Entre tradition et mode

Aux chapeaux, chapeau bas

  • Publié le 6 septembre 2009 à 00:00

Chapeau ? Quel gramoun se priverait de son chapeau en ces mois d'été ? Les Réunionnais ont su conserver cet art du paraître. Même les plus jeunes n'hésitent plus à afficher leurs têtes couvertes. Du chapeau à la casquette en passant par le bob rouge jaune vert, le Réunionnais porte fièrement son couvre-chef.

Qu'il est loin du temps où les hommes se découvraient la tête face aux dames et demoiselles. Les us et coutumes ont certes évolué, mais les Réunionnaises et les Réunionnais gardent leurs têtes à l'abri du soleil, de la pluie, peut-être même des mauvais esprits, tout en gardant un ?il avisé sur la mode du moment.

Un chapeau est un choix de précision. Chapeau pour tous les instants, couvre-chef pour grandes occasions, casquettes au style quasiment clanique, c'est un accessoire de tous les jours. Cela donne d'ailleurs des expressions assez personnelles dans la langue créole réunionnaise. Qui arbore un "shapo la rou loto" porte fièrement le chapeau noir à larges bords. Le "shapodform" est quant à lui le chapeau plat à calotte, tandis que le "shapo la klosh" présente une forme de cloche sur la tête. Et n'oublions pas la kaplin, le chapeau réservé aux femmes. Comme son homonyme masculin, il sait être de fête, de sortie, de travail. Il sait aussi se parer de rubans,

Bon à savoir, le shapodkaz n'est pas un couvre-chef, mais tout bonnement un patin à porter sous les pieds. En fait, c'est un vieux chapeau de feutre utilisé comme patin dans la maison pour éviter de rayer les parquets cirés. Le chapeau utilisé à la maison est le shapo-la-kaz. On distingue aussi le shapo-bidon (haut de forme), le shapo zoro (le chapeau de Zorro), le shapo koboy le chapeau de cow-boy), le shapo d'fèt (le chapeau de fête), le shapo-la-pay (le chapeau de paille), le shapo travay (le chapeau de travail), le shapo zarab (la calotte), le shapo zakari (le canotier).

Les jeunes réunionnais portent plutôt des casquettes, parfois des bérets. La large majorité d'entre eux laissant les chapeaux pour les gramouns. Mais parfois, au coin d'une rue, ou lors de manifestations diverses, on rencontre quelques jeunes têtes sous un chapeau de feutre, voire même un panama. Ça fait classe. Ces jeunes n'y voient aucun lien traditionnel avec leurs anciens, mais plutôt une adhésion à une mode, à un style branché, à un mouvement.

Mais bon, il faut reconnaître que les jeunes préfèrent la casquette, à part le ségatier Jean-François Dal's. En parlant de personnalités, observez qu'ils sont nombreux à paraître avec leur chapeau. Madame Aude, Johnny Guichard, Tony Manglou, Michel Admette, Monsieur Météo, Jean-Yves Minatchy, Françoise Guimbert, Firmin Viry, sans oublier notre regretté Maxime Laope, qui ne sortait jamais sans son feutre.

Est-ce à dire que La Réunion est l'île des chapeautés. Dawar !
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