Air Mauritius

La grande toilette des avions

  • Publié le 11 juillet 2003 à 00:00

La qualité et le confort des vols à bord d'air Mauritius sont connus. Ce qui l'est moins par contre c'est l'autre face de ces vols, les procédures préparant les avions à voler dans les meilleures conditions de sécurité possible. Tout cet "avant vol" se passe dans les immenses hangars de la compagnie mauricienne sur le site de l'aérogare de Plaisance. Là, les avions sont démontés pièces par pièces et vérifiées à la loupe

Les 172 tonnes du Boeing 767 d'Air Mauritius sont posées bien à l'abri presque au milieu de 6 161 m2 de hangars (un autre hangar de 1 349 m2 est réservé aux moyens porteurs). Il a l'air un peu étrange cet avion. Au lieu de se trouver sous l'une des deux ailes, l'un des moteurs est posé sur une estrade un peu plus loin. Plusieurs rangées de sièges ont été sorties de la cabine et attendent sagement sous leurs housses de plastique au pied de l'appareil. Les "galets" - ces coin-cuisine-office où le personnel de bord préparent les boissons et les plateaux repas -, ont été démontés et entreposés dans un coin du hangar.

Une chaise dans le cockpit

Raide comme un sentier de grande randonnée, une échelle protégée par deux garde-fous, donne accès à l'appareil trois mètres plus haut. À l'intérieur, le spectacle est encore plus étrange. La moquette a été retirée, les rampes de lumières sont posées au sol. Dans le cockpit les sièges des pilotes ont été remplacés par des chaises en bois. "Et encore nous avons commencé à remonter le tout, mais à un moment l'avion a été entièrement démonté" sourit Jacques Gentil, directeur de la maintenance à Air Mauritius. "Il faut absolument en passer par là pour pouvoir tout vérifier" explique-t-il
C'est en effet, pour les besoins de la grande visite de contrôle que le Boeing 767 de la compagnie mauricienne a cet air si étrange. Intitulé visite de type C par la nomenclature internationale en matière de sécurité aérienne, ce contrôle est obligatoire toutes les 6 000 heures de vols selon les règlements internationaux. "Nos gros porteurs Airbus et Boeing volent en moyenne 4 500 heures par an la visite C a donc lieu tous les 16 ou 18 mois" note Nandkumar Chotuck, ingénieur à Air Mauritius.

Contrôle strict

La visite doit avoir lieu selon une procédure très stricte. Les recommandations du constructeur et "le service bulletin" font référence en la matière. Le second document recense tous les problèmes - du très grave au bénin -, qui se sont produits un jour dans le monde sur un appareil du type de celui en cours de visite C. et décline tous les contrôles obligatoires ou non à faire. "Nous même nous y ajoutons nos propres contrôles et si nous découvrons un problème pour la première fois, nous le signalons immédiatement au service bulletin" indique Jacques Gentil en examinant de près un pan de mur couvert de schémas et de croquis annotés. "Toutes les parties de l'avion se trouvent là, ce qui permet de rendre compte du contrôle au fur et à mesure" dit-il encore.

La sécurité n'a pas de prix

Car toutes les pièces de l'avion, de la plus petite à la plus grosse, sont littéralement examinées à la loupe. Le moteur est envoyé tous les 3 ans à Toulouse dans les ateliers d'Air France pour vérifications et réparations éventuelles. Le reste, tout le reste, est contrôle, étudié, testé. Toute défaillance est impitoyablement traquée.
Pour répondre aux normes internationales, certaines pièces, même en bon état, sont remplacées. Tel est par exemple le cas des portes séparant le poste de pilotage du reste de l'appareil. Depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, les règlements internationaux stipulent que ces portes doivent être blindées et à l'épreuve de balles. "Nous les avons donc remplacées à l'occasion de cette visite" remarque Jacques Gentil.
Environ 40 personnes sont affectées à cette grande toilette qui dure plus de 3 semaines. La tâche est lourde. Très lourde même. Mais ne dit-on pas que la sécurité n'a pas de prix...
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