La Réunion au patrimoine mondial de l'Unesco

"Le plus dur est à venir"

  • Publié le 6 août 2010 à 10:50

L'inscription des "Pitons, Cirques et Remparts" de La Réunion au patrimoine mondial de l'Unesco était un obstacle de taille à franchir. Néanmoins, "le plus dur est à venir", a souligné Daniel Gonthier, président du Parc National, lors d'une conférence de presse organisée ce vendredi 6 août 2010 à l'occasion du retour de la délégation réunionnaise de Brasilia. Préservation du site, travail d'éducation de la population réunionnaise et mise en place d'une politique touristique en adéquation avec les exigences de cel label, tel sont les défis que devront relever le Parc National, les collectivités, les scientifiques, les professionnels du tourisme et plus généralement les Réunionnais.

C'est au son du maloya que la délégation réunionnaise menée par Daniel Gonthier a été accueillie à l'aéroport Roland Garros. Les différents partenaires du Parc National, les représentants de l'Etat et des collectivités locales étaient présents pour saluer et féliciter cette délégation. Malgré la fatigue, les membres de la délégation sont restés pour apprécier le spectacle et s'exprimer sur les conséquences du classement au patrimoine mondial de l'Unesco.

"Ce classement a été fait sur 2 critères", rappelle Bertrand Galtier, directeur régional de l'environnement, à savoir le caractère "spectaculaire" de ses paysages et de ses forêts et la richesse de sa biodiversité. En classant les "Pitons, Cirques, et Remparts" de l'île au patrimoine mondial, "les membres de l'Unesco ont émis 3 recommandations", indique Bertrand Galtier. "Nous sommes appelés à construire une stratégie touristique qui prenne en compte ce bien. La charte du Parc (ndlr : outil clé pour la gestion de cet espace protégé) devra être adopté pour 2011. Et nous sommes invités à lutter contre les espèces invasives qui menacent notre biodiversité", énumère le directeur régional de l'environnement. L'Unesco a également proposé la création à La Réunion d'une "Fédération des biens au Patrimoine mondial des Mascareignes".

Pour respecter ces recommandations, le Parc National prévoit de "travailler avec l'ensemble des partenaires", notamment l'Etat, collectivités locales, l'Ile de La Réunion Tourisme, les professionnels du tourisme et plus généralement les Réunionnais. Face aux craintes exprimées par la population, le discours se veut rassurant. "J'entends qu'on va sanctuariser le Parc. Ce ne sera pas le cas", insiste Daniel Gonthier qui promet notamment d'être "à l'écoute des Mafatais". "J'ai vu leur inquiétude. Je les comprends. Je veux leur dire que le Parc National n'est pas celui qui bloque. Nous allons tout faire pour que Mafate puisse se développer et se moderniser", promet-il, en faisant allusion au développement du photovoltaïque.

Le Parc National souhaite aussi privilégier la pédagogie auprès des Réunionnais. "Ce classement va créer des contraintes mais les avantages sont bien supérieurs", souligne Daniel Gonthier qui évoque ses retombées économiques et touristiques. Région et Département ont d'ores et déjà annoncé qu'un travail d'éducation à la protection de ce bien classé serait mené dans les établissements scolaires. Plus largement, une campagne de communication devrait être lancée pour sensibiliser les Réunionnais à la nécessité de respecter ces zones. "Il y a une culture patrimoine mondial à adopter. Cela prendra quelques années mais nous y arriverons", affirme le président du Parc, confiant.

Quant aux professionnels du tourisme, ils espèrent que ce classement n'aura pas de conséquence sur leur activité. "Il y a la préservation de la biodiversité. Mais il y a aussi des gens qui veulent continuer à travailler", explique Gérard Breysse, président du syndicat des professionnels de l'animation et des loisirs. "Nous sommes prêts à nous mettre autour de la table pour discuter d'éventuelles adaptations", ajoute t-il. Il va même jusqu'à proposer "un partenariat entre le Parc et les professionnels du tourisme" pour sensibiliser la population réunionnaise. Jacqueline Farreyrol, présidente de l'IRT, a quant à elle confirmé que la structure se penche sur la politique à mettre en ?uvre pour développer un tourisme respectueux de ce bien. Enfin, la Région a annoncé que "plusieurs millions d'euros" seront débloqués "prochainement" pour le réaménagement et la sécurisation des sentiers actuellement fermés.

"C'est unis que nous pourrons relever ce défi", réaffirme Daniel Gonthier qui a rendu hommage à deux "moteurs" qui ont fait la renommée des paysages réunionnais, le défunt botaniste Thérésien Cadet et le géographe René Robert.

Mounice Najafaly pour
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