Justice - Affaire Théo Hilarion

Deux gendarmes sur le banc des accusés

  • Publié le 23 juin 2008 à 00:00

Le 7 mars 1994, le docker Edmond - dit " Théo " - Hilarion est grièvement touché à l'?il par le tir d'un gendarme mobile lors de la répression d'une manifestation au Port Est. Ce lundi 23 juin 2008 s'ouvre le procès d'assises des deux hommes, le gendarme et son supérieur, impliqués dans le coup de feu. La fédération CGTR Ports et Docks s'est portée partie civile. Les accusés encourent jusqu'à 15 ans de réclusion criminelle. La victime a définitivement perdu l'usage de son ?il

Pour Rémi Boniface, avocat de la victime, ce procès, que beaucoup ont voulu empêcher ou retarder, est " l'épilogue d'un long feuilleton judiciaire ", déjà une " victoire pour Théo Hilarion ". Le malheureux docker, qui ne se souvient de rien, espère que les différents témoins présents lors du drame lui permettront de connaître enfin la vérité. " Mon client n'a pas de haine dans son c?ur, explique Rémi Boniface, mais une attente immense pour que la vérité et la justice apparaissent. "

Une journée noire pour les dockers, un trou noir pour Hilarion

Pour rappel, le docker fut victime, le 7 mars 1994, d'un coup de feu venu de la ligne des gendarmes mobiles dressée face aux manifestants, en grève suite au non-respect du protocole d'accord sur la mensualisation. Ce jour-là, une délégation s'apprêtait à reprendre les négociations quand les gendarmes se sont mis à tirer sur les salariés.
Les syndicalistes, venus en nombre ce lundi assister au procès et soutenir Hilarion, espèrent enfin obtenir des réponses aux questions qu'ils se posent depuis cette journée qui a beaucoup " destabilisé la profession " d'après Michel Séraphine, responsable de la fédération CGTR Ports et Docks : pourquoi les gendarmes étaient-ils là ? Qui a donné l'ordre de tirer et pourquoi ? Enfin, comment se fait-il qu'une arme normalement interdite dans les opérations de maintien de l'ordre, en l'occurrence un fusil à pompe, chargée qui plus est d'une balle " expérimentale " destinée à perforer des portes blindées, ait été utilisée ?

De nombreux mensonges et inexactitudes à démêler

Dans le box des accusés, comparaissent l'ex-adjudant chef Alain Michelot, et
le capitaine Charles Gamet, aujourd'hui lieutenant-colonel. Le second aurait donné l'ordre de tir au premier. Des faits que le commandant Gamet nie formellement. " Il est certain qu'il demeure aujourd'hui des mensonges, déclare Rémi Boniface. Le seul fait que Michelot et Gamet continuent d'avoir des positions opposées prouve qu'il y a d'autres mensonges. J'espère que la vérité va se faire jour ".
Quant à Alain Michelot, il persiste à affirmer qu'il a agi sur ordre de son supérieur mais avoue qu'il s'est trompé quant au choix des munitions. C'est un appel anonyme qui, en 1995, informe le juge d'instruction en charge du dossier du déroulement précis des faits. Mais il faudra encore 13 ans pour que les deux hommes soient enfin jugés. La faute aux entraves de la gendarmerie et aux nombreux appels que l'officier Gamet a interjetés devant les différentes juridictions.
La première journée de procès est consacrée aux enquêtes de personnalité des deux accusés. Ce mardi 24 débutera l'examen des faits tandis que les premiers témoins seront auditionnés mercredi. Le procès doit durer cinq jours avec un verdict attendu pour vendredi 27 au soir.
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