussi à rassembler puisque Huguette Bello a d’ores et déjà apporté son soutien à Jean Piot, président du Mouvement Citoyen Réunionnais.

C’est à l’Etang-Salé que la démarche étonne le plus. Gilles Leperlier qui était pressenti pour devenir un des principaux leaders du PCR dans les prochaines années, et actuel directeur de cabinet du maire PCR de Sainte-Suzanne, Maurice Gironcel, vient de rejoindre Jean-Claude Lacouture, maire sortant de l’Etang-Salé. S’il s’agit d’une démarche personnelle de l’intéressé, cette posture donne une fois de plus à voir une véritable fragilité du PCR qui n’arrive plus à maintenir un cap clair et unitaire.

- Les ennemis d’hier se font des accolades, et inversement -

C’est un grand classique du jeu politique local. Les ennemis d’hier qui se retrouvent pour de franches accolades, alors que les amis d’hier se retrouvent désormais opposés.

A Saint-Leu, Bruno Domen, ancien fidèle de Thierry Robert, que tout semblait opposé au président de Région Didier Robert se retrouve soutenu par ce dernier, et ce, alors que ce soutien semblait promis à un autre candidat, Johan Guillou. Accolades, embrassades, sourires, tous les ingrédients étaient réunis le 18 janvier dernier pour les retrouvailles entre le président de Région et le maire sortant de Saint-Leu qui se sont ouvertement opposés sur plusieurs dossiers, notamment celui de la carrière de Bois Blanc. L’occasion pour Bruno Domen de lancer de nombreuses piques en direction de celui qui lui avait cédé le fauteuil de maire, Thierry Robert.

Dans le rayon des nouveaux maires qui tournent le dos à leur ancien maire, on peut aussi citer René Mondon aux Avirons. Fraîchement intronisé maire depuis deux ans, l’édile vient d’annoncer son soutien à Eric Ferrère, opposant de Michel Dennemont, dans la bataille des municipales aux Avirons, face à Roseline Lucas, qui est quant à elle soutenue par le sénateur. Une " trahison " que n’a pas digérée l’ancien maire qui s’est d’ailleurs fendu d’un communiqué.

A l’inverse, d’anciens amis se retrouveront opposés lors de ces municipales. A Saint-Denis, Didier Robert et Nassimah Dindar, qui furent, avec Michel Fontaine, les artisans des grandes victoires de la droite et du centre aux municipales de 2014, aux cantonales de 2015, aux régionales de 2015 et aux législatives de 2017, seront cette fois-ci adversaires.

A Saint-Paul, Joseph Sinimalé devra affronter les anciens élus de sa majorité, sa fille Sandra Sinimalé, Fabrice Marouvin, Yoland Velleyen, ou encore Erick Gangama. Saint-André sera aussi le théâtre d’affrontements entre anciens amis, Jean-Marie Virapoullé face à Sylvie Moutoucomorapoullé et Josette Vee, d’un côté, et Eric Fruteau face à son ancien adjoint Joe Bédier de l’autre. Même configuration à Saint-Louis où l’ancien maire Cyrille Hamilcaro croisera le fer avec son ancienne élue, Juliana M’Doihoma, à Saint-Benoît et à la Plaine des Palmistes où plusieurs anciens élus de la majorité tenteront de succéder aux maires sortants, Jean-Claude Fruteau et Marco Boyer.

www.ipreunion.com

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4 Commentaires
CHABAN
CHABAN
4 ans

Bon résumé des tribulations de nos alimentaires politiques.....

polopio
polopio
4 ans

Pour saint andré les projet d'avenir et une vision pour nos enfants dérange les autres candidats, qui promettent du changement , mais qui n'ont ni programme , ni idées, à 2 mois des élections i consulte la population : TROP TARD, raliement a tous va rien pour un peu pouvoir. Passez au dessus de vos comentaires impertinent , il a fait ces preuvres , admetez le.

Pascalstandre
Pascalstandre
4 ans

Pour résumé in vrai mangé cochon ti conseil allez voté exprime a zot i prend pas toute la journée sa laisse pa le zot choisi pou zot ou glisse out bulletin après sa pique nique peu importe mais i faut voter surtout pou arrete avec candidat voleur les dynasties les dinosaures aret avec sa !

Manu
Manu
4 ans

Pour certains, "S.E." ne veut pas dire "Sans Étiquette " mais plutôt: "Sans Espoir"!!! MDR